GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 1T/1972 |
Suite de l'article....….P005-3 PythagoreTel est l'essentiel
de ce que Pythagore ramena d'Orient en Hellade, avec la foi en l'immortalité
de l'âme, la valeur magique du Verbe, de la forme, du signe, du symbole, du
rite, du rythme, de la sensation, la foi aussi en l'utilité des régimes
théocratiques, « aussi éloignés du gouvernement d'un seul que de celui de la
foule aveugle
Chacun sait que ce
qu'enseignait cet incomparable génie, plus de cinq siècles avant notre ère,
requérait des années d'études pour ses adeptes. SA COSMOGONIEIl disait en
substance: La naissance du
Cosmos, formé de matière et d'énergie, n'est pas une création tirée du néant,
mais une transformation partielle du chaos : Univers-Espace-Temps illimité, en
une manifestation ordonnée, pour nous concevable en « acte » dans notre Espace-
Temps limité. Or, un acte est un
rapport des forces, c'est-à-dire un point commun, une limite, un nombre, et
sans lui rien ne serait. Plus encore, rien
ne peut être si l'acte, quoique étant, n'est pas lui-même conduit selon une loi
et en vue d'une harmonie. Sans doute
convient-il d'illustrer d'un exemple concret à échelle réduite cette théorie
dont certains peuvent craindre l'abstraction apparente : Supposez alors le
rapport entre un œil et une lumière ; il faut que ce rapport soit harmonieux
pour subsister ; si la lumière est trop grande, ou la vue trop faible, la
sensation en sera anéantie. Si, dès la
manifestation cosmique, l'acte est nécessairement nombre et harmonie ; le
nombre est la mesure, la limite des contraires, principes nécessaires de toute
existence et de toute pensée. De ces prémices
découlent logiquement toute la doctrine religieuse, toute la philosophie,
toute la science, toute la morale, toute la politique et toute la règle
artistique pythagoricienne, autant dire, ainsi que nous espérons le démontrer
plus loin, tous les fondements de notre civilisation occidentale. L'existence du
monde étant basée sur l'harmonie des nombres, c'est-à-dire l'harmonie des
contraires, c'est-à-dire encore l'harmonie de tout ce qui est créé dans le
Cosmos, quand l'harmonie s'évanouit, les corps se dissolvent ; l'harmonie est
donc la loi de la vie. SA PHILOSOPHIEC'est pourquoi,
pour Pythagore et ses disciples, le nombre était tenu pour ce qu'il y a de plus
sage et l'harmonie pour ce qu'il y a de plus beau. Pour eux, la vie de
l'âme ou la vie du monde, la physique, l'astronomie, la géométrie, la
médecine, la sociologie, la morale, la danse, les exercices du gymnase, tout
aussi bien que les sons aigus de la flûte du berger devant la mer tyrrhénienne,
ou la phénoménale symphonie qu'ils percevaient du roulement des astres dans
les profondeurs immenses du ciel, tout procédait de la même harmonie nécessaire. Ils définissaient
la réalité : l'apparence du nombre et « par cette affirmation, ils ont propagé
dans le monde les bases d'un idéalisme qui n'a jamais cessé depuis sa carrière
triomphante, de Platon à Cicéron, de Posidonius d'Apamée à saint Augustin, des
Esséniens aux Gnostiques et aux Sextiens, de Dante à Cardan, de Bruno à Spinoza,
de Leibniz à Kant, de Schelling à Bergson, Cantor, Einstein, Schrédinger et de
Broglie ». Si donc tout dans
la nature, et la nature elle-même, obéit à un ordre, à une loi, dont le nombre
est la forme et la mesure, cette loi constante, qui se manifeste en tout être
et dans tout phénomène naturel, qui en est la condition nécessaire et
universelle, en est aussi, selon Pythagore, la cause, le principe, la
substance, l'essence. Or, tout nombre
étant engendré par l'Un, père du nombre, l'Un est le principe universel. La science des
nombres est donc la science des choses et la philosophie se ramène à une
mathématique qui, seule, donne la méthode, la forme et la solution de la science. Bien plus tard,
Malebranche remarquera que « la notion de nombre constitue la mesure commune de
toutes les autres choses que nous pouvons connaître ». C'était le langage même
de Pythagore. Disons que la
langue des nombres est la langue des idées, des pensées, de la connaissance,
par opposition à la langue des sentiments qui ne peut s'exprimer que par des
mots. Sans doute est-ce
pour cela que Pythagore affirmait, dit-on, que le nombre ne ment pas et qu'il
est vérité. Certes, il est, par
lui-même, une seule et même chose, susceptible à la fois d'une signification
concrète de quantité ou de valeur et d'une signification abstraite de qualité
ou d'idée. On comprend, dès
lors, que, dans l'enseignement initiatique de tous les temps, le nombre ait été
choisi comme le symbole le plus précieux, en raison de sa précision, de sa
simplicité, de son universalité. S'il parait pouvoir
se plier à des interprétations différentes, toutes ne peuvent que se rattacher
à une même idée fondamentale, parce que le nombre a, lui-même, une valeur
propre qu'il communique à l'objet. Le nombre, essence
même de toute chose, est la forme exprimée mathématiquement : Voilà le Credo
de Pythagore. Mais le philosophe
grec ne s'était pas contenté d'étudier les nombres en eux-mêmes, « in abstracto
», il avait voulu tout vérifier et tout mesurer, il avait porté partout le
calcul mathématique et voilà que des rapports inconnus jusqu'alors, mais
confirmatifs de sa foi, lui étaient aussitôt apparus de tous côtés : en
musique, entre la sensation produite par la note et le nombre qui représente la
longueur de la corde sonore ; en géométrie, entre la sensation qui résulte de
la forme visible et le nombre qui traduit cette forme. De pareilles
constatations lui confirmaient que la matière n'était rien sans le nombre et
l'harmonie, car l'être n'étant qu'un rapport, et donc un nombre, et cet être
étant composé d'éléments dissemblables rapprochés par un principe qui leur
donne vie et action, ce principe nécessaire d'unification ne pouvait être que
la loi absolue de l'ordre harmonieux, dans le monde physique comme dans le
monde moral. C'est ainsi que, 19
siècles avant Copernic, il avait calculé, sur la base de la décade
représentative de l'ordre parfait, que la terre, sphère en mouvement autour du
soleil, accomplissait sa rotation en 24 heures et sa révolution en une année
naturelle de 364 jours et demi, selon un plan incliné sur l'équateur. De même, partant du
Septenaire, il avait établi, par l'étude des phases de la lune, de remarquables
calendriers astronomiques et nautiques. Connaissant les
lois de l'harmonie musicale et postulant que l'astronomie n'était qu'une
musique céleste, il disait qu'il suffisait de connaître les lois de l'octave
pour connaître, par-là même, et les distances et les vitesses des astres. Ainsi l'harmonie
des sphères n'était pas pour Pythagore une simple métaphore. C'est donc à cet
homme que le monde de l'Occident doit, par la conséquence logique de tout ce
qui peut être créé à partir du nombre, l'enseignement des proportions mathématiques
et de la propriété du triangle rectangle. SON ENSEIGNEMENT - 1Nous allons dire
par suite de quelles circonstances : Les disciples de
Pythagore formaient une Société fermée et
fortement constituée, une communauté
liée par le serment du secret, une confraternité
initiatique où « tout n'était
pas communiqué à tous », un Ordre
hiérarchisé, spéculatif et militant,
essentiellement
fondé sur l'existence d'une Puissance suprême et unique,
créatrice et
ordonnatrice de l'Univers, sur l'immortalité de l'âme et
le jugement dernier,
l'amour des créatures, le renoncement, l'examen de
conscience, la punition des
fautes et des péchés, ces violations de la loi
d'harmonie vitale. Cet Ordre connut un
triomphe qui, pour son malheur, s'étendit hors du domaine ésotérique. Dès lors
une sorte de terreur jalouse, génératrice de haine, s'empara de certains, qui
ameutèrent, contre lui, la foule aveugle. Il fut démembré par la violence et
ses adeptes pourchassés se dispersèrent. Cette diaspora eut
pour effet de faire refleurir en des lieux différents des rameaux replantés du
vieil arbre pythagoricien ; rameaux de qualités inégales, selon le degré
d'initiation reçu par l'adepte émigré • rameaux, encore, que, dans leur
isolement, le secret de l'Ordre détruit ne protégeait plus de l'indiscrétion
profane. On peut ainsi
imaginer comment se diffusa la doctrine pythagoricienne, comment elle put
nourrir les « idées » de Platon tout autant que les formules aristotéliciennes,
comment aussi l'accueil enthousiaste que lui fit l'esprit étrusque put la
placer à la base même des futures institutions romaines, harmonieusement
assises sur la triple notion de l'aristocratie, du pontificat et de l'ordre
juridique. Or, tout autant que
l'élite grecque ou le patriciat romain de la République et de l'Empire,
Alexandrie, capitale intellectuelle et scientifique, s'ouvrit aux enseignements
pythagoriciens et les répandit en Judée, notamment dans les sociétés de
thérapeutes et plus encore dans la confraternité secrète des Esséniens. Ainsi, au centre
comme au sud de la Méditerranée, les métropoles du monde antique, pendant cinq
siècles avant notre ère, avaient connu et pratiqué les enseignements de
Pythagore si appropriés à leurs besoins spirituels. Dès lors, par ces
