GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 2T/1978 |
Réflexion sur
Le grand Architecte de l’Univers « De tous les Etres, le plus ancien « c'est DIEU, car il n'a pas été engendré. « Le plus beau c'est le MONDE, car « il est l'ouvrage de DIEU ». THALES (Vle siècle avant J.-C.). Dès sa création la
Franc-Maçonnerie spéculative anglaise a fixé des landmarks, c'est-à-dire des
bornes, des règles à observer au-delà desquelles n'y a plus de maçons, mais
seulement des membres d'une société profane, non initiatique. Toute obédience se
situant en dehors de ces landmarks est considérée comme irrégulière par les
puissances maçonniques anglo-saxonnes. En pratique, la clé
de voûte de l'édifice initiatique maçonnique, le symbole fondamental de la
Maçonnerie est le Grand Architecte de l'Univers. Son invocation au début et à
lia fin des travaux maçonniques donne aux adeptes le sentiment de participer à
une assemblée placée au-delà de l'humain et les aide à trouver la plénitude du
sens de la vie. Signalons que cette expression de « Grand Architecte de
l'Univers » est aussi ancienne que la Franc-Maçonnerie. Incontestablement,
la maçonnerie opérative était d'essence religieuse et un certain caractère
religieux a été conservé dans la maçonnerie spéculative, lors de son
organisation par Anderson en 1723. A cet égard il apparaît nécessaire
d'examiner l'évolution subie par le symbole du Grand Architecte de l'Univers
depuis cette date. Tel est l'objet de
notre propos. Au préalable, nous
jugeons utile de définir les deux concepts du déisme et du théisme, de façon à
nous faire mieux entendre. Le déisme est un
système reconnaissant l'existence de Dieu. C'est une croyance basée sur la
raison, mais rejetant toute révélation et partant, tout dogme, et observant la
religion naturelle. En un mot, le
déiste croit en un être supérieur incognescible. Le théisme, par
contre, est la croyance en seul dieu personnel transcendant et en sa volonté
révélée. Le Dieu, créateur de l'Univers, le régit et est immanent dans cet
Univers. En fait, le déiste,
tout en admettant que la raison peut saisir d'existence d'une puissance
supra-humaine, d'un Absolu, d'un Principe, se refuse à en analyser les
caractères qui échappent aux facultés humaines, tandis que le théiste s'estime
capable de les étudier. Ces différences
étant établies, est évident que le problème essentiel et indiscutable pour tout
Franc-Maçon est la croyance dans le Grand Architecte de l'Univers. Nous ne
traiterons pas dans ces conditions des Obédiences, telle le Grand Orient de
France, qui rejette toute allusion à ce symbole sans toujours l'avoir exactement
compris. Pour nous, ce symbole doit, en principe, être aussi bien admis et
entendu par le déistes que par les théistes. Mais qu'en est-il, en réalité,
dans la pratique ? * * * L'article ler des
Constitutions dont la rédaction est due aux Pasteurs Anderson et Desaguliers et
qui constituent la carte universellement reconnue de la Maçonnerie spéculative
dans sa formulation de la première édition de 1723, précise : « un maçon est
tenu par son obligation d'obéir à la loi morale et, s'il entend bien l'art, il
ne sera jamais un athée stupide, ni un libertin irréligieux ». Ce texte, bien
qu'il soit interprété par certains commentateurs comme constituant une
condamnation de l'athéisme, constitue un progrès considérable par rapport aux
landmarks des anciens Devoirs (les Old Charges), des maçons opératifs. En
effet, ces Devoirs s'adressaient à une confrérie catholique, constructrice
d'édifices sacrés, composée de loges opératives dispersées, tandis que les
constitutions concernent des loges spéculatives groupées, organisées, déistes,
au sein desquelles se côtoient des catholiques, des protestants, des juifs,
des musulmans, etc. Certains auteurs estiment que cette évolution est la
conséquence, sinon le fait, des membres des églises réformées qui aspiraient à
entrer en Maçonnerie et peut-être même à la diriger. En tout état de cause,
avec le symbolisme du Grand Architecte de l'Univers apparaît une des premières
manifestations de la liberté de conscience : des hommes de religion différentes
peuvent officiellement se réunir et participer à une oeuvre initiatique
commune. li s'agit bien d'une manifestation de tolérance, aussi large que
l'état d'esprit de l'époque le permettait. Sous diverses
pressions, le Grand Maître Dervenwater dans ses règlements du 27 octobre 1736 a
cru devoir modifier cette conception libérale en imposant de façon formelle la
croyance en un Dieu personnel, créateur de l'Univers, père de tous les hommes.
