GLDF | Revue : Points de Vue Initiatiques | 4T/1987 |
Le Cantique des Cantiques Ce poème, dans un
langage d'amour, tend à nous dévoiler les rapports entre Dieu et l'homme. Mais,
cette affirmation est contredite par beaucoup. Tout d'abord, ce texte, dont le
sens littéral est quelque peu érotique, surprend dans le recueil de textes
inspirés qui constituent la Bible, d'autant plus surprenant qu'il ne contient
qu'une seule évocation du divin, faite sous une forme ambiguë. Le Cantique est
court, il ne comprend que 117 versets et se présente comme une suite de poèmes
relatant les amours d'une jeune bergère avec un homme, un jeune berger ou un
roi, on ne sait. Dans la Bible, il est attribué à Salomon, mais tous les
exégètes affirment qu'il lui est postérieur de plusieurs siècles, datant sans
doute du IVe siècle avant J-C. Cependant, il contient des réminiscences salomoniennes,
ce qui peut faire penser que le texte écrit est inspiré de poèmes oraux plus
anciens. André Chouraqui,
dans son monumental L'Univers de la Bible (1) dit : "Peu de livres ont été
davantage lus, traduits et commentés et ces multiples interprétations offrent
un véritable délire d'opinions contradictoires sur tous les points : âge,
auteur, sens général du livre, composition, genre littéraire, signification des
mots principaux et de la terminologie générale. Deux camps principaux
s'affrontent : d'un côté l'école mystique, de l'autre les naturalistes ou
rationalistes ... Ceux-ci découvrent dans ce poème, une allégorie qui met en
scène un roi, une bergère, un pâtre séduisant. Ils l'interprètent dans le sens
d'un drame, d'un mélodrame, d'une comédie, d'un poème érotique et même d'un
opéra". Les écrits
exotériques juifs (Targoum, traduction de la Bible en chaldéen) Midrash
(commentaire, en quelque sorte pratique de la loi) et d'autres écrits
rabbiniques ne voient dans le Cantique rien d'autre qu'un exposé de l'histoire
d'Israël dans ses trois grands actes : 1) la période qui s'écoule entre la
sortie de Misraim (Egypte) et la destruction du Temple ; 2) l'exil ; 3) la
rédemption messianique. Pour les exégètes autorisés, il ne s'agit rien d'autre
que de l'union mystique d'Israël et de son Dieu. Les baisers, le visage, les
seins, le ventre, les cuisses, les jambes de la Shoulamite ne sont que des
allusions à l'épopée historique d'Israël. Les seins sont les tables de la Tora
ou les habits sacerdotaux du grand prêtre. Les parfums sont ceux des vertus. Le
vin celui du mystère de la vie mystique de Dieu. La délectation amoureuse est
contemplation infinie, infiniment amoureuse du Créateur. Aquiba, grand
docteur d'Israël martyrisé par les Romains en 132 a dit : "le monde
n'avait ni valeur, ni sens avant que le Cantique fut donné à Israël" et il
rappelait : "que lorsqu'un homme se sert d'un verset du Cantique comme
d'une chose profane, l'Écriture s'en plaint à Dieu, comme d'un
avilissement". Dans une conférence
faite en 1973 à l'Institut d'Herméneutique, André Chouraqui a abordé l'aspect
ésotérique du Cantiqye : "le mot Shir, qui veut dire cantique, signifie le
nombre 1, l'unité suprême, le Shirim cantiques signifie 2, nous avons donc 3 et
nous sommes là au mystère, sinon de la trinité, du moins dans la triade
suprême, c'est la Coupe de la Suprême Bénédiction qui doit être saisie de la
main droite pour passer ensuite à la main gauche ; c'est- à-dire de l'Amour à
la Rigueur. Le Cantique forme la couronne du Roi de la Paix, on y trouve le
mystère le plus sublime, l'En Soph (de l'Infini) de la Merkaba (le Char sacré).
