GLMFMM Bulletin : Khalam 06/2010

Le principe féminin
au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm


Le principe divin Féminin est le concept d'une mère du Monde. Entité unique portant en elle la semence masculine et féminine créatrice, la Mère est Une tout en abritant la dualité. Dans ce principe, la femme est ainsi pla­cée au centre de tous les mys­tères de l'Univers, et c'est elle qui anime les cultes de la Déesse- Mère dispensatrice de vie et organisatrice du Monde créé.

Ce principe, un mythe ? Non, durant des millénaires et dans la plupart des civilisations antiques, le principe divin a été féminin, et plus précisément maternel. C'est ainsi que le concept d'une Mère du Monde, Grande Intelligence Primordiale autant que démiurge, a dirigé la spiritualité humaine durant la première partie de l'his­toire de l'humanité.

Dans toutes les régions de la planète, nous trouvons les ves­tiges préhistoriques du Principe Féminin spirituel à travers une multitude de déesses et de grandes prêtresses qui, de sur­croît, étaient assimilées à l'éner­gie transcendantale qui gouverne tous les mondes.

Dans ces systèmes religieux “La Mère du Monde” ou “Déesse Suprême” gouvernait tous les plans cosmiques : ciel, terre, eaux et tous les aspects de la vie : végétaux, animaux, hu­mains.

Les divinités masculines appa­raissent beaucoup plus tardive­ ment et elles seront le fait quasi exclusif de l'influence indo-européenne dans l'hindouisme et les régions du bassin médi­terranéen en particulier.

C'est à la fin de l'ère néoli­thique que la Grande Déesse Mère Universelle commence à partager ses attributs avec ses parèdres masculins. Les divini­tés masculines l'emporteront en­suite, imposées par les mœurs belliqueuses des Indo-Euro­péens (Grecs et Romains) et les Scandinaves.

Les traces de ces cultes féminins originels sont innom­brables, et pour étayer notre propos, nous pouvons en évo­quer quelques-uns en traitant celui de notre mère l'Égypte de manière spécifique.

À Rome, l'Institution des Ves­tales est une survivance et une réminiscence du culte solaire féminin originel dans le culte de Vesta qui possède le feu bien­veillant.
Dans la théogonie grecque d'Hésiode, Gaia est la première à surgir du chaos primordial. Cette déesse de la terre engen­dre elle-même Ouranos: le ciel, dont elle est l'égale.
Dans le Sanctuaire d'Eleusis, Demeter et sa fille Core mani­festent la fonction spirituelle de la création et les mystères de la vie éternelle. Dans la tradition grecque primitive, Gaia et Hera
sont deux déesses ayant le pouvoir, comme la vierge Marie plus tard, d'engendrer par elle- même, sans intervention mas­culine. Leurs enfants nés ainsi seront doués de pouvoirs extra­ordinaires.

Les celtes vénéraient Brigit, déesse inspiratrice céleste qui devint ensuite une sainte catho­lique. Son nom souligne son rang cosmique primordial puisqu'il signifie : “la très haute” ou “la brillante”.

Dans la mythologie scandi­nave, c'est la déesse Sol qui tire le char du soleil et qui pos­sède ainsi le rôle de l'Apollon grec, et c'est son frère qui est le dieu ... de la lune.

Au Japon, la principale divi­nité est Amaterasu-Omi-Kami, déesse du soleil ancêtre du clan impérial, tandis que ses deux frères sont les dieux de la lune et de la mer.

Pour l'Égypte antique où plu­sieurs cosmogonies ont existé, un dieu mâle y tient la place essentielle, mais il est à la fois “Père et Mère”. Le Ciel lui- même est de nature féminine puisqu'il est représenté par la déesse Nout, et que son époux Geb est la Terre. Les valeurs
qui sont aujourd'hui les nôtres étaient ainsi totalement inver­sées.

Dans l'avènement de ce qui s'appelle aujourd'hui la chré­tienté, seuls les intégristes s'aventureront encore à occul­ter le caractère dual du rôle tenu de manière indissociable par Jésus et Marie de Magdala. Pour les premiers adeptes de la Gnose, dont le Christ Jésus est un pur disciple, la plus impor­tante des entités célestes venue pour libérer l'Homme de la gangue terrestre est : la Mère, celle qui octroie les cinq sens spirituels nécessaires à la Réalisation de l'Homme incarné en recherche. L'évangile gnos­tique intitulé Le livre secret de Jean nous apprend ainsi que sans la Femme qui lui est attri­buée, l'Homme ne sera jamais initié et il ne pourra jamais rejoin­dre Le Père, et sans l'Homme qui lui correspond, la Femme n'aura pas accompli l'œuvre qui lui est attribuée et elle ne pourra rejoindre La Source.

Cette Loi fondamentale des nécessaires Syzygies spirituelles pour la réussite de l'Œuvre est cryptée de manière universelle dans tous les grands mythes de L'Humanité : Osiris et Isis, Indra et Indrani, Attis et Cybèle, Jésus et Marie Magdeleine, Simon et Hélène, Merlin et Viviane, Dante et Béatrice...

Ainsi, nos Rites Égyptiens constituent un maillon important de cette chaîne ininterrompue de la Connaissance. Cette chaîne se perpétue et il nous appar­tient de la respecter lors des transmissions initiatiques du Rite dont notre Ordre maçon­nique est le dépositaire.

Solange Arrighino,
Vénérable Maître,
Respectable Loge Le Sanctuaire de l'arche d'Hathor,

Orient de Pointe Noire, République du Congo

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 31 - Juin 2010

K031-2 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \