GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 4T/1976 |
Transparence
O Temps ! Flèche
qui suit l'interminable trait
Comme la mer mouvante est semblable au nuage, Et comme eux miroitante et captivante image ! Hier, demain, la vie.., hier, demain, la mort... Et le gouffre insondable où s'agite et se tord Le monstre aux milliers d'yeux qui me guette et m'attire Et dont la vue accroît sombrement mon délire... Laisse ! Que je contemple encor un peu de ciel ! Et de ma lèvre éloigne un calice de fiel ! Mon nom seul est inscrit sur les tables de marbre : Je n'ai pas accepté, j'ai désavoué l'arbre, Je me voulais marchant, criant et pouvant fuir Dès le premier instant de ton premier désir. Fuir ! Vers quel horizon ? Fuir ! Vers quelle patrie ? Univers ! O prison ! Et toi ma chair meurtrie, Comment forcerais-tu ces murailles qui font Un cercle infranchissable où se heurte ton front ? Me fallait-il germer ? Pourquoi m'a-t-on fait naître ? N'étais-je point heureux avant de rien connaître ! Dans le calme hanté des froides noires nuits, Sans crainte, sans espoirs, sans haines, sans ennuis, Sans soleil, sans amour et sans père et sans mère J'existais ! J'existais ! Tranquille, solidaire ! Je devins animal, ayant chaud, ayant froid, Je connus la douleur, la faim, la soif, l'effroi. Homme, je sus que l'homme en nos lieux est seul digne D'ensemencer, de rire. Et pourtant je m'indigne Car je voudrais savoir et j'ignore où je vais. Le bien, le mal, sinon le bon ou le mauvais Par moi sont distingués. Certes ma connaissance Se résume à bien peu, mais j'ai la conscience. Que de fois j'ai songé, que de fois j'ai souffert En demandant pourquoi ? Mais dans le livre ouvert Où s'inscrit mon destin, la page est vierge et blanche. Ce que j'ai deviné le fut par transparence... |
P023-7 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |