GLDF Revue : Points de Vue Initiatiques 4T/1975

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L’Etoile flamboyante

Un sujet est souvent un concours de circonstances, le fruit d'une floraison de coïncidences. Celui que je vais tâcher d'effleurer en est sans doute le plus frappant exemple. Au départ il y eut d'abord une illumination : lisant « Le symbolisme occulte de la Franc-Maçonnerie » de notre vieux Maître O. Wirth, je fus soudain ébloui par cette phrase consacrée à l'Etoile flamboyante : « Cet astre peut être connu par le néophyte dans son flamboiement qui est perceptible au compagnon attentif aux radiations vitales. Tout en dernière analyse n'est que vibration. Or l'être qui vibre s'étend au-delà de son organisme pondérable sous forme d'une aura de lumière astrale. »

Ainsi à propos de l'Etoile flamboyante je retrouvais sous la plume d'Oswald Wirth, cette mystérieuse « aura » déjà évoquée en maints livres d'occultisme et explicitée d'une étrange manière, avec un luxe infini de détails par un certain Lobsang Rampa. Curieux personnage en vérité que ce lama londonien qui prétend être la réincarnation d'un sage tibétain !

Mais je ne m'attarderai pas au personnage, car, lama ou pas, ce médecin britannique est incontestablement un « initié ». Et quel initié puisque nous le trouvons ainsi d'accord non seulement avec O. Wirth mais aussi avec toute une chaîne de penseurs qui, eux, n'ont fait toutefois que traiter allusivement ces secrets explosifs que notre XXe siècle met à présent — avec une brutalité sur laquelle je m'interroge — à la portée des plus vastes publics...

Mais, qu'est-ce donc que l'aura ?...

En physique ancienne si l'on prend la définition du grand Larousse, c'est un « souffle, une émanation subtile ». Au figuré, c'est « l'atmosphère immatérielle qui enveloppe certains êtres. En quoi déjà l'aura se rapproche de l'auréole, ce cercle lumineux, ce halo que l'usage religieux donnait, abusivement parce que trop extensivement, aux visages des saints.

Il faudrait toutefois se garder de rapprocher l'aura et l'auréole car nous aboutirions, je le crains, à une piste sans issue. D'autre part la définition classique est fausse car l'aura n'enveloppe pas seulement certains êtres, elle enveloppe tous les êtres... Sans exception.

Mais avant d'aller plus loin, il me faut à présent vous livrer quelques banalités de la physique moderne. Tout ce qui existe vibre et l'homme n'est guère qu'une masse de molécules gravi­tant à grande vitesse. Il n'y a pas de différence d'organisation entre l'animal, le végétal, le minéral, le gazeux, ce qu'Hermès Trismégiste, dans sa lumineuse sagesse avait déjà traduit par « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Notre corps est un amas de soleils et de nébuleuses, un univers qui contient à son tour des milliers, des millions d'univers.

Tout mouvement engendre l'électricité et notre cerveau, qui fonctionne comme émetteur-récepteur, produit un courant qui a pu d'ailleurs être mesuré. Notre corps entier en fait est électrisé et entouré d'un champ magnétique — celui-là même qui enrobe les planètes et accompagne les molécules. Et ce champ magné­tique peut être vu, détecté, dans certaines conditions : depuis longtemps les ésotéristes l'on baptisé « l'éthérique ». Cet éthé­rique s’apparente à certains phénomènes qui intriguaient fort jadis nos grands-pères, tels le feu Saint Elme que les marins voyaient dans certaines conditions transfigurer la coque et les mâts de leur bateau. Il s'apparente aussi au phénomène bien connu des ingénieurs d'E.D.F. : celui de la « couronne » qui entoure parfois les fils de haute tension. Il a même eu une appli­cation toute récente dans un fait divers que vous avez pu lire dans la presse : une explosion de gaz provoquée à l'extérieur d'un immeuble et qui était due en fait à une ionisation de l'atmos­phère. On le retrouve encore chez les yogi orientaux dont les vêtements, comme protégés par le fluide de l'aura, se tiennent immobiles sous le vent le plus violent.

L'aura n'est, elle, que la « personnalisation » de cet éthé­rique. Elle a une forme, une densité, des couleurs variables, affirment les occultistes et Lobsang Rampa prétend ainsi que l'homme entier peut se définir et être jugé selon les couleurs de son aura...

Mais j'ai peur ici d'aller un peu loin... Alors, ramenons la chose à ses proportions toutes simples, à des faits que tout le monde connaît. Vous avez tous ressenti pour telle personne une attraction irrésistible — vous direz presque à présent « magné­tique » — une sympathie ou une antipathie, au contraire, irrai­sonnée. Souvent vous avez fait cette réflexion : le bleu lui va bien, ou au contraire : le jaune ne lui convient pas... Ainsi, l'aura invisible a-t-elle revêtu pour vous un sens précis, ainsi faites- vous de l'occultisme sans le savoir. Car jamais vous n'avez recherché l'explication profonde, l'au-delà de l'apparence...

Les animaux sont plus subtils que nous ; ils voient l'aura, dit-on et jugent par elle un homme beaucoup plus qu'en fonction de sa bonne (ou sa mauvaise) mine...