Il précise : « un maçon ne sera jamais un athée, ni un libertin sans religion
». Cette position, en régression par rapport à celle d'Anderson, restera,
hélas, comme nous allons le voir, celle de lia Maçonnerie anglaise. C'est ainsi que
l'obligation I des constitutions de la Grande Loge Unie d'Angleterre, publiées
en 1813, à la date de la constitution de cette nouvelle obédience par fusion
de deux autres puissances maçonniques, est ainsi rédigée : « Quelle que soit
la religion d'un homme, ou sa manière d'adorer Dieu, il n'est pas exclu de
l'ordre, pourvu qu'il croie au Glorieux Architecte du ciel et de la terre ». Le dogme de la
croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers, restera un landmark de la
Maçonnerie anglaise, qui n'a jamais cessé d'accentuer sa tendance conservatrice
et rétrograde. Pour la Grande Loge
Unie d'Angleterre « la Maçonnerie est un culte pour conserver et répandre la
croyance en l'existence de Dieu, pour aider les Maçons à régler leur vie et
leur conduite sur les principes de leur propre religion quelle qu'elle soit, à
condition que ce soit une religion monothéiste, qui exige la croyance en Dieu
comme .Etre Suprême, et que cette religion ait un Livre Sacré, considéré comme
contenant la volonté révélée de Dieu, et sur lequel l'initié puisse prêter
serment à l'Ordre. » Donc, le Maçon
anglais doit avoir UN DIEU PERSONNEL, il doit être théiste et croire à des
dogmes. Cette position est
évidemment en net retrait sur celle, plus tolérante, d'Anderson. Le célèbre écrivain
maçonnique, A. Mackey, estime que le landmark essentiel est la croyance en
l'existence de Dieu comme Grand Architecte de l'Univers et en la résurrection
en une vie future. Il s'agit d'une interprétation encore plus étroite des Constitutions
d'Anderson. Dans le même sens,
le Credo Maçonnique, rédigé en 1924 par la Grande Loge de New York, proclame :
Il existe un Dieu unique, père de tous les Hommes ». La Grande Loge Unie
d'Angleterre se dit la Grande Loge mère du Monde, en raison de l'antériorité de
sa fondation. Elle se dit la gardienne des us et coutumes traditionnels de la
Maçonnerie dite régulière. Elle décidait, le 4
septembre 1929, dans un mémoire en huit points, relatif aux critères de
régularité des obédiences : « que la
croyance au Grand Architecte de l'Univers et en sa volonté révélée soit une
condition essentielle pour l'admission de ses membres ». Cette même grande
Loge confirmait ainsi sa pensée dans une lettre adressée le 18 octobre 1950 à
la Grande Loge d'Uruguay : « La vraie
maçonnerie doit conserver et répandre la croyance en l'existence de Dieu...
mais ce doit être une religion monothéiste... ayant un Livre Sacré ». Aussi explicite est
la Constitution de la Grande Loge de la Caroline du Sud : « Quiconque...
désire devenir Franc-Maçon doit être informé qu'il doit croire fermement dans
l'existence de la Divinité, qu'il doit l'adorer et lui obéir, en tant que Grand
Architecte et Gouverneur de l'Univers ». En France même, la
Grande Loge Nationale Française, fondée en 1913 par des dissidents du Grand
Orient, se dit la seule obédience régulière française, en fonction des
landmarks anglo saxons qu'elle respecte, et se trouve être la seule puissance
maçonnique française reconnue par la Grande Loge d'Angleterre. Dans un manifeste
adressé à la presse en septembre 1960, les dirigeants de la G.L.N.F.