En unissant le roi David aux Patriarches, on obtient le nombre 4 qui est celui
du mystère du Char sacré (Merkaba) d'en haut, c'est le mystère de la Foi et le
mystère du Char de la Paix qui se connaît lui-même, mais qui n'est pas connu et
que nul ne peut recevoir ; ainsi pour les Kabbalistes, le suprême mystère de la
Révélation du Sinaï se trouve révélé dans ce texte de 117 versets, qui contient
pour eux une cosmologie, une théologie, une apocalypse. Bien entendu, ils
trouvent dans le Cantique la présence des dix séphiroth qui résument la vie
intérieure du Dieu d'Israël, c'est le lys qui est la Shekima (Présence
d'Israël), la reine qui désire s'unir au roi ; les aromates sont les sept
séphiroth inférieurs et les principes d'aromates sont les
trois patriarches Abraham, qui est la Grâce, Isaac qui est la Vigueur et Jacob
qui est la Beauté. L'onde scellée, c'est la dixième sephira : la reine Malkhout
encore vierge ; les filles de Jérusalem, dont le Cantique nous parle, sont les
âmes des justes ; la maison de la mère désigne la maison de Dieu ; la troisième
sephira Bina qui est l'intelligence c'est le Liban qui est la couronne
suprême, l'union des sephiroth aboutit à la délivrance que chante le
Cantique". André Chouraqui a
repris les explications de divers auteurs juifs qui se sont inspirés du Zohar.
Paul Vulliaud dans sa traduction du Cantique, d'après la tradition juive (2),
exprime un point de vue analogue à celui de Chouraqui. Mais il y a un auteur
juif vivant à Gérone, en Castille, tout au début du XIII' siècle, donc avant la
rédaction du Zohar (celui-ci date de la fin du XIII' siècle) qui a rédigé un
commentaire du Cantique d'une extrême importance. C'est Ezra ben Salomon. Ce
commentaire a été traduit par Georges Vajda avec de nombreuses notes (3). Dans
son prologue Ezra explique que pendant de longues années, il fut le témoin
silencieux devant des commentateurs qui ne comprenaient rien à rien aux
Écritures saintes. "J'entrepris donc, écrit-il, d'expliquer l'un des
vingt-quatre livres de l'Écriture, celui qui contient des mystères et des
secrets précieux et vénérables dont les commentateurs ont laissé perdre le
souvenir et altéré la stature et la beauté : le livre du Cantique des
Cantiques. Je l'ai commenté selon ma force et selon la tradition que javais
reçue de mes maîtres ; j'ai paré mon commentaire des motifs des préceptes, je
l'ai illustré par les mystères de l'Oeuvre du Commencement". Avant d'exposer
l'oeuvre d'Ezra de Gérone, il est bon de rappeler que la Bible est aussi le
livre par excellence des chrétiens et que, eux aussi, se sont beaucoup
intéressés au Cantique. Les auteurs chrétiens
ont donné une interprétation allégorique du Cantique, voyant dans ce texte
sacré, littéralement déroutant, une longue parabole. L'écrivain chrétien
le plus ancien qui a commenté le Cantique est Hyppolite de Rome, au début du
Ille siècle. Il a développé une allégorie de l'amour du Verbe incarné,
c'est-à-dire le Christ et de l'Église. Ensuite, Origène qui cita le Cantique
dans de nombreuses homélies et en fit un commentaire qui embrasse de multiples
sujets : différence entre l'amour charnel et l'amour spirituel ; sur le rôle
des anges et des démons, sur le déroulement de la vie spirituelle de l'homme,
sur l'action de l'Esprit Saint dans l'illumination des âmes, sur les visites de
Dieu à l'âme, sur les dons du Saint Esprit, sur l'ordre de la charité et ses
diverses applications entre autres. Voici un court extrait de son commentaire :
"les réalités visibles sont inconstantes et fragiles ; cette connaissance
ne manquera pas de déterminer le disciple de la sagesse à leur accorder peu de
prix, et dire son adieu à tout ce monde, afin de se hâter d'aller aux réalités
invisibles et éternelles qui lui sont enseignées de façon spirituelle, dans le