auteurs romains, grecs, alexandrins et juifs, et plus tard par les livres de
saint Augustin, par les sectateurs de la Cabbale et de la Gnose, l'essentiel
des doctrines métaphysiques et mathématiques de Pythagore fut transmis de
siècle en siècle dans tout l'Empire Romain, à l'Occident comme à l'Orient. L'ORGANISATION Mais peut-être plus
encore que par ces théoriciens, les doctrines pythagoriciennes de mathématique
appliquée furent conservées et transmises, sous la forme de secrets de famille,
par les corporations d'artisans constructeurs. Nous en trouvons la
confirmation dans plusieurs textes légaux de l'Antiquité. Nous citerons, à
titre d'exemple, un texte du Code de Théodose, qui exempte les architectes de
toute charge personnelle, « afin qu'ils puissent plus aisément apprendre à
leurs enfants et disciples la pratique de leur art ». Vient ensuite la
décadence de l'Empire Romain et la nuit du Haut Moyen Age. L'art de la
construction comme toute la civilisation connaît alors une longue éclipse. Mais à l'époque
carolingienne et au commencement de l'époque romane, nous assistons à un
prodigieux essor de l'architecture religieuse, et ce fut l'occasion de vastes
réunions d'Ateliers ou Loges de Maçons. Les connaissances
architecturales de ces derniers furent augmentées par les recherches et le
savoir des moines bénédictins, lesquels non seulement conservèrent ou
retrouvèrent les textes mathématiques de l'antiquité grecque ou alexandrine,
ainsi que le traité d'architecture de Vitruve, mais encore nous transmirent,
d'une part la mystique pythagoricienne des nombres, d'autre part la géométrie
des solides platoniciens et de leurs corrélations harmoniques. Ainsi, les Loges de
maçons et tailleurs de pierre reprirent, avec le chemin de leurs chantiers
répandus sur l'Europe comme sur tout le pourtour de la Méditerranée, leurs
antiques traditions dans un savoir plus vaste. Le symbolisme
initiatique des outils de la profession d'architecte et de maçon acquiert dès
lors une clarté nouvelle due aux secrets géométriques transmis par les Maîtres
du savoir. Au-delà de son
attribution d'objet utilitaire, l'outil se transmue en outre en symbole : dès
lors, tel instrument de tracés angulaires, l'équerre, pourra évoquer le fini,
le limité, le connu, le concret, le contingent, le transitoire, la terre ;
tandis que tel autre, le compas, servant aux tracés circulaires, pourra, au
contraire, évoquer l'infini, l'illimité, l'inconnu, l'abstrait, l'éternel,
l'espace, le ciel. Mais, et c'est une
observation riche de sens, nos Maçons philosophes les tiennent intimement
unis, car ils savent bien que les contraires ne sont qu'un aspect momentané de
l'Unité suprême, un moyen de ne la diviser un instant que pour la conjoindre
aussitôt et, de ce contact reconstitutif, faire sourdre l'énergie créatrice. Cette unité
suprême, cette conjonction nécessaire de ses aspects contraires, voilà ce que
leur symbolique n'a jamais oublié. Aujourd'hui comme jadis, la Loge s'illumine
de cette triple représentation essentielle ; autrement, toute sa filiation
avec la tradition la plus antique des sages de l'humanité en serait détruite. Le fait est que la
pensée pythagoricienne n'a jamais cessé de poursuivre sa voie pendant tout le
cours du Moyen Age, de la Renaissance et des Temps modernes. Et lorsque Hegel
dit « Tout est relatif, tout est devenir, changement, mouvement, tout est
rapport... », ne croit-on pas entendre tout à la fois la voix même de Pythagore
et celle de la science moderne et mieux comprendre la boutade de Bertrand
Russel : « Le plus
remarquable du caractère de la science moderne est son retour vers la pensée de
Pythagore. » Certes, la
science moderne, « en dégageant une image du monde physique où la structure
seule compte, en établissant une philosophie de la forme, du rythme et de la
périodicité, a de nouveau mis en lumière que le nombre, et non la substance,
est la seule réalité. Il reste peu de chose de l'ancien substratum matériel du monde, sinon la forme et le rythme. »Mais fermons cette
parenthèse et revenons à nos maçons, héritiers laborieux du savoir
pythagoricien et, à travers lui, de la science du sacerdoce égyptien, sinon
même d'une science plus ancienne et que, pour ma part, je dirais volontiers
atlantidienne ; mais ceci serait une autre histoire... L'ART DE CONSTRUIRE Mais pourquoi, me
dira-t-on, parmi tant de corps de métiers, sont-ce les maçons qui, à votre
opinion, auraient été le prestigieux véhicule de la tradition spirituelle de
l'humanité ? L'explication en est
bien simple. Qui veut pratiquer
l'art de construire doit connaître et respecter les lois régissant l'équilibre
