GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 4T/1976 |
Notes sur la tradition celtiqueComme le disait
notre Frère Charles F. dans sa planche du mois dernier sur les Traditions
méditerranéennes et le Christianisme : « à côté des courants helléniques et
hébraïques, le celtisme est indispensable à la compréhension de la civilisation
médiévale ». Cette
affirmation aura peut-être surpris certains d'entre nous et voici un an,
j'aurais été de ceux-là. Car bien que l'école primaire nous parle de nos
ancêtres les Gaulois, nous savons que nous avons été conquis et « civilisés »
par les envahisseurs romains et ce, durablement : c'est le latin qu'on apprend
dans les lycées aujourd'hui encore et non pas le vieux celtique. Et pourtant,
comme nous l'allons voir, il nous reste beaucoup des Celtes, à nous
Francs-Maçons du Rite Ecossais. Mais parler du
celtisme est une entreprise malaisée, spécialement pour moi d'éducation
méditerranéenne qui en ignorait naguère tout. * * * Dans une
première partie, nous tenterons de définir Le domaine Celte, au triple point de
vue, géographique, historique et culturel. Dans notre
seconde partie, nous tenterons de dégager parmi tant d'autres — car il m'est
impossible en une seule planche d'être exhaustif — quelques traits saillants de
la tradition celtique. Enfin notre
troisième partie sera consacrée aux survivances parmi nous de la Tradition
Celtique, nombreuses non seulement dans nos rites, mais aussi dans nos façons
de penser. I. - LE DOMAINE CELTELes Celtes sont un
groupe de peuples indo-européens dont l'origine, pense-t-on actuellement d'après
des découvertes archéologiques, se situent dans l'actuelle Bohême. Mais il
n'est pas possible de séparer les Celtes des cultures des peuples qui les ont
précédés et dont ils ont hérité. GEOGRAPHIQUEMENTLes Celtes,
héritiers de la culture illyrienne ou proto-celte de Halstatt qui fleurit au 2e
miillénaire avant notre ère, culture connue pour son habileté métallurgique,
les Celtes donc connurent à l'époque de La Tène (Ve au Ille siècle avant J.-C.
— du nom d'une localité suisse riche en vestiges) une brillante civilisation
entre l'actuelle Tchécoslovaquie et le centre de la France. Puis ils
s'étendirent tant vers l'Est (royaume, durable, de Galatie autour de l'actuelle
Ankara, prise et sac de Delphes en Grèce, en 279 avant J.-C.) que vers le Sud
(occupation de la Gaule Cisalpine et fondation de Milan : Médiolanum, prise
éphémère de Rome) et surtout vers l'Ouest : Gaule presque entière, péninsule
ibérique, totalité des Iles Britanniques. HISTORIQUEMENTC'est surtout dans
les Iles Britanniques, Irlande comprise bien entendu et, à un moindre degré, en
Gaule continentale que se développera l'histoire celte. Nous n'entrerons
pas ici dans les détails que chacun peut trouver ailleurs : romanisation
entière de la Gaule, partielle des Iles Britanniques, l'Ecosse et l'Irlande y
échappant, invasions anglo- saxonnes à partir du Xle siècle repoussant à
l'Ouest et au Nord le domaine celtique avec peuplement de notre Bretagne
armoricaine par des Celtes des Iles Britanniques. Ces simples jalons
nous aideront à situer la communauté de culture entre les Celtes. CULTURELLEMENTContrairement à
d'autres cultures, méditerranéennes par exemple, où les témoignages écrits tant
littéraires qu'épigraphiques surabondent, la culture celtique a laissé très peu
de témoignages écrits directs. Faisons tout de
suite justice d'une légende : les Celtes savaient écrire, comme le prouve
l'écriture oghamique clairement attestée (et parfaitement connue et déchiffrée)
pour des usages religieux précis : inscriptions funéraires, invocations ou
imprécations. Mais tout
l'enseignement des druides, comme nous le verrons, était oral. Pourquoi ? Il me
semble que l'écriture était pour eux chargée d'une magie encore plus forte que
la parole ; et puis l'écriture fixait à jamais une chose, un état alors que la
tradition, ce qui doit être transmis, doit être quelque chose de vivant en
fonction des vecteurs qui transmettent. Nous croyons devoir rapporter cette
explication de G. Dumézil, spécialiste des cultures indo-européennes, car elle
éclaire ce comportement fort étranger à nos modes de pensée actuels. Les historiens
anciens, César d'abord (de Bello gallico), Diodore de Sicile, Strabon,
Pomponius Mela, etc., nous ont laissé des témoignages sur la culture celtique ;
mais si leurs notations nous sont précieuses, ils voyaient cette culture de
l'extérieur, sans en saisir souvent tout le sens. Sauf en Gaule, à
