GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 1T/1987 |
La solidarité fraternelle
des peuples
est-elle une utopie ou une nécessité? La Constitution de
la Grande Loge de France pose comme principe fondamental que les Francs Maçons
travaillent à l'amélioration constante de la condition humaine, tant sur le
plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien-être matériel. Cela fut
incontestablement vrai des Francs-Maçons du XVIIIème siècle dont la réflexion
et l'action ont abouti à la Déclaration des Droits de l'Homme: Liés comme ils
l'étaient au Mouvement des Lumières, les Francs-Maçons du XVIIIème siècle ont
participé, de la plus noble façon, au progrès de la condition humaine, sur le
plan intellectuel, sur le plan matériel, mais aussi sur le plan spirituel dans
la mesure où ils ont fait de la tolérance une vertu alors qu'elle était, avant
eux, considérée comme une faiblesse, voire comme un crime puni de mort. Au XIXème siècle
également, les Francs-Maçons ont oeuvré pour l'amélioration de la condition
humaine, notamment par le rôle qu'ils ont joué dans le domaine social. Ils
n'ont pas été les seuls à faire progresser la justice, la liberté, l'égalité,
la fraternité, mais ils ont été dans tous les grands combats qui ont permis de
les concrétiser ou de les défendre. En cette fin du
XXème siècle, que faisons-nous pour faire progresser encore la condition
humaine ? Je ne pose pas cette question de façon rhétorique, je la pose en tant
que Grand Maître de la Grande Loge de France, je la pose car la réponse n'est
pas évidente. Pour moi, il ne fait pas de doute que nous poursuivons l’œuvre de
nos aînés, mais je comprends ceux qui me disent qu'il nous reste à le prouver. C'est dans cet
esprit que le samedi 21 Mars 1987, de 9 heures à 17 heures, à l'UNESCO, 7 Place
de Fontenoy à Paris, la Grande Loge de France organise ses désormais
traditionnelles "Rencontres avec la Grande Loge de France". Cette
année, nous avons retenu le thème "La solidarité fraternelle des peuples.
Utopie ou nécessité ?". Le 21 Mars, nous allons essayer de répondre à
cette grave et difficile question, mais nous voulons le faire autrement que de
façon théorique. Prendront en
premier la parole les représentants de la Grande Loge du Pérou, le Grand Maître
mais aussi le Directeur du Plan Maçonnique Régional, base pour un Plan
Maçonnique Mondial. De quoi s'agit-il et pourquoi le Pérou ? Parce que c'est à
la Grande Loge du Pérou qu'est née l'idée d'un plan maçonnique de solidarité
entre pays riches et pays démunis. Ce plan a été proposé en 1985, à la réunion
de la Confédération Maçonnique Interaméricaine, et il a été adopté par
l'ensemble des Grandes Loges de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Sud. En
quoi consiste-t-il ? Si je me réfère au texte même qui a été diffusé par la
Grande Loge du Pérou, je retiens les grandes idées suivantes : le plan veut
présenter la véritable image des pays démunis. Il veut éveiller la réflexion de
ceux qui habitent dans des pays plus favorisés. Il ambitionne la vraie paix
dans le monde. Je donne ici la traduction du texte espagnol tel que nos Frères
péruviens nous l'ont eux-même adressée. Il s'inscrit enfin dans la grande
tradition maçonnique puisqu'il affirme, contre la vieille idée des paradis
perdus, que la condition humaine doit et va s'améliorer. Pour cela, le plan
fait appel aux Grandes Loges et leur demande d'informer leurs membres sur la
situation réelle du monde actuel. Le plan demande également aux Grandes Loges
de s'entretenir de cette question avec toutes les personnalités influentes de
leurs pays respectifs. Enfin, le plan sollicite des aides directes de Grande
Loge à Grande Loge pour obtenir des résultats immédiats. Dès que nous en
avons eu connaissance, nous avons été très intéressés par ce Plan Maçonnique