et l'harmonie, hors desquelles rien de durable ne saurait être érigé. Ainsi,
l'architecture, déjà fille des mathématiques, de la cosmogonie et de la
métaphysique, procède encore, notamment, des études sur la nature des éléments,
la gravitation, la physique, la mécanique, la chimie et la mise en oeuvre de
tout un groupe d'arts. Par-là, elle oblige à une incessante recherche des
principes fondamentaux de la création, suscite l'amour de la beauté et
contraint à la méditation et à la discipline de l'esprit. Nul ne saurait donc
être surpris de constater que les Maçons, les bâtisseurs, se soient toujours et
bien naturellement sentis les disciples de la puissance ordonnatrice de
l'énergie vitale des Mondes. On devine aisément
aussi les raisons pour lesquelles, en un temps où la transmission du savoir
était essentiellement verbale, les constructeurs ont usé d'une rigueur éclairée
dans leur recrutement, d'une sage lenteur dans l'apprentissage de leurs
disciples, d'une sévérité nécessaire dans la démonstration de leur perfectionnement
dans la pratique effective du métier et de l'art si utiles qu'ils exerçaient. Autant de causes
encore par lesquelles, constamment, les groupements de constructeurs ont
ajouté à leurs préoccupations techniques la pratique d'un ésotérisme
fructueux, et l'établissement de règles disciplinaires et rituelles au soutien
de leur solidaire fraternité. Constructeurs
d'édifices civils, religieux ou militaires, dont certains ont conquis, à
travers les siècles, une impérissable renommée, les Maçons, indispensables
soutiens de la vie sociale, ont dignement démontré, dans les temps les plus
reculés, l'honorable noblesse de leur travail émancipateur et respecté. LES MAÇONS CONSTRUCTEURSS I réelle est
cette constatation qu'elle est confirmée par le courant permanent d'estime, et
fréquent de sympathie, qui attira vers ces maîtres d'oeuvres bien des princes
du pouvoir ou de l'esprit. Ce n'était pas seulement relations de clientèle dans
le domaine professionnel, mais, en général et davantage encore, adhésion
spirituelle à cette vaste et libre culture, si singulièrement attachante que,
depuis la plus haute antiquité, les plus grands s'honoraient non seulement de
protéger le métier par privilèges et franchises, mais encore d'être admis,
comme membres acceptés, dans sa fraternité. Par-là, la
Confrérie des Francs-Maçons consolida la position éminente qu'elle occupait, et
ses équipes savantes et habiles, partout recherchées dans le monde civilisé,
furent appelées à l'exercice de leurs pratiques et de leur art en de nombreux
pays, accroissant ainsi, avec sa notoriété, ses connaissances comparatives sur
les moeurs et les coutumes des peuples. Spécialement, il
n'est pas exagéré de dire qu'au Moyen Age, et pendant deux cents ans, les
Francs-Maçons ont été les hommes les plus capables de ce temps. Ils possédaient
ensemble une somme de connaissances telle que nul, si haut placé qu'il fût, ne
pouvait en avoir d'égale. C'est chez ces Francs-Maçons-là que la Confrérie
moderne des Maçons libres et acceptés trouve sa plus précise origine. Ils
conçurent, construisirent et entretinrent, dans l'Europe entière et le
Proche-Orient, des milliers de cathédrales, chapelles, monastères, forteresses,
aqueducs, châteaux, palais, etc. LE TEMPLEIl convient de
signaler particulièrement, à ce propos, les relations étroites et prolongées
qui, notamment, existèrent entre les Francs-Maçons et les Chevaliers de l'Ordre
du Temple à partir du Xlle siècle. Dévoués à la
sécurité des pèlerins et à la défense du Saint- Sépulcre, les Templiers,
guerroyant plus que tous autres, eurent d'abord besoin d'ériger en Terre Sainte
de multiples châteaux forts. De nombreux ouvriers maçons, groupés pour la
plupart dans I' « Ordre du Saint Devoir de Dieu des honnestes compagnons »,
les y construisirent. Elargissant ensuite leurs activités au-delà de la Palestine,
les Chevaliers du Temple firent élever bientôt, dans tous les pays d'Europe,
une infinité d'établissements immobiliers. Plus de dix mille manoirs, outre les
ouvrages militaires, portaient dans toute la chrétienté les couleurs de cet
Ordre très puissant et prospère, jusqu'à ce que, au début du XIVe siècle, sous
la pression du roi de France Philippe le Bel, le pape Clément V le fit
tragiquement conduire à sa perte par une procédure inquisitoriale approuvée par
le Concile de Vienne. Il y a, dans le
rappel de l'importance considérable des biens fonciers de l'Ordre Souverain du
Temple et, consécutivement, des rapports fréquents et nécessaires ayant existé