une basse époque où l'influence romaine avait altéré la pureté des principes
celtiques de non-représentation de la divinité (qu'on se rappelle les
sarcasmes de Brennos, chef gaulois pillant Delphes et voyant les
représentations anthropomorphiques d'Apollon), nous ne trouverons pas de
statues de dieux — ce qui ne veut pas dire que les statues trouvées à ces
basses époques ne soient pas pleines d'enseignements. C'est
principalement dans les traditions épiques irlandaises et galloises qui ont
survécu assez facilement à la christianisation que nous trouverons le plus
clair de nos ressources. Sans entrer dans le
détail des branches goïdéliques et brittoniques, de leurs luttes, de leurs
entrecroisements et de leurs ramifications, nous considérerons comme une cette
culture traversée (ou plutôt unie) par la mer, que ce soit en Irlande, en
Ecosse, au Pays de Galles ou en Armorique. Car si la notion
d'état semble avoir fait cruellement défaut aux Celtes au point qu'ils ne
formèrent jamais un empire unifié mais qu'ils furent conquis successivement par
des peuples étrangers, la culture qu'ils développèrent, la tradition qu'ils
assumèrent et qu'ils transmirent fût une. II. - QUELQUES TRAITS SAILLANTS LA MORTCe qui a frappé le
plus les peuples anciens en contact avec les Celtes, c'est leur absence de
crainte de la Mort (cf. Diodore de Sicile, V, 28, 6 Lucain « la Pharsale » I,
454-458, César B.G. VI, 14 etc.). Comment l'interpréter ? Les Celtes fils de la MortCésar nous apprend
que les Celtes, selon les Druides, se disaient Fils de Dis (P) Atir (=. Dis
Pater), le Dieu de la mort : c'était l'ancêtre de la race, source de toute vie.
Le rapprochement est à faire, dans le cadre indo-européen avec le Dis Pater
latin, à la fois Jupiter et Pluton, moins nettement individualisé à l'origine. Ce nom de Dis Atir
était ressenti comme terrible et plutôt que de le prononcer, c'est-à-dire de
rendre présent cette divinité redoutable, les Celtes préféraient l'appeler
Teutatès, c'est-à-dire le Papa (hypochoristique de père) de la Tribu ; pensons
au héros de nos bandes dessinées Astérix jurant par Toutatis et mesurons le
chemin parcouru... Ce Dieu est représenté
s'appuyant sur une massue ou avec un maillet, objet ambivalent que nous
connaissons bien, dispensateur à la fois de la mort et de la vie car il peut
frapper par deux côtés différents (nous penserons aussi à une survivance du
folklore breton : le mell benniguet, massue de granit dont on frappe le front
des vieillards pour leur donner « la bonne mort »). Ce Dieu Dis Ater
est couvert d'une peau de loup, animal symbolisant la mort (à rapprocher du
folklore lorrain actuel où après le repas gras de Carnaval l'os de l'épaule du
porc est jeté « pour le loup » afin qu'il ait sa part). La figure du
folklore breton de la mort « l'Ankou » est masculine ; ce n'est pas un
squelette mais un homme très maigre : c'est le premier mort, fils d'Adam, qui
montre le chemin à toute l'humanité. La Nuit précédant le JourIl est normal que
dans la Tradition Celtique, après ce que nous venons d'évoquer, la Nuit précède
le Jour : les durées de 24 heures étaient comptées à partir du soir et il en
existe encore des survivances en Bretagne armoricaine actuelle. Mais ce processus
se retrouve également dans d'autres traditions, l'hébraïque par exemple : voir
Genèse 1, 8 : « il y eut un soir, puis il y eut un matin et ce fut le second
jour ». C'est là le moment de citer notre très illustre et très regretté Frère
René Guénon qui rapprochaient les deux traditions celtique et chaldéenne et les
deux trilittères C ha L D éen &C e L T e. D'ailleurs Héber, héros éponyme
des Hébreux dans la Bible, veut dire occident en langue hébraïque. Notions sur l'Au-Delà celteLes écrivains
anciens ont parlé à cet égard (Diodore de Sicile) de croyance à la
métempsychose analogue à celle des Pythagoriciens ; en fait les croyances sont
fort différentes. — pour Pythagore, l'autre vie est une
compensation à celle-ci : heureuse pour les justes au-delà de la Voie Lactée,
réincarnée ici pour les autres dans des êtres inférieurs (animaux, etc.) ; — pour les Celtes, sauf cas exceptionnel
de héros se réincarnant en un autre héros longtemps après, il n'y a pas de
réincarnation. L'autre vie n'est pas une compensation à celle-ci. C'est à l'Ouest (Soleil
Couchant), dans une île au milieu de l'Océan appelée Tir-na-nOg (terre des
jeunes) Ynis Afallach (= île des pommiers — pomme : fruit de sagesse — dont la
légende arthurienne a fait l'île d'Avallon) une répétition heureuse et hors du