Régional et je me suis rendu personnellement au Pérou à l'invitation de cette
Grande Loge importante et dynamique. J'ai pu me rendre compte par moi- même du
sérieux avec lequel nos Frères péruviens se sont mis au travail et j'ai eu la
joie de leur apporter, au nom de la Grande Loge de France, une aide directe
dans le domaine de la santé. Mais cela est
insuffisant et le 21 Mars, à l'UNESCO, nos Frères péruviens vont nous expliquer
ce qu'ils peuvent espérer des autres Grandes Loges et des autres pays. Comme c'est notre
usage à l'occasion des "Rencontres avec la Grande Loge de France",
nous avons invité un certain nombre de personnalités n'appartenant pas à notre
Grande Loge mais susceptibles de nous éclairer sur ce problème délicat des
aides extra-gouvernementales de pays à pays. C'est ainsi qu'après avoir écouté
le Directeur du Plan Maçonnique Régional, membre de la Grande Loge du Pérou,
Ricardo Noriega Salaverry, le professeur Jacques Vigneron nous parlera des
limites et des possibilités de la solidarité entre les peuples ; après lui, ce
sera le professeur Alexandre Dorna qui nous proposera un autre langage face au
Tiers- Monde. Troisième conférencier, Louis Bruneau, Président de la Chambre de
Commerce France/Amérique Latine et Président de l'Association pour le
Développement des Relations avec l'Amérique Latine, nous dira comment la
solidarité est aujourd'hui à la fois une morale et une nécessité. — Louis Perrin, Président de l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture, — Gabriel Marc, Président du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement. Gabriel Marc est
certainement, de tous les Français, un de ceux qui ont la plus grande pratique
de ce type de solidarité et il nous fera profiter de son expérience. Il nous
dira aussi quels écueils doivent être évités. — Joseph Le Bihan, Professeur à l'Institut Supérieur des Affaires de la Chambre de Commerce de Paris, — Etienne Caen, fondé de pouvoir du Groupe Louis Dreyfus. Voilà un programme
qui pourra paraître à certains bien étranger aux préoccupations supposées de la
Grande Loge de France. Je dis "supposées" car je lis souvent dans la
presse que la Grande Loge de France ne fait pas de politique et qu'elle se
cantonne dans des travaux symboliques, ésotériques et philosophiques. Il est
vrai que notre Grande Loge ne fait pas de politique et son Grand Maître n'a pas
le droit de prendre, sur des sujets politiques, des positions publiques. Il est
vrai que nos Loges aiment les travaux symboliques, ésotériques et
philosophiques. Mais il s'agit là des moyens de la connaissance et non d'une
fin en soi. Comme je le disais il y a un instant, la Constitution de la Grande
Loge de France pose comme principe fondamental que nous travaillons à
l'amélioration constante de la condition humaine. C'est pourquoi notre
programme du 21 Mars s'inscrit tout à fait naturellement dans celui de nos questions
à l'étude des Loges et dans les préoccupations traditionnelles de la Grande
Loge de France. Je souhaite, pour
ma part, que ce programme attire non seulement de nombreux Francs-Maçons, mais
toutes les femmes et tous les hommes qui sont prêts à consacrer tout un samedi
à une réflexion fondamentale sur un des plus grands sujets qui puissent
aujourd'hui préoccuper l'humanité. Nous le ferons en
toute indépendance des options politiques de chacun et selon la règle de notre
tradition. J'invite donc tous ceux,
Francs-Maçons ou non, qui veulent se procurer le programme, à écrire au
Secrétariat de la Grande Loge de France, 8 rue Puteaux — 75017 PARIS, et je
leur donne rendez- vous au samedi 21 Mars, à 9 heures, dans la grande salle de
l'UNESCO, Place de Fontenoy à Paris. Jean Verdun Grand
Maître |
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