précisaient : « la première
condition pour être admis dans l'Ordre et pour faire partie de la G.L.N.F. est
la' croyance en l'Etre Suprême et en sa volonté révélée. Cette règle est
essentielle et n'admet aucun compromis ». Cette même
obédience, dans une communication datant de 1961, écrivait : « Il ne peut y
avoir de maçonnerie régulière en dehors des principes de varietur suivants : croyance en
Dieu, Grand Architecte de l'Univers - croyance en sa volonté révélée et
exprimée dans le Livre de la Sainte Loi - croyance en l'immortalité de l'âme ». Enfin, la G.L.N.F.
dans une règle en 12 'points, datant de 1967, déclare : « La
Franc-Maçonnerie est une fraternité Initiatique qui a pour fondement
traditionnel la Foi en Dieu Grand Architecte de l'Univers ». Aussi l'un de ses
membres, J. Tourniac, estime-t-il que « 'la Croyance en Dieu, Grand Architecte
de l'Univers, est la base et le fondement primordial de notre édifice ». Force est donc de
constater, à la lecture de ces citations, volontairement limitées, que les
maçons anglo-saxons, suivis en cela par ceux de la G.L.N.F., ont fait une
démarche spirituelle régressive, revenant aux anciens Devoirs des opératifs et
négligeant toute l'évolution de la pensée humaine depuis la création de la
maçonnerie spéculative, mieux encore, en étant en retrait par rapport à
Anderson. Aussi ces maçons croient, de bonne foi, semble-t-il, que seules les
obédiences auxquelles 'ils appartiennent sont régulières. « Chaque rite, a
dit Papus, a la singulière prétention d'être seul régulier ». C'est
pourquoi les obédiences anglo-saxonnes « excommunient » volontiers les
puissances maçonniques qui n'admettent pas leur conception des landmarks,
autrement dit celles qui ne reconnaissent pas l'obligation, pour leurs membres,
d'être des théistes, ayant un dieu personnel, créateur rigoureusement affirmé
par sa volonté révélée. L'Ecossisme, ordre initiatique
traditionnel, quant à lui, ne prétend pas détenir la vérité révélée et
n'aspire pas à un monopole de régularité maçonnique. Il n'a pas non plus la
prétention d'imposer son point de vue aux autres rites maçonniques, car il
pratique un large esprit de tolérance mutuelle. L'Ecossisme, dans
la ligne de l'esprit libéral qui le caractérise, désigne le Dieu allégué par
Anderson par un symbole : celui du Grand Architecte de 'l'Univers. Et 'l'ordre
travaille à le glorifier et non à le définir. Conformément au
Code élaboré par la conférence du Luxembourg du 15 mai 1954, les maçons
écossais prêtent le serment d'admission sur 'les Trois Grandes Lumières. Pour
eux l'interprétation des symboles, et notamment celui du Grand Architecte de
l'Univers, relève exclusivement de la conscience de chaque adepte, la pratique
scrupuleuse du rituel, 'l'étude du symbolisme et le travail personnel
demeurant les seuls moyens d'accès au contenu initiatique de l'ordre. A 'plusieurs
reprises la 'position de la Grande Loge de France a été définie à la radio.
Retenons deux citations. La première date de
1959 : « Croyance en un principe de Vie, créateur et ordonnateur transcendant
et immanent. Sagesse infinie, Connaissance 'parfaite, Amour, Perfection, c'est
notre Grand Architecte de l'Univers qui conditionne notre initiation du premier
au dernier jour de notre existence maçonnique. » La deuxième,
particulièrement explicite, fut énoncée le 18 octobre 1959 par le Grand
Maître, dans les termes suivants : « chacun choisit son sentier personnel dans
le vaste jardin initiatique, mais toutes ces voies 'individuelles conduisent
vers la ConnaisSance de et vers l'identification finale de l'initié avec Elle.