pendant deux siècles entre les Chevaliers et les Francs-Maçons qui avaient
construit, entretenu et réparé ces édifices, une circonstance que l'historien
ne saurait négliger. A défaut de
documents explicites, elle est de nature à faire humainement admettre que les
Chevaliers, alors pourchassés et ruinés, aient pu recevoir asile, aide, travail
et assistance dans les Loges inviolables de ces Francs-Maçons qui, tant
d'années, avaient avec eux, partagé savoir, bonne fortune et dangers, et pour
lesquels, au demeurant, la pratique charitable du devoir fraternel de solidarité,
comme le sens aigu de la justice, étaient de permanente tradition. LES MAÇONS ACCEPTESD E tout cela
concluons qu'il y a ainsi grande probabilité qu'au début du XIVe siècle
d'anciens Chevaliers Templiers soient devenus Maçons, s'ils ne l'étaient déjà
de longue date, à titre d'acceptés ». Il est curieux, en
tout cas, de constater que c'est justement aux environs de ce milieu du XIVe
siècle que, pour la première fois vraisemblablement, une Loge de Francs-Maçons
fut, en Angleterre, non plus dissoute et dispersée selon l'usage, après que
l'édifice à propos duquel elle avait été ouverte fut terminé, mais, au
contraire, maintenue en activité et donc conservée pour elle-même. Comment et pourquoi
pareil fait se justifiait-il ? LA LOGELes Francs-Maçons
opératifs, lorsqu'ils étaient appelés à élever un de ces bâtiments qui font
encore l'admiration des peuples, commençaient par construire, attenant au futur
chantier, un petit édifice, la Loge. Là, dans le
travail, l'ordre et la fraternité, s'accomplissaient tous les travaux de la
pensée, se conjoignaient tous les élans indispensables à la qualité équilibrée
de l'eeuvre. C'était le cœur et le cerveau de l'entreprise, le centre matériel
et spirituel d'union et de cohésion des Maçons, non seulement avec leur
édifice, mais encore entre eux, mais surtout avec les lois de l'Architecture
Universelle. Si donc la Loge
était la condition nécessaire à l'harmonie permanente, du commencement comme
de la poursuite des travaux par des équipes souvent renouvelées au cours de
générations successives et composées d'artisans jouissant d'une grande liberté
d'inspiration individuelle, c'est qu'elle était par elle-même une source
incomparable de valeur. La Loge des
Francs-Maçons présentait donc, on le voit, un intérêt propre et indépendant de
la nature de l'édifice qui avait été l'occasion de son établissement. Elle permettait
à un certain nombre d'hommes qualifiés, Maçons opératifs ou Maçons acceptés,
d'y trouver, dans l'antique discipline du métier, une fraternité, des
enseignements, un rituel, des symboles, une philosophie, qui n'existaient
nulle part ailleurs, c'est-à-dire une voie initiatique originale, propre à leur
offrir les moyens d'acquérir, par un travail soutenu, les données harmoniques
sans lesquelles il n'est pas de construction matérielle ou spirituelle,
intérieure ou extérieure durable, quel que soit le chantier où elles doivent
s'élever. Ces Loges
permanentes, qu'elles fussent composées de Maçons opératifs ou spéculatifs,
travaillant ensemble ou séparément, fondaient la légitimité de leur existence
civile dans la Charte royale qu'au Xe siècle, à York, l'Ordre, selon leur
affirmation, s'était vu octroyer par le prince Edwin, fils d'Athelstan, et dont
elles rappelaient la précieuse possession, avec l'exposé de leurs buts, lois
et règles, dans un vénérable document dit « Manuscrit Royal », dont les copies,
nommées « Anciennes Obligations », forment les assises fondamentales des
Constitutions des Grandes Loges modernes. Un exemplaire écrit
de ces « Anciennes Obligations » était conservé, dans la salle de la Loge où
les Maçons se rassemblaient, tant à titre de garantie légale de leur droit de
se réunir que comme un instrument de référence constante à leurs statuts et
devoirs multiséculaires, pieusement conservés. SON ENSEIGNEMENT - 2C'est, en effet, la
pratique même de leur métier, si riche d'enseignements de tous ordres, qui
révéla aux Francs- Maçons l'inestimable contenu de leur devoir primordial : le
Travail. La Vie, pour sa
pérennité, exige, nul ne saurait le contester, un emploi de l'homme par
lui-même, en vue de faire ou de produire les choses qui lui sont indispensables
à cette fin et que la nature s'est gardée de lui donner toutes prêtes, le
sauvant ainsi de l'oisiveté, le plus dégradant des fléaux. Dans un monde qui
s'offre à lui en exemple, comme un Temple conçu et
construit, le Travail est
la source intarissable de l'épanouissement des plus nobles
valeurs de l'homme
et la voie de sa réalisation par sa participation à
l'ordre universel.