temps de cette vie présente (selon d'Arbois de Jubainville et Plutarque : «
les Celtes disent qu'à l'Ouest, au milieu de l'Océan, est une île heureuse où
Chronos — le temps — est enchaîné, etc. »). Communication entre les mondesElle est fréquente
et paraît aisée chez les Celtes. Dans l'épopée, les gens de l'Autre Monde sont
souvent présents, soit qu'ils sortent des « sides » (tumuli sous lesquels ils
habitent normalement et où ils entraînent les vivants temporairement ou
définitivement) soit qu'ils arrivent, inconnus, d'un « Autre Pays » où ils
entraînent le héros. Notons la fréquence de la figure féminine de l'autre monde
qui vient chercher le héros en se promettant à lui et en lui promettant une vie
heureuse et éternelle. Mais il y a pour
cela des périodes privilégiées du cycle annuel où les morts reviennent,
normalement, en foule chez les vivants : Samain (1" novembre en
particulier). Et ceci nous amène à évoquer le calendrier et le festiaire
celtique. LE CALENDRIER CELTIQUEIl est, nous nous
en doutons après ce qui vient d'être dit sur la nuit précédent le jour, à base
luni-solaire. Les Celtes, comme
d'ailleurs les Hébreux, faisaient commencer la journée le soir. Ils avaient
des mois lunaires avec mois intercalaires pour avoir un cycle de 30 ans, très
précis d'ailleurs, faisant correspondre les mois lunaires et l'année solaire. Mais c'est le
festiaire celtique qui nous retiendra plus longtemps. Les fêtesIl y en a quatre
principales dans l'année qui, curieusement, sont placées non pas aux solstices
et aux équinoxes comme pour nous (les deux Saint-Jean, etc.) mais au milieu des
saisons. Les
traditionalistes celtes, en particulier la revue « Ogam » à qui cette planche
doit beaucoup, expliquent cet état de choses par la fixation de ces fêtes à des
dates très anciennes et le résultat de la précession des équinoxes. A titre
personnel, cette explication ne me satisfait pas — mais je ne suis pas capable
d'en proposer une autre plus satisfaisante. SAMAIN 1er novembre C'est la fête des
Morts, la plus importante, nous n'en serons pas surpris. C'est d'ailleurs aux
chrétientés celtiques que l'Eglise d'Occident doit d'avoir fixé au 2 novembre
la Fête des Morts (chez les orthodoxes cette fête est en août). Cette fête du
solstice d'hiver décalé est la naissance de Lug, Dieu solaire que nous
retrouverons. C'est la 2e bataille de Mag Tured (= la plaine des Piliers) qui
voit la victoire des Tuata dé Dana, peuple solaire, sur les Fomoïré, peuple
tellurique, obscur mais néanmoins garant de la fertilité. C'est donc aussi une
fête de la fertilité. Les morts y reviennent trois nuits durant visiter (et
prendre avec eux quelquefois) les vivants. C'est pourquoi à cette date, en
Bretagne armoricaine, les maisons sont soigneusement nettoyées, la table
dressée, la porte entrouverte. IMBOLC au 1er
février C'est,
christianisée la fête de la Chandeleur ; avant l'ère chrétienne, c'était la
fête de la déesse de la lumière Brigit, Brigantia, déesse des métiers et de la
sagesse, probablement la même que la Bélisama gauloise (cf. Astérix). C'était
une fête de purification après les souillures de l'hiver, comme la Chandeleur
est une fête de la purification de la Vierge (celle-ci pouvant être comprise
comme la Terre-Mère). BELTENE au 1er mai Ce serait, selon la
revue « Ogam » déjà citée, l'ancien
solstice d'été décalé. Beltène
serait « le
feu de Bel » ou Belenos, Dieu solaire gaulois (Bélisama,
déjà citée, signifiant
: semblable à Bel). La veille de cette
fête de Beltène, tous les feux du pays étaient éteints et, le jour de la fête,
le Roi, au centre du pays d'Irlande, dans la ville sainte de Tara, sur la
colline d'Uisnech, rallumait le feu d'où étaient ensuite pris tous les autres
feux du pays. C'est un nouveau départ de la lumière, fête très importante nous
nous en doutons. Outre cet aspect
solaire, la fête avait aussi un aspect polaire comme en témoigne l'If, arbre
des Morts, au sommet de la colline centrale, axe assurant la communication des
trois mondes. A Beltène, les sides, séjours souterrains des morts, s'ouvraient
également. Cet arbre central
survit encore dans l'arbre de mai de nos campagnes autour duquel la jeunesse
tourne et danse le i»' mai. Cette glorification
du travail provient d'un renouveau cosmique du feu et de la force qu'il donne. LUGNASAD au 1er août On fêtait alors le
mariage de Lug, Dieu solaire (nasad = noces) avec Tailtiu, la terre
nourricière. C'était donc une fête de l'abondance et de la fertilité. Au Pays de Galles,