Cantique par des images empruntées à l'amour ..." Origène écrivait en grec
; certaines parties des textes concernant le Cantique furent traduites en latin
par Ruffin et eurent une grande influence au Moyen Age dans l'Église latine. Mais les écrits les
plus célèbres et qui eurent le plus d'influence chez les chrétiens d'Occident
furent les Sermons sur le Cantique de saint Bernard. C'est l’œuvre à laquelle
il tenait le plus. Ses quatre-vingt
six sermons (4) qui s'échelonnent sur de nombreuses années s'adressent aux
moines de l'abbaye de Clairvaux dont il était l'abbé. Cet ensemble ne forme pas
une oeuvre mystique mais ascétique. Ce n'est pas vraiment un commentaire du
Cantique ; citant un verset, il trace une parabole avec de nombreux emprunts
aux Écritures saintes, surtout aux Psaumes. C'est une exhortation à la bonne
conduite de la règle monastique. Et son propos ne manque pas, parfois,
d'humour, tel ce passage : "Le Psalmiste dit avec toute la netteté
nécessaire que les anges ont coutume de s'associer à ceux qui chantent des
psaumes. En tête vinrent les princes mêlés aux rangs des chanteurs et entourés
de jeunes filles battant du tambour" et le Psalmiste ajoute ailleurs :
"Je te chanterai mes psaumes en présence des anges". Aussi vois-je
avec tristesse, nous dit saint Bernard, que certains d'entre vous, pendant nos
offices de nuit, se laissent terrasser par le sommeil, manquant de respect aux
habitants du ciel et paraissant comme des morts devant ces princes".
(Sermon VII). Mais il aborde
aussi les sujets qui relèvent de la plus haute théologie, de la métaphysique,
tel cet extrait : "Celui qui régit toutes choses, est tout à tous, sans
être particulièrement rien de tout cela. Car l'Etre qui existe en soi-même
habite la lumière inaccessible et sa paix dépasse le monde des sens ; sa
sagesse est au-delà de tout nombre, sa grandeur n'a point de limites ; et nul
homme ne peut le voir sans mourir. Non
pas qu'il soit éloigné d'aucune créature, lui qui est la vie de toute créature
et sans qui rien ne peut être ... Il est à la fois ce qu'il y a de plus présent
et ce qu'il y a de plus incompréhensible. Rien, en effet, ne saurait être plus
présent à une chose que son être même. Mais rien n'est plus incompréhensible
que l'être de toutes choses ensemble. Or Dieu est l'être de toutes choses, non
pas en ce sens qu'elles seraient ce qu'il est, mais en cet autre sens qu'elles
existent par lui, de lui et en lui. Créateur de toutes les créatures, il en
est l'être causal, non point l'être matériel. Ainsi, sa majesté divine daigne
être en chacune de ses créatures, cela même qu'elle est : dans les êtres
animés, il est ce principe même qui les fait vivants ; dans les êtres doués de
raison, il est la vertu ; et dans les vainqueurs il est la gloire de leur
triomphe.. (Sermon IV). Pour Saint Bernard,
le Cantique est en sorte un traité sur la charité, sur l'amour. Amour de
l'Époux (Dieu) et de l'Épouse (l'Église) ou bien de l'âme. Saint Bernard ramène
sans cesse l'attention sur l'ascèse en vue de libérer l'âme : elle doit se
détacher de l'amour servile, dépasser même l'amour filial pour être ravi par
l'amour divin comme l'Épouse du Cantique. Partant du premier verset du Cantique
que voici tel dans la Bible de Crampon : "Qu'il me baise des baisers de sa
bouche" saint Bernard, dans de successifs sermons développe degré par
degré ce qu'il faut entendre par charité qui, faut-il le rappeler, est la plus
importante des vertus théologales". Saint Bernard
éclaire progressivement la Connaissance de ce poème d'Amour. En plusieurs fois
il se présente auprès de ses auditeurs, qui sont des moines cisterciens, comme
le porte parole de l'Esprit de Sagesse ; il est en quelque sorte un auteur
