GLDF Revue : Points de Vue Initiatiques 3T/1989

Les chemins de la Fraternité

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Suite :  13éme orateur

Michel Barat

Je donne maintenant la parole à Georges Neslany, Grand Maître de la Grande Loge de Belgique.

George Neslany

Très Respectable Grand Maître, Mesdames,
Mes frères, Messieurs,

Au nom de la Grande Loge de Belgique, je tiens à féliciter la Grande Loge de France pour son initiative en organisant ses Rencontres 1989 ayant pour thème «Les Chemins de la Fraternité» et j'adresse mes remercie­ments à tous ceux et à toutes celles qui se dépensèrent sans compter pour cette réussite d'aujourd'hui.

Les Francs-Maçons, sans aucun doute, ne pouvaient espérer un choix plus heureux que celui-là, dans cette année du Bicentenaire de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, étape cruciale de la lente marche de l'humanité vers plus de respect des êtres, plus de liberté responsable, plus d'union dans la diversité.

Les Francs-Maçons de la Grande Loge de Belgique participent nombreux à cette journée afin de manifester leur intérêt et leur attachements. l'égard de tous leurs frères afin de témoigner de leur volonté de participer dans la mesure de leurs moyens et leurs possibilités à l'oeuvre d'entraide, de sou­tien, de solidarité et d'assistance entreprise par les Obédiences qui vivent dans des contrées où les conditions de vie sont tellement précaires.

Nous ne sommes pas toujours conscients de ce qui se passe à côté ou tout près de chez nous. Pourquoi le serions-nous lorsqu'il s'agit de contrées plus éloignées ? Et il est bon, il est nécessaire que les frères péruviens, argentins, mexicains, africains viennent nous alerter, que dis-je, viennent nous réveiller.

Comme le disait récemment un éminent frère de mon Obédience, nous avons tranquilisé notre conscience en modifiant subrepticement notre vocabulaire quotidien, en édulcorant les mots qui choquent, les mots qui a plus d'aveugles, ce sont des non-voyants, il n'y a plus de sourds, ce sont des malentendants, il n'y a plus de fous, ce sont des marginaux, des ina­daptés, il n'y a plus de pays pauvres, ce sont devenus des pays en voie de développement. Ce vocabulaire atténué témoigne de notre faiblesse à l'égard des souffrances, ils économisent nos émotions, ils sont la manifes­tation de notre fâcheuse tendance à déléguer. Je souhaite que les maçons du monde entier ne soient pas plus longtemps distraits par leur futile dif­férence, qu'ils emploient et traînent à pleine main, qu'ils s'unissent par l'initiation pour être et devenir réellement des hommes universels, des hommes libres et par dessus tout, fraternels.

C'est à cette tâche que nous travaillons au sein de la Grande Loge de Bel­gique. Notre pays, la Belgique, est un royaume démocratique qui comme l'Allemagne, le Grand Duché de Luxembourg, la Suisse, l'Italie et l'Espa­gne, est le voisin proche de la France. Pour la plupart, nous comprenons et parlons sa langue. Et comme en France, la Franc-Maçonnerie fait par­tie de la culture de la Belgique et cela dès son apparition, sous sa forme dite spéculative actuelle, la Franc-Maçonnerie fait partie de sa tradition et bon nombre des nôtres ont illustré l'histoire de nos régions.

La Grande Loge de Belgique, Obédience traditionnelle, spiritualiste et libérale, quant à elle, est fort proche de la Grande Loge de France et ses amis sont nos amis. Nous vivons ensemble avec la France une très bonne fraternité et depuis quelques années déjà, un même type de fraternité, celle qui reconnaît à chacun la liberté d'expression et qui s'oppose à toute limite de cette liberté.

Enthousiasmés par les Journées de l'Unesco en 1987, sous l'impulsion de Jean Verdun, Grand Maître à l'époque et confirmé par son successeur Guy Piau, le Grand Maître actuel, dans notre aspiration vers plus de liberté, d'égalité, de fraternité et dans notre espérance vers plus d'amour et dans notre désir de plus de bonheur, nous reprenons un défi qui est notre tronc de solidarité. Nous nous associons aujourd'hui à l'oeuvre entreprise et continuerons à le faire, en souhaitant que son exemple se multipliera en Europe, cette Europe que nous attendons dans l'espoir, cette Europe qui est toute proche et qui est la grande chance de nous tous, ces privilégiés qui avons l'honneur et le bonheur d'y vivre.

Les maçons d'Amérique du Sud appliquent la parole d'un sage hindou : «mieux vaut apprendre à l'homme à pêcher que de lui donner du pois­son ». Mais pour apprendre à pêcher, il faut aussi des moyens. Et tout à l'heure, le Grand Maître Adjoint Belge remettra au frère Jacques Azoulay, Grand Hospitalier Français, une enveloppe qui contient ce que nous destinons aux frères et aux loges de Nîmes, victimes d'une catastro­phe naturelle. Il remettra au Grand Maître Ricardo Noriaga Salavery de la Grande Loge du Pérou une somme que la Grande Loge de Belgique destine au Centre Educatif de Mi Perù et notre prochain objectif sera l’œuvre entreprise par la Grande Loge d'Argentine. J'espère que cela n'est qu'un début : en cette journée à Strasbourg, la présence de nos frères d'Amérique du Sud, unis coude à coude avec les frères européens et afri­cains est un témoignage de l'universelle fraternité qui nous lie et je cite, pour conclure ce message d'espérance de Victor Hugo que Henri Tort-Nouguès, mon ami, aurait pu nous dire «Oh ! République Univer­selle, tu n'es encore qu'une étincelle, demain, tu seras le soleil ».

Publié dans le PVI N° 74 - 3éme trimestre 1989  -  Abonner-vous à PVI : Cliquez ici

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