un gigantesque pique-nique réunissait naguère encore tout un chacun qui mettait
ses provisions dans un chaudron commun : celui-ci devenait ainsi quasi
inépuisable (nous retrouverons bientôt ce chaudron). EPONACette évocation de
la fécondité nous amène à parler d'une autre grande figure du panthéon celtique
: Epona, la Grande Jument, figure largement attestée par des monuments, tous de
basse époque bien sûr, répandus de l'Armorique à la Bulgarie, par des textes
anciens (Juvénal, Tertullien, etc.) comme par l'épopée irlandaise et galloise. Elle apparaît comme
une jeune femme blonde, assise à droite sur une grande jument allant à droite,
suitée souvent de son poulain. La jeune femme tient souvent une pomme d'or
(symbole de la sagesse). On a pu y discerner
à la fois une figure de fécondité (elle était fêtée au solstice d'hiver, donc
au début de la moitié croissante, divine, de l'année), une figure de la Grande
Mère, de la Grande Reine (on pense à Alise-Sainte-Reine) qui a permis dans la
période chrétienne son assimilation à la Vierge Marie par le folklore
armoricain (voir le conte « Trente de Paris » où l'on voit une grande jument
blanche aider le héros à traverser victorieusement toutes les épreuves qui lui
sont imposées et qui se révèle à la fin être Notre-Dame ; ce conte confirme le
rôle psychopompe d'Epona, clairement indiqué par ailleurs dans l'épopée
irlandaise. Notons en passant
que l'importance de cette déesse amenait un interdit quant à la consommation de
la viande de cheval, interdit qui s'est poursuivi fort longtemps : ce n'est que
le 9 juin 1866 que la vente publique de la viande de cheval a été autorisée à
Paris ; et je crois que dans les Iles Britanniques cette consommation est
toujours un objet d'horreur. LE CHAUDRON DE DAGDANous ne pouvons
évoquer les symboles de fécondité sans parler du chaudron de Dagda (Dieu « bon
», père de Brigit évoquée plus haut à propos de la fête d'Imbolc, la Chandeleur
actuelle) : c'est un chaudron d'abondance, nul ne le quitte sans être rassasié.
Il ne sert pas, comme chez Astérix, à préparer une potion magique qui donne une
force invincible ; mais il a quand même un rôle sacrificiel et magique bien
établi : les morts qui y sont jetés reviennent à la vie, les vivants qui s'y
plongent acquièrent l'immortalité. Et ne croyons pas
que ce symbole ait disparu de notre horizon mental : en préparant cette
planche, j'ai lu fortuitement en première page du quotidien « Le Midi Libre »,
n° du 11 février 1974 ce titre : « la grippe de M. Pompidou a fait monter la
température dans le chaudron de la succession ». Qu'est-ce à dire ? pour le
journaliste actuel, comme pour les anciens celtes, le chaudron est générateur
d'une vie nouvelle et, après le décès de M. Pompidou, c'est de là que sortira
le nouveau « roi ». Ajoutons que le
chaudron est un centre ; il est suspendu par 9 chaînes et, autour de lui, 9
bardes se tiennent (9 + 1 = 10 symbole de totalité ; nous retrouvons la
Tétractys pythagoricienne), chacun avec une lance. On ne saurait, nous
l'avons compris, séparer le chaudron (principe aqueux, yin en chinois, dourel
en breton) de la lance (principe igné, yang en chinois, tanel en breton). Nous retrouverons
cette complémentarité dans une des principales survivances celtiques, j'ai
nommé la légende du Graal, où la Sainte Coupe n'est pas sans la lance qui
saigne. Mais voyons plus
avant cette symbolique du centre. LE CENTREComme dans toutes
les traditions authentiques, le centre est une figure du centre primordial
polaire. En Gaule
continentale une meilleure
interprétation du célèbre passage de César (B.G. VI, 13) « chaque année les
druides tiennent leurs assises en un lieu consacré qui passe pour occuper le
centre de la Gaule aux confins du pays des Carnutes » et des fouilles récentes
permettent de penser que ce « medionemeton » (nemed = sacré) était non pas à
Chartres où la grotte dite druidique ne daterait que du XVI° siècle grâce à un
chanoine soucieux de préséances, mais à Saint-Benoit-sur-Loire, sur une butte
insubmersible par les crues de la Loire, butte avec fontaine et de nombreux
restes de sacrifices (voir tous arguments dans le n° 11 de la revue Ogam, déjà
citée). En Irlande divisée en quatre provinces périphériques
et une centrale. C'est au milieu de cette dernière que se dressait la ville
sainte de Tara déjà évoquée (§ 2213) pour le feu nouveau de Beltène. Au Pays de
Galles nous citerons la
chanson folklorique au thème bien connu : sur la terre (geste horizontal), il y
a une colline (demi-cercle supérieur) ; sur la colline, il y a un arbre (geste