inspiré. Pour lui, l'Époux du Cantique, qui est le Verbe qui s'est fait chair,
suivant saint Jean, a bien des noms. Mais il n'en retient tout d'abord que
deux, le premier est terrible, nom de majesté, de puissance : Seigneur, c'est
la rigueur ; le second est apaisant, c'est Emmanuel, Dieu avec nous, qui
apporte la miséricorde, la Paix. Ensuite, saint Bernard, citant le verset (1-3)
du Cantique "Ton nom est une huile répandue" rapporte de nombreux
noms donnés au Messie dans les Écritures Saintes. Revenons maintenant
à la glose d'Ezra de Gérone. La doctrine
ésotérique de celui-ci se développe sur deux plans qui se correspondent
symboliquement : un plan cosmologique qui décrit la procession de l'être à
partir de la Déité cachée qui est désignée Non - Etre et son retour au sein de
cette même Déité ; un plan anthropologique : création de l'homme, chute,
révélation, exil, rédemption, fins dernières (eschatologie). La théosophie
d'Ezra et de ses collègues de Gérone est volontariste, en ce sens nous dit
Vajda que le déclenchement de la procession de l'être ou de son
"émanation" y est représenté comme un acte volontaire du Dieu inconnu
... Il ne s'agit pas de création qui voudrait dire production instantanée des
choses actuellement existantes, mais de manifestation progressive de ce qui a
toujours existé, d'où la formule : "les entités ont toujours été,
l'émanation est nouvellement produite. C'est le passage de l'inconnaissable au
manifesté qui est pour Ezra la création ex nihilo de la théologie exotérique !
Pour traduire en symboles le déroulement de la création Ezra se situe au
niveau des deux premières séphirots : Keter (Couronne) et Hokma (Sagesse).
L'ensemble des séphirot a été commenté en Provence par divers auteurs au XII'
siècle. Ces commentaires forment un livre le Bahir. Mais le premier exposé des
séphirots est contenu dans le Sefer Yetzira (livre de la Formation ou de la
Création) V-VIe siècle. Pour traduire en symboles le déroulement de la
création, c'est-à-dire la manifestation d'abord indifférenciée, puis
différenciée des modes d'être, Ezra a pu disposer d'un large clavier d'images,
de métaphores et aussi de spéculations d'ordre théologique, théosophique et
philosophique. La procession de
l'être, primitivement occulté au sein du Non -Etre divin, est effusion et
diffusion de lumières ; corrélativement le grand retour des choses à leur
origine sera l'ascension couronnée d'union, vers la lumière suprême, le
commentaire d'Ezra du Cantique se termine là. Mais il est bon de
reprendre dès le départ le dévoilement d'Ezra. Au commencement,
les choses sont latentes au sein de la Pensée mire ; c'est-à-dire au niveau de
la première sephira (Kether) qui se rapporte au premier verset du Cantique qui
peut se traduire ainsi : "Qu'il me baise des baisers de sa bouche"
(l-2) et voici le commentaire d'Ezra : "Parole proférée par la Gloire qui
aspire ardemment à l'élévation et à la conjonction afin d'être illuminée par la
Lumière Suprême incomparable et exaltée dans la Pensée ... Le
"baiser" symbolise la délectation dont les causes sont la conjonction
de l'âme avec la soùrce de vie et l'accroissement de l'Esprit Saint". Ensuite survient
une phrase préparatoire qui consiste à "tracer" sans les réaliser
encore, les linéaments de ce qui sera, c'est le second mode d'être au niveau de
la Sagesse primordiale, deuxième sephira (Hochma). Les entités à constituer
dans l'être sont franchement marquées et tout est prêt pour leur manifestation
comme entités séparées. Le premier niveau d'être correspond à la troisième
sephira (Bina). Ensuite seront taillées - c'est le terme du Livre de la
Création - (Sepher Yetsira) successivement les sept séphirot inférieures. La
dernière sephira est la Présence (Shekina appelé Malkut ou Royauté ou Diadème).
Entre elle et Tif'eret la symbolique établit des relations conjugales et,
d'autre part, un lien indéfectible de solidarité l'attache ici-bas au peuple
élu. Ezra n'omet pas d'assigner aux anges leur place dans la hiérarchie de
l'être juste en dessous de la Présence (Shekina). Enfin, il met le monde
visible en place, mais pour une durée limitée : "six mille ans est la
durée de ce bas monde, au septième millénaire, il sera en ruines". Le grand intérêt
d'Ezra : c'est la démonstration, par la voie d'Amour, littéralement le Cantique
est un poème d'Amour, d'un aspect de la Connaissance qui nous dévoile la Vérité
cachée. L'épouse du
Cantique est la Présence - l'entité féminine de la Déité, la Shekina présente
parmi les hommes. Dans le Cantique, elle est symbolisée par un jardin. L'homme
plante le jardin, y amène l'eau pour l'irriguer et le jardin produit diverses
espèces d'herbes et de belles plantes ; les plantes sont les soixante dix
nations, les arbres sont les rois et tout cela reçoit sa subsistance par la
source qui jaillit d'Eden, la Sagesse, d'où les âmes s'envolent en allégresse ;
le cours d'eau répand ses eaux jour et nuit, c'est grâce à lui que le monde
subsiste. La gloire semble être l'aspect rigoureux de la Shekina, c'est elle
qui envoie les sévères châtiments du ciel lorsque Israël ne croit pas aux
paroles des prophètes. Dans son
commentaire Ezra dévoile les divers aspects de la Déité, qui est l'Époux du
Cantique. C'est d'abord le Non-être, puis la Sagesse, puis Celui qui s'annonce
à Moise : Ehyeh, l'Etre, enfin YHWH, le Tétragramme, le nom qui ne se prononce
pas ou qui ne se prononce plus. Voici un
commentaire d'Ezra qui se rapporte au Tétragramme : "Au monde est la
gloire de YHWH (on doit prononcer le mot Adonal ADNI, Seigneur) car il n'y eut
jamais de Nom avant la création de l'Homme fait à l'image de Dieu. Le sceau
reçut ainsi son achèvement, ce pourquoi le prophète dit au prince de Tyr (Ez
XXVIII,12) : Tu es un sceau de perfection, c'est-à-dire: tu as été au degré du
Premier Homme qui paracheva les dix séphirot le Psalmiste s'exclame : au monde
est la Gloire de YHWH (Adonaî) le Nom complet fut proclamé sur le monde
complet. Que YHWH (Adonal) se réjouisse de ses oeuvres : que l'Esprit Saint
repose sur l'Homme, car celui-ci est couronné, orné et paré des dix séphirot ;
c'est ce que les docteurs ont enseigné au sujet du Premier Homme : "A la
sixième heure, il imposa des noms". Cet extrait fait partie du long commentaire qu'Ezra fait du verset suivant du Cantique : "Mon Bien-aimé est descendu à son jardin, aux parterres embaumés, pour mener paître dans les jardins et pour cueillir les lis". Nous arrêtons là ces commentaires sur le Cantique des Cantiques mais il y aurait encore beaucoup à dire. Pierre Prévost Notes : 1 — Chouraqui 2 — Paul Villiaud 3 — Georges Vajda 4 — Oeuvres mystiques de saint Bernard Ed. du Seuil. |
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