GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 3T/1974 |
L'ÉTOILE
FLAMBOYANTE,
ouLA SOCIÉTÉ DES FRANCS-MAÇONS, Confidérée fous tous les afpectrs, TOME SECOND, A
FRANCFORT,
Et fe trouve à Paris, Chez ANTOINE BOUDET rue Saint Jacques, 1 7 6 6. Discours
prononcé à
la réception de plusieurs Apprentis à la Loge du
Prince de S. S. à Naples, en
1745 Mes
Frères, Il
m'est très
flatteur de pouvoir vous donner ce titre, et je serai charmé
de vous développer
avec le temps toutes les glorieuses prérogatives
qui y sont attachées. Admis
par votre désir et par un suffrage que vos
qualités personnelles vous
assuraient, dans notre respectable Société,
après avoir bravé les
préjugés du
siècle, les opinions du profane, après avoir
franchi par une constance décidée,
les différentes épreuves qui vous ont conduit
dans le sanctuaire auguste de la
Maçonnerie, il est juste enfin que je vous fasse part de la
lumière que vous
avez cherchée avec tant de soin, et que non content d'avoir
frappé vos yeux par
le vif éclat de ses rayons, j'échauffe votre
cœur, je l'anime, j'éclaire votre
âme et votre esprit, en vous dévoilant les
mystères de nos loges, en vous
faisant connaître l'objet véritable de nos
travaux, le but essentiel de notre
association, les règles de notre conduite, et les principes
de notre morale.
Tout ce que nous faisons est relatif à la vertu,
c'est son temple que nous
bâtissons et les instruments simples et grossiers dont nous
faisons usage, ne
sont que des symboles de l'Architecture spirituelle qui nous occupe.
Vous verrez,
mes Frères, en avançant dans les grades de
l'Ordre, que votre zèle vous
méritera sans doute, combien l'allégorie en est
ingénieusement soutenue : je
ne puis, quant à présent, vous
développer de nos secrets, que ceux auxquels
l'état d'apprentis vous permet d'être
initiés : je ne vous tracerai point la
partie historique de notre origine, consultez les livres saints vous en
trouverez l'époque à celle de cette
superbe bâtisse, qui consacra par la
sagesse du plus grand des Rois, un monument magnifique à la
gloire et au culte
de l'Eternel : par cette légère
ébauche vous concevez aisément, mes
Frères,
quelle fut la noblesse et l'objet de notre association primitive : le
même
esprit nous anime toujours et quoique resserrés aujourd'hui
dans les bornes
étroites d'un travail purement spéculatif, nous
usons encore des mêmes moyens,
des mêmes mots, des mêmes
cérémonies. C'est ici le moment de vous expliquer
celles de votre réception. Cette
courte
explication, mes Frères, dissipe le prestige qui a pu vous
préoccuper avant de
nous connaître : vous voilà enfin à
portée de nous rendre justice, nous ne vous
en imposons ni sur nos principes, ni sur nos sentiments :
réunis pour le même
but, remplis du même zèle nous sommes tous
frères, et nous en faisons gloire ;
ouvrages pareils d'une même providence, nous sommes tous
égaux, la naissance,
les rangs et la fortune ne nous sortent point de ce juste niveau, qui
devrait,
à ce que je crois, réduire tous les hommes
à leur valeur intrinsèque : la vertu
seule et les seuls talents nous distinguent plus ou moins, et la basse
jalousie
n'occupe jamais chez nous la place de la noble émulation.
Enfin, mes Frères,
nous sommes des hommes droits, simples, fidèles, vrais ;
modestes dans nos
plaisirs, décents dans nos mœurs, essentiels dans
notre amitié, fermes dans nos
engagements, soumis à nos règles, exacts
à nos devoirs, sincères dans nos
promesses. Je vous peins d'un seul trait, mes Frères, nos
obligations et nos
qualités : il ne vous sera pas difficile de vous
accoutumer aux unes, puisque
je serais caution que vous possédez
déjà les autres. Mais surtout, mes
Frères,
n'avilissons pas nos mystères en les communiquant
aux profanes, des vertus que
nous devons pratiquer austèrement, aucune n'est plus
nécessaire que la
discrétion : les meilleures choses cessent de
l'être, en devenant trop communes
et les hommes ordinaires dont le cœur est blasé
n'y gagnent rien; je ne puis
trop vous inviter au secret, mes frères nouveaux
reçus, et je crois qu'il
suffit de rappeler ce beau vers d'un de nos modernes : « La
chute
bien souvent des plus puissants Etats, Ne vient que d'un secret que
l'on ne
garde pas. » N.
B.: Le fanatisme
et la présomption semblent avoir composé cette
harangue ; il est plus honnête
de montrer à un candidat, les
Francs-Maçons tels qu'ils devraient être, que de
les éloger si fort sur ce qu'ils font, quand ce n'est pas
chose tout à fait
prouvée ; un grand Orateur dit un jour, et ce
n'était pas le plus mauvais
endroit de son discours, d'autant que la pensée
était vive : « Nous ne venons point en loge pour nous remercier de «ce que nous sommes vertueux, mais pour exciter à le «devenir encore davantage » |
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