Comment ce cheminement initiatique pourrait-il s'accomplir si le voyageur ne
croyait pas en l'existence du havre vers lequel il 'progresse ? ». Pour le maçon
écossais, le Grand Architecte de l'Univers est un principe créateur, dynamique
par excellence, organisateur de l'Univers. Mais aucun dogme ne s'y rattache. Il lui est loisible
de la concevoir comme la loi qui régit la matière, dont les hommes ne peuvent
percevoir que les manifestations sensibles ; dans ce cas, l'univers visible
dont il est le principe conducteur et conservateur est la divinité à l'état de
manifestation. Il peut l'entendre
comme l'organisateur, l'ordonnateur, le géomètre, la force d'ordre qui lutte
contre le chaos et lui substitue une harmonie, c'est-à-dire comme un principe
d'Ordre. H peut aussi
l'admettre comme un Dieu créateur, Principe d'existence, ce peut être le dieu
des philosophes du XVIII° siècle, aussi bien que le Dieu des Religions
révélées. Il justifie toujours la lutte de l'homme contre la matière, le hasard
ou le destin. Le symbole du Grand
Architecte de l'Univers n'étant lié à aucune croyance exprime donc la foi du
maçon écossais dans la totale liberté de conscience. Il se place tout
naturellement dans le cadre de l'initiation sur un plan idéal transcendant le
chaos, exaltant les valeurs spirituelles les plus hautes, donnant de goût du
sacré et conduisant au voyage vers l'invisible. * * * Ainsi, pour
l'Ecossisme, ale Grand Architecte de 'l'Univers, c'est le Dieu de Platon, tel
qu'il le définit dans « Timée » : « le Dieu prit
toute la masse des choses visibles qui n'étaient pas en repos, mais se mouvait
sans règle et sans ordre et le fit passer du désordre à l'Ordre, estimant que
l'ordre 'était supérieur à tous égards ». C'est aussi la
divinité dont parle Voltaire dans ses « Dialogues philosophiques » : « cet 'architecte
de l'Univers si visible à notre esprit et en même temps incompréhensible, quel
est son séjour ? De quel ciel, de quel séjour envoie-t-il ses éternels décrets
à toute la nature ? Je n'en sais rien, 'mais je sais que toute la nature lui
obéit ». Il est donc certain
que pour le maçon écossais, le Grand Architecte de l'Univers n'est pas
nécessairement une personne divine, dont la volonté révélée est visible en Loge
et s'est exprimée une fois pour toutes par 'le texte immuable d'une Loi écrite.
C'est un principe supérieur et idéal qui n'exige aucun Credo. Au Convent de
Lausanne de 1875, les Suprêmes Conseils Européens du Rite Ecossais ont adopté
divers textes à ce sujet, qu'il nous paraît opportun de rappeler. Dans un document
intitulé « Définitions », ils ont précisé : « La
Franc-Maçonnerie a pour doctrine la reconnaissance d'une Force supérieure dont
elle proclame l'existence sous le nom de Grand Architecte de l'Univers ». Dans
une « déclaration de principes », il a été arrêté : « La
Franc-Maçonnerie proclame l'existence d'un Principe Créateur sous le nom de
Grand Architecte de l'Univers ». Enfin, dans une ultime déclaration, les
Suprêmes Conseils concernés ont précisé : « Aux Hommes dont la religion est
la suprême consolation, la Maçonnerie a dit : cultivez votre religion sans
obstacles, suivez les aspirations de votre conscience. La Franc-Maçonnerie
n'est pas une religion, elle n'a pas de culte. » La devise du
Suprême Conseil « Deus meumque jus » (Dieu et mon Droit) montre la relation
reconnue par le Rite Ecossais Ancien et Accepté entre Dieu et l'Homme, ce
dernier 'ne se voyant imposer, en sa qualité de maçon, aucune autre voie que
celle choisie par sa conscience. La position
officielle de l'Ecossisme a donc été clairement définie. Elle n'a pas varié. Elle
montre que la notion de Grand Architecte de l'Univers est à la fois plus ample
et plus restreinte que celle du Dieu des différentes religions. En ce qui concerne
le Volume de la Loi Sacrée, l'attitude de l'Ecossisme est semblable. Ce Livre
est, en effet, l'une des Trois Grandes Lumières de l'Ecossisme, non pas en tant
qu'expression de la volonté révélée de Dieu, mais comme symbole de la plus
haute spiritualité humaine. * * * Répétons-le : le
symbole du Grand Architecte de l'Univers est le plus important de la