vertical) ; sur l'arbre, il y a une branche (geste horizontal supérieur) ; sur
la branche il y a un nid (demi-cercle vers le bas) ; dans le nid il y a un oeuf
(geste circulaire des deux mains) ; de l’œuf sort un petit oiseau (geste de
battement d'ailes). Tout ceci est assez
parlant pour qu'il ne soit pas besoin d'insister. Plus
généralement dans la
tradition celtique, outre l'Irlande « I'Ile des Saints », beaucoup d'îles ont
joué ce rôle de centre tant à l'époque païenne (Anglesey, détruite par les
Romains, cf. Tacite, Annales
XIV, 29, 30) qu'à l'époque chrétienne où les monastères s'installaient souvent
dans des îles (Iona par exemple). Notons d'ailleurs
qu'en France, la seule sainte nationale qui porte un nom gaulois : Sainte
Geneviève, est « par hasard » sortie d'une ville sacrée : Nemetodurum, aujourd'hui
Nanterre. L'oursin fossile dans le même ordre d'idée sur le centre,
nous citerons Pline le Naturaliste (XXIX, 53) et ce qu'il appelle « l’œuf de
serpent » le qualifiant de « talisman des druides ». Il s'agit en fait
d'un oursin fossile (genre micraster), à symétrie bilatérale, c'est-à-dire en
forme de coeur, sur lequel les zones ambulacraires dessinent une étoile à cinq
branches ou, si l'on veut, en termes héraldiques, une quintefeuille. Ce
pentagramme au centre du cœur, voici l'homme réintégré au centre de l'Etre. Ce terme d’œuf de
serpent exprimant toutes les virtualités cosmiques est donc parfaitement choisi
pour cette figure symbolique que les Gaulois tenaient en très haute estime. LES DRUIDESMais il n'est pas
possible d'évoquer même cursivement la tradition celtique sans parler des
druides. Par-delà l'image
populaire de Panoramix préparant la potion magique dans son chaudron, par-delà
l'image non moins populaire transmise par Pline le Naturaliste à tous nos
manuels d'écoliers « vêtu d'une robe blanche, le druide monte à l'arbre, coupe
avec une faucille d'or le gui qui est recueilli dans un linge blanc » nous
tenterons d'en cerner l'image. Les fonctions de l'étymologie, comme d'habitude, nous
éclairera. Contrairement à Pline, déjà cité (H.N. XVI, 249) qui tire leur nom
du mot grec 8pv signifiant chêne, il faut, semble-t-il, le rattacher à la
racine celtique : « dru - wid - es » les très savants. César (B.G. VI, 13)
précise que « les druides veillent aux choses divines, s'occupent des sacrifices
publics et privés, règlent les pratiques religieuses ». Il convient de les
distinguer des filid (poètes) et des bardes (récitants). Il convient surtout
de distinguer l'autorité druidique, sacerdotale, de l'autorité royale. Une
maxime de la société traditionnelle irlandaise nous y aidera : « nul ne peut
parler avant le roi ; mais le roi lui-même ne peut prendre la parole sans la
permission de son druide ». Nous retrouvons là
la division classique dans toutes les sociétés traditionnelles sans qu'il soit besoin
d'insister. Ultérieurement, la
figure du druide s'est christianisée en celle du chapelain du roi, son
conseiller favori (on pensera dans nos chansons de geste à l'archevêque Turpin
auprès de l'empereur Charlemagne). A travers la Franc-Maçonnerie britannique
où l'Orateur est qualifié de chapelain, ne faut-il pas voir dans l'obligation
qu'a celui-ci de parler, non le premier mais le dernier, une survivance de ce
rôle de conseil dans les choses essentielles ? Bien qu'il s'agisse
d'une époque plus basse, nous évoquerons aussi Saint-Louis, figurant à la fois
le roi et aussi un peu le prêtre par son sacre et sa sainteté, donc figurant de
façon affaiblie mais réelle l'image du Roi du Monde chère à R. Guénon : c'est
naturellement sous un chêne, arbre cher aux druides, figuration mythique du
centre du monde, que le Saint Roi rendait la justice. Le rôle
unificateur des druides a
fait l'objet de longues dissertations. De même qu'en Gaule César évoque un «
chef des druides » (B.G. VI 13) « à tous ces druides commande un chef unique
qui exerce sur eux l'autorité suprême », de même on a pensé qu'à travers les
diverses nations celtiques, séparées voire opposées, il existait une classe
sacerdotale unique du Danube à l'Irlande, ayant les mêmes règles de pensée et de
vie, dispensant le même enseignement. On a tiré pour cela argument de la numismatique
celte : d'un bout à l'autre du monde celte, les mêmes types de monnaie avec des
motifs décoratifs et symboliques analogues ou même identiques apparaissent aux
mêmes périodes. Ce n'est pas impossible ; mais rappelons-nous le caractère
uniquement oral de l'enseignement druidique et l'absence de toute archive qui
