GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 4T/1974 |
Le franc-maçon écossais est soucieux de tradition, de symbolisme et de perfectionnement spirituel. Mais ceux-ci lui apparaîtraient dérisoires et vains s'ils ne l'engageaient à réfléchir sur le monde, sur ses troubles et ses désordres. Et par là même s'ils ne l'incitaient à travailler à leur résolution, car il faut « s'efforcer d'achever au dehors l'oeuvre commencée dans le Temple ». En particulier les Francs-Maçons ont toujours été sensibles aux attaques portées à la personne humaine et en tous temps et en tous lieux ont défendu la liberté et la dignité de l'homme. Aussi bien, ont-ils écouté avec intérêt et émotion la conférence donnée en l'Hôtel de la Grande Loge de France, par M. le Professeur Hubert Thierry, Président de la Section Française de l'Amnesty International, association dont les idéaux semblent si proches de ceux de la Franc- Maçonnerie. Défense de la personne
humaine
AMNESTY INTERNATIONAL M.
Hubert Thierry,
professeur de droit international à
l'Université de Nanterre est venu nous
entretenir en l'Hôtel de la Grande Loge de France, de
l'Association « Amnesty
International » (1). L'Association
«
Amnesty International » est une organisation nouvelle qui a
pour objet la
protection des prisonniers politiques dans le monde. Fondée
en 1961 par un
avocat britannique Peter Benenson et par Jean MacBride, qui vient de
recevoir
le prix Nobel de la paix, cette association veut porter secours
à ce que les
britanniques appellent « prisoners of conscience »,
c'est-à-dire les personnes
détenues pour délit d'opinion. Elle comprend des
sections nationales en Suède,
Norvège, Danemark, Hollande, Allemagne
Fédérale, Autriche, Etats-Unis, enfin en
France, et elle compte environ 38.000 membres. Un
secrétariat permanent,
établi à Londres constitue le centre nerveux de
l'organisation qui est dotée du
statut consultatif auprès de l'O.N.U. et du Conseil de
l'Europe. L'
« Amnesty
International » s'est attaché à la
protection des prisonniers politiques parce
que à notre époque les principales atteintes que
subissent les hommes dans leur
liberté et leur dignité, vient principalement de
la répression politique, qui
prend un caractère de plus en plus violent. —
En effet le sort
des prisonniers politiques dans beaucoup de pays est tragique. Des
milliers de
personnes sont arrêtées, détenues,
maintenues en détention et sans jugement ou
après des parodies de jugements, dans des camps et des
prisons. Et ces
personnes sont très souvent torturées. La torture
n'est pas, dans de nombreux
cas marginale ou occasionnelle mais est devenue souvent une
technique de
gouvernement. —
Les victimes de
la répression politique ne bénéficient
le plus souvent d'aucune protection.
Elles sont livrées, abandonnées à leur
triste sort. Elles ne disposent même pas
de la protection qui est assurée aux prisonniers de guerre
par le droit
international notamment sous l'angle des droits reconnus au «
Comité International
de la Croix-Rouge ». L'intérêt
porté par Amnesty International aux prisonniers
politiques correspond donc à des détresses si
profondes et privées de secours
qu'elles appellent un geste de fraternité. Mais
comment
Amnesty International conçoit-il son action ? Quelles sont
les méthodes que
cette association utilise et sur quels principes reposent-elles ? Tout
d'abord
un parti-pris d'impartialité. En effet elle veut
éviter la perversion qui
guette toute entreprise dans le domaine des droits de l'homme,
c'est-à-dire la
politisation. Il ne s'agit pas de se mettre au service de telle ou
telle
idéologie contre telle ou telle idéologie. Les
actions qu'elle mène concernent
des prisonniers politiques dans les pays de l'Ouest, comme dans ceux de
l'Est
et dans les pays du tiers-monde. Le
second principe
est celui de la légalité. L'action d'Amnesty est
fondée sur les principes du
droit international, qui ont trait à la protection des
droits de l'homme et des
libertés fondamentales. Elle prend appui sur la
Déclaration Internationale des
Droits de l'Homme. Le
troisième
principe est celui de l'efficacité. L'une des
perversions possibles ici est
l'abstraction généralisée qui conduit
à un idéalisme bénisseur et
théorique --
on s'en tient avec prudence à des condamnations de
caractère général en se
gardant de mentionner des faits concrets, réels,
localisés — Amnesty
International est au contraire soucieuse d'apporter des solutions
concrètes et
pratiques à la violation des droits de l'homme. C'est ainsi
qu'en 1973,
vingt-six missions ont été accomplies dans
vingt-sept pays, pour suivre des
procès politiques, recueillir des informations, et quand
cela était possible,
négocier avec des gouvernements, * * * Mais
il est évident
que cette efficacité — hélas
— a des limites. L'action d'Amnesty ne peut à elle
seule mettre fin à la cruauté dans le monde. Elle
s'insère dans un ensemble de
pressions, qui peuvent venir d'autres organismes et qui
cherchent à
sensibiliser l'opinion mondiale, même celle qui est la plus
fermée à certains
problèmes. En
effet, il n'est
pas vrai qu'il y a rien à faire. Le champ de l'action reste
ouvert aux hommes
de bonne volonté soucieux des droits imprescriptibles de la
personne humaine.
Ceux qui composent l'Amnesty International sont de
ceux-là. Et c'est pourquoi
ils ont choisi pour symbole une petite flamme entourée de
fil de fer barbelé.
Agissons de telle sorte que cette petite flamme ne s'éteigne
jamais, qu'elle
soit maintenue, dans le monde d'aujourd'hui. Les F.M. en tous
cas sont de ceux
qui n'y manqueront pas. Publié
dans le PVI N°
16 - 4éme trimestre 1974 - Abonnez-vous
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