Cependant, la découverte et la possession d'une telle
philosophie, l'un des
dons les plus précieux qui aient jamais été
dispensés à l'humanité, plaçaient
les Francs-Maçons en opposition avec le monde
médiéval, établi sur la division
en castes, qui ne voyait dans le travail qu'une occupation sans
noblesse et
dégradante, une malédiction du ciel, un châtiment
pour la chute de l'homme dans
le péché ; et considérait la possession d'une
savante culture comme un germe
d'hérésie, une tentation du démon. Le secret de la
Confrérie, celui par lequel, vivante et saine, elle a survécu, grandissante,
aux périodes révolues de l'Histoire, est pourtant, sans nul doute, d'avoir tenu
le tablier de cuir de ses adeptes, insigne du travail émancipateur, comme une
distinction plus ancienne et plus honorable que toutes celles établies par
l'invention de l'homme. Une pareille et si
haute doctrine, produit concret de l'expérience vécue par chaque Franc-Maçon,
quel que soit le lieu ou le temps de son activité, ne pouvait subir l'atteinte
des déchirements religieux qui se produisirent sur un plan théologique qui lui
a toujours été spécifiquement étranger. SA METHODEDepuis les temps
les plus anciens, la Maîtrise, dans l'Art Royal de la Franc-Maçonnerie, avait
été acquise par des hommes appartenant à bien des nations, fraternellement liés
cependant par une communauté de savoirs, de pratiques et de disciplines. La
Confrérie était une grande famille de travailleurs jugés dignes de participer à
ses oeuvres pour l'exclusive raison de leur mérite reconnu. Toute autre
considération sans rapport avec le travail, qu'elle fût issue d'un particularisme
local, d'un sectarisme spirituel ou de préjugés raciaux, ne pouvait trouver
place en son sein. Telle est la
caractéristique incomparable de la Franc-Maçonnerie. C'est par-là
qu'elle se distingue le plus radicalement de toutes les fraternités qui sont
nées de ce bouillonnement occultiste, mystique ou humaniste dont les XVe, XVIe
et XVIIe siècles ont été animés. Gutenberg et Furst
purent donc imprimer leurs premières Bibles, des chrétiens s'affranchir du
monopole des prêtres pour aller directement à Dieu, à travers elles et par
leur seul intermédiaire, la Réforme protestante naître et s'établir, la
Renaissance fleurir, l'humanisme se répandre, les révolutions et restaurations
se succéder, sans que l'esprit traditionnel de tolérance et d'indépendance de
la Franc-Maçonnerie ait pu en être diminué d'aucune manière. Tout au contraire,
les Francs-Maçons n'eurent que trop d'occasions de le manifester et d'exercer,
en outre, leurs sentiments de charité hospitalière au bénéfice de tous les
persécutés, dans ces périodes agitées et tragiques. Aussi furent-ils les plus
ardents propagateurs de cette harmonie pacificatrice, très propice à la gloire
fructueuse du Travail, qui finit par triompher en Angleterre à la fin du XVIIe
siècle et trouva sa synthèse légale dans l'Acte de Tolérance de Guillaume
d'Orange, Roi d'Angleterre et Franc-Maçon accepté. C'est même pour
créer entre les Ateliers maçonniques un lien plus étroit, un véritable centre
d'union, qu'un petit nombre de Loges créa, à Londres, au solstice de 1717, une véritable
fédération, la première Grande Loge permanente. Dès lors, les adhésions
affluent, les Loges éparses s'agrègent, l'organisation se poursuit. SA PHILOSOPHIELa Maçonnerie
n'aspirait qu'au bonheur de devenir le moyen de rapprocher, par une véritable
amitié, des personnes qui, sans elle, seraient restées perpétuellement
étrangères ». La vieille et
pourtant toujours nouvelle et exaltante philosophie des Francs-Maçons leur
permettait une foi solide dans cette espérance de communion fraternelle générale,
déjà réalisée, depuis des siècles, par elle dans le domaine du travail
opératif. Il ne s'agissait,
en réalité, de rien d'autre que de continuer à édifier et construire dans
l'équilibre dynamique de la règle et de l'Amour, mais non plus des édifices
matériels. Le Temple à élever devenait aussi vaste que la Terre, il était celui
de la Fraternité et devait s'intégrer harmonieusement dans l'Ordre universel.