en découle et restons prudents. Notons que les
druides formaient non pas une caste fermée mais une classe non héréditaire
ouverte à quiconque s'en montrait digne par de longues études et des
dispositions appropriées. Quoi qu'il en soit,
le rôle du Druide apparaît bien comme celui du sage, complémentaire de celui du
roi qui représente la force. La beauté, ou la fécondité, sera l'apanage de la
troisième classe, celle des artisans. LE SYMBOLISME DE LA PIERREA lui seul, ce
sujet mériterait une planche entière. Dans le cadre si vaste qui nous a été
tracé, nous ne pouvons que l'effleurer allusivement sans le traiter à fonds. Comme chez d'autres
peuples, la pierre est considérée par les Celtes comme un lieu unissant le Ciel
— d'où elle peut être tombée (pensons aux pierres de foudre) et la Terre, sur
laquelle elle s'appuie, elle prend force. Elle est donc, comme l'homme, un
intermédiaire entre les deux. Mais elle est bien
plus : elle est aussi le fondement de la Terre ; c'est alors la pierre
primordiale sur laquelle le monde repose. L'on pensera à la transposition
chrétienne : le Christ, pierre rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la
pierre de l'angle sur laquelle tout repose. L'on pensera aussi à la
transposition talmudique : la Shethia, pierre fondamentale remplaçant l'Arche
d'Alliance. Sans entrer dans la
différenciation entre civilisations de la pierre taillée et civilisations de la
pierre brute, il faut noter que les anciens Celtes construisaient en bois et ne
taillaient guère la pierre. Pour eux, semble-t-il, la pierre brute symbolisait
Celui qui n'a pas de forme. Celui qui n'a pas été créé de main d'homme. Ils le
représentaient sous deux aspects, bien entendu complémentaires ; la pierre
dressée ou menhir (aspect « tanel » yang, igné, masculin) et la pierre couchée
ou « dolmen » (= table de pierre) (aspect « dourel », yin, aqueux, féminin).
Nous avons déjà vu cette complémentarité à propos du chaudron qui ne va pas
sans la lance. En complément de
cette vision statique binaire menhir-dolmen, il faut évoquer la représentation
dynamique de la pierre qui descend du Ciel (pierre de foudre ou béthyle) avant
d'y remonter grâce aux efforts personnels de l'homme, sur lui-même d'abord, qui
permet de transformer la pierre brute en pierre taillée harmonieusement. Tous
ces symboles nous sont très familiers et nous retrouvons ce symbolisme de la
pierre dans bien d'autres traditions anciennes et médiévales, l'alchimie en
particulier qui fera, nous l'espérons bien, le sujet de planches dans les
années qui viennent. Un autre aspect de
la pierre courbe (cromlech en celte) dans les survivances celtiques au Moyen
Age, dans ce qu'on a appelé la Matière de Bretagne, c'est cette pierre creusée,
ce vase de pierre précieuse, cette escarboucle tombée du front de Lucifer lors
de son exil du Ciel, miraculeusement transmise de générations en générations,
objet de la quête la plus sublime des plus purs parmi les plus purs, j'ai nommé
le Saint Graal, vase qui servit à la célébration de la Cène du Jeudi Saint et
qui recueillit le précieux sang des plaies du Crucifié le Vendredi Saint. III. - LES SURVIVANCES Cette évocation des
plus sommaires du Graal nous amène à nous interroger sur les survivances de la
Tradition Celtique chez nous Francs-Maçons de la fin du XXe siècle. Ces survivances
sont nombreuses et posent le problème des moyens par lesquels elles sont
arrivées jusqu'à nous, Francs- Maçons du rite écossais, l'Ecosse étant, nous le
savons, une terre celte. Exotériquement,
c'est la littérature irlandaise épique du Moyen Age qui a été le principal
vecteur. Mais ésotériquement
quelle a été la voie ? Je serai reconnaissant aux Frères qui pourront
m'éclairer sur ce point. Tentons de dégager
quelques-unes de ces survivances d'abord dans l'initiation, ensuite dans le
rituel. Les sides celtiques, souterrains séjours des morts
qui vont revenir à la vie sont comparables au cabinet de réflexion où le nouvel
initié, tel le germe enfoui, doit d'abord mourir pour renaître ensuite à une
vie nouvelle. Le rôle des
métaux était très important
dans la vie courante des Celtes, réputés pour leur métallurgie et leur
orfèvrerie. Mais dans les Iles de l'Occident, le Pays de la Jeunesse, la Grande
Plaine, en un mot le séjour de ceux qui ont traversé la mort et qui vivent
d'une vie nouvelle, le fer est là-bas inconnu ; ceux qui y vivent ont dépouillé
leurs métaux avant d'y parvenir. Les mutilations
rituelles des Fomoïrés,