Maçonnerie. Malheureusement, son interprétation sépare et divise les
Obédiences. Celles qui se
disent « traditionnelles » sont devenues, au fil des années, théistes,
orthodoxes et conformistes. Elles exigent la croyance en un Dieu personnel. Par contre,
l'Ecossisme est indubitablement déiste et libéral. En cela, l'Ordre
Ecossais est resté fidèle à la Tradition, H a su appliquer le principe de
tolérance implicitement formulé par les Constitutions d'Anderson, en tenant
compte de l'évolution spirituelle de l'humanité au cours de ces deux derniers
siècles. A la conception
anglo-saxonne rigide des landmarks, le Rite Ecossais Ancien et Accepté a su
opposer la compréhension vivante et enrichissante du concept fondamental de
l'Ordre, témoignant par-là même de sa haute valeur initiatique. Pour ses
adeptes, l'interprétation du prestigieux symbole du Grand Architecte de
l'Univers, les aide à poursuivre leur cheminement sur la voie de l'initiation,
qui est libération à 'l'égard des dogmes. C'est le meilleur témoignage de la
capacité du Rite de faire pratiquer une réelle tolérance active, contrairement
au regrettable usage en vigueur dans d'autres obédiences qui glorifient de
façon purement formelle cette vertu, sans la mettre en pratique dans le domaine
métaphysique. L'Ecossisme met
ainsi en oeuvre un efficace retour aux sources, fondement de la régularité de
ses adeptes, tandis que les obédiences qui se disent « traditionnelles »
restent figées dans leur dogmatisme et leur intolérance. Déistes, les maçons
écossais le sont. Certains d'entre eux peut-être la majorité, sont également —
mais à titre personnel — anticléricaux. C'est sans doute cette dernière
position — qui n'est pas celle officielle du Rite — qui a pu provoquer un
malentendu dans l'esprit des Anglo-saxons. En effet, compte tenu de leur état
d'esprit propre, anticléricalisme et athéisme peuvent être plus ou moins
assimilés l'un à l'autre. De cette confusion
que nous voulons croire involontaire, a pu découler leur attitude envers
l'Ecossisme, qui se situe à mi-chemin de l'ignorance 'dédaigneuse et de
l'hostilité avouée. est certain que le
Rite Ecossais Ancien et Accepté ne peut que partager l'opinion de la Maçonnerie
anglaise sur le postulat qu'une société initiatique doit respecter un minimum
de principes intangibles, si elle ne veut pas dégénérer peu à peu et se
transformer en un groupement de clubs plus ou moins fermés, mais devenus
'profanes par la nature même de leurs motivations, de leurs travaux et de leurs
interventions publiques. Par le fait même
que les Anglais dénient toute valeur symbolique au Grand Architecte 'de
l'Univers et le définissent étroitement, il semble bien qu'ils ne voient dans la Maçonnerie qu'une pratique plus
élargie de leur religion. Ils en font, en quelque sorte, un culte
complémentaire. Pour les maçons écossais, cette attitude ne paraît pas
compatible avec la tradition et la nécessaire évolution de l'ordre. En ce
domaine, plus encore qu'en d'autres, la recherche de la vérité nécessite une
absolue liberté de pensée et de conscience, conjuguée avec son indispensable
corollaire : LE RESPECT DE L'HOMME. Aussi, l'Ecossisme
est contraint — quoi qu'il lui en coûte sur le plan de la fraternité — de
rejeter le landmark imposé par la Grande Loge Unie d'Angleterre : la croyance
en un dieu personnel et à sa volonté révélée. Il reste ainsi fidèle à 'la
conception libérale des premiers créateurs des obédiences maçonniques. Néanmoins, les
maçons écossais souhaitent, ardemment, qu'au-delà des divisions interobédiences
à ce sujet, puisse enfin voir le jour une confédération d'obédiences, liées par
une charte commune basée sur les points d'accord. « Rassembler ce qui est épars
», n'est-ce point là le travail de tout Maître Maçon ? Dans cette perspective,
l'universalisme maçonnique, tant désirable et tant désiré, passerait enfin dans
les faits. Il s'épanouirait pour la plus grande gloire et pour la prospérité de
la Maçonnerie et permettrait une plus large exaltation de son message
spirituel. |
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