Nous savons pourquoi les Loges conservaient, sur ce plan, toutes leurs vertus
exhaustives. Nous ne sommes donc en rien surpris par l'engouement grâce
auquel, en peu d'années, les élites de l'Ancien comme du Nouveau Monde vinrent
s'agréger en nombre à la Franc- Maçonnerie. Le Temple à édifier
d'abord était et demeure en chaque homme de bonne volonté, animal certes, mais
doué de raison, portant en lui la matière et l'esprit, le contingent et le
permanent, le connu et l'inconnu, oscillant entre les deux pôles de ses forces
motrices et tendu, cependant, vers le sublime dépassement du perceptible et de
l'exprimable. A cette œuvre
constructive, la Loge offrait, comme elle offre encore, son incomparable
expérience, ses millénaires moyens. TRAVAILLa fréquentation
conduit chaque Franc-Maçon non point à refaçonner son être en le coulant
passivement dans un moule idéal que des maîtres attentionnés auraient préparé
pour son salut, non point à s'unifier dans l'identique, mais à travailler
activement, selon les règles de l'Art, à rendre cubique sa propre pierre, afin
de lui trouver place honorable parmi celles de grains différents que chacun de
ses semblables aura dégrossie et polie de son côté pour l'unir à la sienne dans
un scellement fraternel. Ainsi, par son
travail initiatique, le Franc-Maçon ne se contente pas de vivre, il oeuvre à
l'organisation équilibrée de la vie. TOLERANCEUne telle attitude
est le contraire même de la facilité. Elle implique en toute circonstance une
totale liberté de choix, une opinion personnelle sur chaque être et chaque
chose. Le moyen de réussir
une œuvre pareille est, au premier chef, la pratique de la tolérance, elle-même
base indispensable de toute véritable liberté. En effet, tout
homme qui « apporte à l'observation, à l'étude, à la critique, un état de
préjugé ne saurait être libre ». S'il veut le devenir, non seulement il doit «
exclure de son jugement tout préjugé conscient », mais encore « rechercher en
lui les préjugés inconscients, afin de les exclure dès qu'il les aura reconnus
», certain, au demeurant, de n'arriver jamais à les détecter tous, mais de se
rapprocher du moins, autant qu'il est possible, de la précieuse et indomptable
vérité. L'homme qui agit de
la sorte démontre sa connaissance de ses semblables en leurs complexités, et,
les aimant et respectant dans leurs divergences d'avec lui-même, arrivera à «
redresser ses propres jugements inexacts ou à obtenir que les autres modifient
les leurs ». Considérez
cependant la somme d'efforts sur soi-même que requiert une telle attitude.
Combien d'impulsions passionnelles à juguler avant de réussir à se substituer
soi-même à son propre contradicteur, pour arriver à situer le point d'équilibre
à partir duquel la barrière du désaccord pourra être abattue. Imaginez encore la
profondeur et l'étendue de cette dévotion à la tolérance. La profondeur, car
elle doit s'exercer même et surtout à l'égard de ceux dont la pensée est le
plus radicalement opposée à la nôtre ; l'étendue, car elle implique un appétit
de contacts sensibles aux fins de mutuelle compréhension entre hommes de
conditions diverses, qu'ils soient d'un même pays ou de nations différentes. La tolérance,
a-t-on dit à juste titre, est donc, à la compréhension humaine, ce que la
méthode est à la compréhension des sciences. Aussi cette compréhension vers
une active fraternité porte- t-elle en elle-même sa récompense. Elle brise les
chaînes des mythes et des scolastiques, ces servitudes spirituelles qui
étouffent l'esprit critique et déchirent les hommes, tiraillés par des haines
absurdes et des désespoirs avilissants. Elle relève l'homme
à ses propres yeux, pour le rendre digne de sa mission sur la terre par la
pratique éclairée de ce don incomparable et suprême qu'est sa liberté de
jugement, fruit merveilleux du jardin de la connaissance. Elle offre à tous
l'occasion de s'unir en égalité dans un idéal commun de paix et de concorde. La Tolérance est
bien un universalisme selon l'Esprit. UNIVERSALISMESi l'humanisme
caractérise la manière de penser et de sentir de ceux qui, au XVI° siècle,
surent, quoi qu'il advint et malgré les guerres religieuses, aimer les hommes
et ne jamais désespérer de l'humanité, on peut dire que l'universalisme est une
forme d'humanisme étendu. Est universaliste
qui sait accueillir sans haine, sans passion, sans préjugé, toute manifestation
de l'esprit humain, de l'âme humaine, tout ce qui procède d'un cerveau ou d'un
coeur humain, d'où que vienne cette manifestation à travers le temps ou
l'espace... C'est pourquoi, dès
lors qu'une manifestation de l'âme ou de l'esprit humain se présente au seuil
du Temple maçonnique, au coeur ou à la pensée d'un Franc-Maçon, cet
universalisme oblige le Temple et le Maçon à écouter et à entendre avant de
refuser ou d'accepter. SOLIDARITELa Franc-Maçonnerie
exprime en termes modernes des valeurs morales magnifiquement vivantes malgré
leur très antique passé, et d'autant plus efficaces et solides qu'elles ont
plus longtemps résisté à l'épreuve du temps. Le fait de cette
extrême ancienneté des sociétés initiatiques et des collèges d'artisans maçons
est digne de retenir l'attention en ce qu'il est démonstratif de tendances