êtres chtoniens, premiers occupants de l'Irlande, garants de sa fécondité,
détenteurs de pouvoirs magiques du fait même de leur contact avec le sol,
portent sur le pied droit et sur le bras gauche, membres que nous nous contentons
de dénuder lors de l'initiation au 1er degré. Ces mutilations
assuraient à ces Fomoïrés un meilleur contact avec la terre et par suite des
pouvoirs magiques. Ajoutons que ces
Fomoïrés passaient aussi pour être borgnes. Y a-t-il, dans quelque rite de la
Franc-Maçonnerie le fait de ne bander qu'un seuil oeil ? Je ne sais si nous
avons conservé cet aspect de la tradition. Les voyages « immrama » à but initiatique sont
fréquemment racontés au sujet des héros de la mythologie celtique. Avant qu'ils ne
passent au Moyen Age dans la Matière de Bretagne, spécialement dans la Quête du
Graal, où le chevalier ne devient parfait et n'atteint son but qu'après de
nombreux voyages générateurs d'épreuves à surmonter, il faut au moins
mentionner ce caractère particulier des premières chrétientés celtiques si
originales où les « pélerins » voulant vivre pleinement leur foi s'exilaient,
non vers un but de pélerinage précis mais « pour l'amour de Dieu » pour
s'abandonner à sa volonté et mieux renoncer à eux-mêmes, pour là encore
renaître à une vie nouvelle à travers les séries d'épreuves que leurs
réservaient ces voyages ; voyages le plus souvent maritimes dont le type est le
voyage de saint Brendan de Clonfert. Les lettres dans
le bûcher des morts. Lors des
funérailles, les Gaulois confiaient aux flammes des lettres à destination des
morts. De même, le
néophyte, symboliquement mort à la vie profane, voit disparaître dans les
flammes avec son testament une vie nouvelle ; il est donc normal, puisque le
vieil homme est mort, qu'une lettre contenant ses pensées soit brûlée pour
aller le rejoindre. La remise du
tablier jusqu'à ces
dernières décades, le tablier que nous portons était, paraît-il, non pas en
peau d'agneau (qui évoque le Feu du Bélier, signe de commencement, de renouveau)
mais en peau de porc, animal d'ailleurs impur pour la tradition
judéo-chrétienne, Dans un texte
épique irlandais, les fils d'un héros partent à la conquête d'une peau de porc
qui guérit toutes les blessures lorsqu'on s'en enveloppe le corps. Rappelons que pour
les Celtes, le sanglier, porc sauvage, est une figure de l'initié, du druide
détenteur de la sagesse. Merlin le druide dit à ses jeunes disciples « venez
auprès de moi petits marcassins ». Le secret
différé dans la légende du
Graal, l'oncle maternel de Perceval, l'ermite Trévizent, instruisant, initiant
son neveu, le mettant sur le chemin, lui révèle certaines choses que Perceval
ne comprendra que plus tard. L'initiation que
nous avons reçue n'est-elle pas analogue et n'est-ce pas plus tard, bien plus
tard que nous aurons saisi tout le sens ? Après ces
survivances dans l'initiation, nous chercherons à en retrouver dans le rituel
de nos tenues. L'orientation dans la tradition celtique, l'Est est
devant, le Nord à gauche, etc. Dans la langue bretonne actuelle, c'est encore
le même mot qui paraît-il désigne le Sud et la droite. La
latéralisation dans toute
la tradition celtique, la droite a un sens favorable, la gauche un sens
défavorable. Présenter la gauche à quelqu'un est signe de malheur, d'hostilité,
de bravade ou d'incorrection. C'est donc,
paradoxalement, le rite français qui semble avoir hérité de cette tradition —
alors que nous qui travaillons au rite écossais présentons, dès notre entrée
dans le Temple le flanc gauche à nos Frères. Il est vrai que nous présentons
alors notre côté droit, lors de nos circumambulations dans le Temple au centre
de celui-ci qui contient le tableau de loge — et le Trait. Le maillet est l'attribut du Dieu Sucellus, que nous
avons déjà étudié (§ 211), Dieu de la mort et de la vie ; nous avons déjà
souligné le caractère ambivalent de ce maillet. Les trois cris de
lumière d'après le bardas, texte traditionnel celtique, la Divinité s'est
manifestée en créant le monde par trois cris (ou trois rais) de lumière que
l'on vocalise, non pas par la répétition du même terme trois fois, mais par
trois lettres : O, I, W, dont la somme exprime l'Etre des êtres. Il y aurait,
bien sûr des rapprochements à faire avec d'autres traditions qui vocalisent le
Nom. De même, la
batterie de deuil triple acclamation avec battements de mains, se trouve déjà
chez les héros de l'épopée Iriandaise. L'accolade
fraternelle est déjà triple chez les héros celtes. L'épée et la
baguette. Nous retrouvons
encore ici une paire de complémentaires. Dans les opérations de magie celtique,
la baguette, normalement en bois de frêne, joue le rôle de condensateur des
énergies errantes (pensons à la baguette magique de nos fées). L'épée aura pour
rôle de disperser ces énergies qui pourraient nuire à l'expression spirituelle
du groupe en ce lieu et à ce moment- là (dans le folklore irlandais, le port
d'une épée protège contre les fantômes). De même, au début
d'une tenue, une baguette et une épée croisée purifient-elles le Temple et
favorisent-elles l'expression de l'égrégore. Nous comprenons
mieux maintenant le sens apotropéique de la voûte d'acier dressée au-dessus
d'un visiteur éminent ou, dans le monde profane, au-dessus des jeunes mariés à
la sortie de l'église où ils viennent de s'unir. L'Universel
Artisan Lug, Dieu solaire
qui vit encore parmi nous grâce aux villes françaises qui portent toujours son
nom (Lugdunum = la ville de Lug, qui a donné Lyon et Loudun), se présentant à
Tara, centre sacré, « milieu » de l'Irlande, au palais du roi Nuada, est « tuilé
» à l'entrée par le portier, nous dirions par le « couvreur », par le gardien
du seuil. Il s'y déclare «
charpentier, forgeron, champion, harpiste, guerrier, magicien, médecin,
chaudronnier ». En quelque sorte, il est poly-technicien « il-danach » (= qui
possède des techniques nombreuses). C'est l'Universel Artisan ; et l'on ne peut
pas ne pas penser aux Pythagoriciens (Pythagore aurait été, dit-on, initié
aussi chez les Celtes) et au « Théos Technitès », le Dieu arrangeant avec art,
qui fut plus tard appelé par la tradition pythagoricienne le G.A.D.L.U. Notons en passant
la qualification première de charpentier prise par Lug — à rapprocher de
I'Evangile selon saint Marc VI, 3 où Jésus est ainsi qualifié « n'est-ce pas le
charpentier ? » (et non pas le fils du charpentier Joseph). Les repas
rituels aux grandes fêtes
(Samain, etc.), c'est dans une salle rectangulaire ou L = 4 I, orientée,
appelée « salle du Milieu » (chambre ?) qu'a lieu le banquet rituel de « Fes
Temrach » donné par le roi. La place de chacun
y est assignée suivant son rang ; au centre sont le feu et l'eau, symboles du
binaire fondamental. Les mets servis ont
une valeur rituelle : œuf d'oie (commencement), sanglier et saumon (sagesse),
le tout assaisonné de miel (nourriture d'immortalité d'origine aérienne et
solaire) et accompagnés de bière et d'hydromel (simple et double fermentation,
symbole, pour le 2e, d'une double mort initiatique). Le feu nouveau,
rallumé à cette occasion, le premier de tout le pays, souligne, comme tout dans
le repas, le renouvellement du monde ; nous songeons tout naturellement à cette
devise bien connue « ordo ab chao ». La chaîne d'unionCuchulainn, le
principal héros épique irlandais, à résonance solaire, Fer Diad et d'autres
disciples du druide Scathach, après le rite de mélange des sangs — qui ne
semble pas avoir subsisté chez nous — se prennent par les mains circulairement
et jurent de se considérer comme frères et de donner leur vie les uns pour les
autres. Les nombresLe temps nous
manque pour étudier les valeurs des nombres impairs supérieurs à trois, très
significatifs dans la tradition celtique. Mais nous ne
voulons pas quitter le symbolisme de la Loge sans mentionner que dans la
mythologie irlandaise nous trouvons parmi les peuples de la Déesse Dana (Thuatha
Dé Dannén). — Dagda, le druide, représentant la
sagesse (pensons à son chaudron), — Nuada, le roi « à la main d'argent »,
qui représente la Force, — Ogma, le
champion, inventeur de l'écriture ogamique, Dieu de l'éloquence, qui représente
la Beauté. CONCLUSIONSTout en ayant été
fort long, j'ai le sentiment des lacunes de cette planche. Il y aurait encore
énormément à dire sur ce monde traditionnel celtique qui revit en nous tant en
Loge que dans le monde profane. Heureusement,
d'autres viendront après moi qui parleront de la mythologie occidentale, du
fils du Dieu solaire Bélénos (Belin dans la toponymie française), ce Gurgunt,
popularisé sous le nom de Gargantua qui, d'Est en Ouest, suivant la course du
soleil, a laissé des traces depuis le mont Sainte Odile en Alsace jusqu'au mont
Saint Michel, voisin de l'ilôt de Tombelaine (tombe Belène, tombeau de Bélénos
où le soleil meurt dans la mer). Si j'ai été trop
long, au moins vous saurez, que la Lumière ne vient pas seulement de l'Est ou
du Sud-Est mais aussi du Nord. Vous ne serez plus
de ceux, comme l'a dit R. Guénon, qui n'osent pas traverser la Méditerranée. |
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