Aujourd'hui l'importance du magnétisme, cher à notre illustre Frère Mesmer... et n'est plus niée par personne. On sait que deux aiguilles magnétiques découpées dans le même aimant restent en sympathie, quelle que soit la distance. Les russes ont établi, mais sans pouvoir l'expliquer, que des champs magnétiques interféraient avec les phénomènes cérébraux : en hypnotisant un sujet et en le persuadant qu'il voit des points lumineux il suffit d'un aimant manœuvré dans sa nuque pour que les points lumineux lui paraissent se déplacer dans la direction indiquée par l'aimant. Les savant les plus autorisés en sont arrivés à cette conclusion qu'on peut « modi­fier le champ de force qui entoure le corps humain de façon à agir sur les centres du cerveau ».

Mais dans tout cela où est l'Etoile flamboyante, chère au cœur de tout maçon [et que le compagnon, le jour de son élévation au second degré a vu en son universalité], centre unique d'où part la vraie Lumière. Eh bien précisément, c'est un catéchisme hermético-maçonnique, celui du baron de Tschoudy, collecté par Stanislas de Guaita, qui nous permet d'établir le lien, déjà suggéré par O. Wirth. Commentant ce catéchisme Stanislas de Guaita en effet déclare : « En fait c'est tout l'électro-magnétisme de la personne (ce que nous avons, nous, nommé l'aura) que symbolise l'Etoile ».

L'Etoile flamboyante qui était chez les égyptiens l'image du fils d'Isis et du Soleil, d'Horus, symbole de la « materia prima », source de vie, étincelle du feu sacré, comme la qualifie Ragon, l'Etoile, signe favori des pythagoriciens qui la définissaient en rapport avec le « Nombre d'or », signifie très exactement

 « l'initié en qui le feu est éveillé » Feu de la volonté, de la person­nalité bien sûr — O. Wirth parle du « signe magique se rapportant aux pouvoirs de la volonté humaine » — qui associe l'homme à l'astre, ainsi que le voulait cet autre initié Paracelse, parlant de

« l'ambiance impondérable qui constitue notre sphère d'influence mystérieuse ». Feu intérieur encore, bien connu des adeptes de la méditation yogique qui s'élève du niveau physico-chimique de la calcination au niveau astral du feu solaire pour redescendre à la quête du feu qui brûle en nous.

Les flammes du pentagramme dit encore O. Wirth, font allu­sion à la puissance dont l'ouvrier dispose, si, maître de lui-même et instruit des règles du grand Art, il sait extérioriser son feu intérieur, afin de le mettre en oeuvre au bénéfice de son travail désintéressé.

Ainsi s'expliquent les actions à distance, analogues en vérité pour l'aura (ou l'Etoile flamboyante) à ce que sont les rayons de la lumière ou les ondes de la chaleur.

Ainsi en arrive-t-on à cette mise en application d'une télégra­phie sans fil, sans autre support matériel que les ondes que nous émettons, à cette télépathie sur laquelle les savants russes et américains poursuivent à l'heure actuelle, dans le plus grand secret, des expériences qu'on dit passionnantes.

Mais ne flamboie pas qui veut. N'est pas étoile qui en rêve. L'esprit a subi une profonde involution dans la matière et il est difficile de s'en libérer. En fait la Franc-Maçonnerie est l'une des rares voies où se trouve, dans son authenticité, la tradition la plus pure. Mais si elle offre ses symboles il faut bien comprendre que ce ne sont au départ que des outils. L'Etoile flamboyante n'est rien, tant que l'on n'a pas décidé de la faire surgir de notre gangue charnelle. Nous souvenant de la leçon de Platon, cet autre initié, qui enseignait que les dieux étoilés avaient créé les hommes et que ceux-ci devaient retourner à leur étoile après la mort.

Serions-nous donc ces étoiles éteintes qu'il nous appartient, initiés, de faire à nouveau flamboyer ?... Alors se vérifierait la parole du « Zohar » : « Tout ici-bas se passe comme en haut. Sur le firmament qui enveloppe l'univers, nous voyons de nombreuses figures formées par les étoiles et les planètes. Elles révèlent des choses cachées et de profonds mystères. De même sur notre peau qui entoure l'être humain, il existe des formes et des traits qui sont les étoiles de nos corps »...

Et quand un maçon apprend à manier ce feu intérieur, celui-là même des vrais alchimistes de naguère, c'est sur son aura qu'il agit. Son aura qu'il doit purifier, régénérer, jusqu'à la rendre rayon­nante de force, de sagesse, de beauté. Mais alors, ce maçon-là, c'est un saint. C'est le véritable apôtre de l'Eglise du Paraclet dont ont rêvé beaucoup de nos maîtres.

Pour l'heure (certainement), il ne s'agit que d'une voie à suivre, d'une forêt à défricher. Avec l'aide de la science, la clairvoyance de nos symboles, la ferme volonté de nos coeurs. Car en ce domaine, là encore les initiés ont précédé les savants, et peut- être encore les techniciens. Mais tout vient en son heure. Et demain des hommes, nos frères peut-être, parleront de l'aura comme nous parlions simplement de l'esprit...

Ceux-là toutefois — car ceci reste notre privilège — ne sauront pas que c'est l'Etoile flamboyante qui nous avait montré le chemin.

Publié dans le PVI N° 20 - 4éme trimestre 1975  -  Abonnez-vous : PVI c’est 8 numéros sur 2 ans

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