permanentes propres à notre espèce. L'homme est chair
et esprit vivants, et il est par engendrement. C'est de la
création, de la procréation et de la nécessité d'assurer la pérennité de sa
race que procèdent tous ses droits et tous ses devoirs. La nature établit
dans la famille humaine, comme base de droit nécessaire, une autorité
patriarcale continue, spécifiquement fondée sur la force, la connaissance, la
conscience et l'amour, qu'exercent momentanément et successivement les
individus physiquement et spirituellement les plus aptes à assurer le respect
de ces buts permanents. Chacun de ceux
appelés à l'exercice de cette autorité a charge de protéger, d'instruire, de
discipliner et, quand les temps sont venus, d'émanciper, puis, la tâche accomplie,
d'abdiquer en faveur du successeur qualifié. Expérience,
connaissance, action et amour, en vue de l'avenir de l'espèce et par sa
progressive émancipation, tels sont les principes d'un ordre harmonieux et
sans artifice. Un tel ordre
s'étend de manière analogue aux esprits qui ont aussi leurs hérédités et leurs
familles. La fraternité n'est
pas, on le sait, limitée ou réservée à la consanguinité ; elle procède
davantage d'une solidarité spirituelle. Un tel ordre encore
s'impose, pour sa pérennité, à toute oeuvre matérielle ou spirituelle ; toute
construction durable doit s'ériger selon la loi, par l'accord nécessaire des
nombres, dans la conjonction de l'harmonie intérieure avec l'universelle
harmonie, afin que ce qui est en bas soit analogue à ce qui est en haut. Cherchant
patriarcalement, parmi des adeptes, des Maîtres d'oeuvres libres de pensée
autant que fervents de libre discipline, sachant mûrir le plan dans la règle et
avec sagesse, pour n'agir ensuite qu'en conscience, amour et vérité, la Franc-Maçonnerie
est une société initiatique, une famille, dont les rites et l'histoire
conduisent ses membres, par des moyens séculaires, au développement progressif
de leurs plus hautes virtualités spirituelles, afin qu'ils servent à
l'humanité, dans son incessante évolution, de guides fraternels vers le
perfectionnement, l'ordre et l'harmonie. En accomplissant
sur eux-mêmes et en eux-mêmes, pour être dignes de leur mission, un travail
persévérant dont la Loge leur fournit le cadre à chaque étape, les Francs-Maçons
se donnent à eux- mêmes la récompense de leur propre élévation dans l'amour et
la connaissance. Leur Ordre ne leur
impose rien d'autre que d'être libres et hommes de bien, tolérants et
respectueux des lois de la patrie et, pardessus tout, de celles qui régissent
l'admirable architecture universelle. SON ESOTERISMECohéritière avec
ses sœurs, les Grandes Loges établies dans les autres pays du monde, de cette
Tradition, la Grande Loge de France postule donc l'existence d'un principe
créateur, dynamique par excellence et organisateur des mondes, qu'avec elles
elle nomme le « Grand Architecte de l'Univers « et qu'elle symbolise par le
ternaire, car, triple nécessité de toute existence, toute conception appelle un
support pour aboutir à sa manifestation dans l'équilibre et l'harmonie. Mais elle n'impose
aucun dogme, laissant à chacun de ses adeptes le soin d'interpréter, à son
usage personnel et selon ses propres lumières, l'enseignement muet des symboles
qui s'offrent à son entendement par le rationnel et le sensible. Elle ne
s'inscrit à l'encontre d'aucune doctrine philosophique ou religieuse, d'aucune
race, d'aucune croyance pour autant qu'elles ne soient pas négatrices de
l'ordre universel, de la Vie ou de la dignité de la personne humaine. Elle est ainsi
fidèle à sa tradition qui lui commande de ne mettre aucune limite à la
recherche de la vérité et de tenir la liberté, ce « patrimoine de l'humanité
tout entière «, ce « rayon d'en haut qu'aucun pouvoir n'a le droit d'éteindre
ni d'amortir «, pour le bien le plus précieux qui ait jamais été donné à
l'homme pour le rendre digne de la vie. Cette dignité, le
Franc-Maçon la consolide par le travail, et d'abord par ce travail sur lui-même
qui le conduira par les voies du bon sens, puis de la culture intellectuelle et
rationnelle, vers une ascension intérieure et spirituelle, seule capable de le
situer harmonieusement dans l'Univers vivant. LA LOI DU SILENCEToute Loge
maçonnique, étant un temple de Lumière, est traditionnellement appelée Loge de
Saint Jean — Jean du solstice d'hiver, Jean du solstice d'été — Jean, dont le
nom rayonne de l'éclat dispensé par la source même de toute vie ici-bas. Ne vous y méprenez
pas, cependant. Si grande que soit l'antique gloire de notre Ordre, nous ne
sommes point infatués de nous- mêmes, tous nos efforts se poursuivent dans la
modestie. La primauté que
nous donnons à l'esprit et qui nous pénètre d'espérance et d'optimisme, loin de
nous en faire départir, nous y maintient immanquablement. Nous reconnaissons,
en effet, avec totale certitude, que nous ne détenons pas cette insaisissable
vérité que tant d'hommes imaginent posséder toute. Nous n'avons aucun
doute sur l'humilité de notre état. Mais, peut-être, cette humilité même
a-t-elle quelque authentique grandeur, s'il est vrai que les médiocres seuls
arrivent à se convaincre de la définitive perfection de leurs tâches. |
P005-4 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |