Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le chiffre 3 Le choix d'un sujet pour ma première planche a été particulièrement difficile. La profusion de symboles, de signes, de sujets possibles de réflexion a été pour moi l'une de mes premières surprises lors de mon entrée en maçonnerie. Le travail a accomplir me semblait, et me semble encore tellement immense, tellement riche, que choisir pour mon premier travail un sujet de réflexion, symbolique qui plus est, a été je pense, au moins aussi difficile que le travail lui-même. Cherche me suis-je dit, cherche le symbole qui te parle le plus, celui qui t'inspire un peu plus que les autres. Mais aucun sujet, aucun symbole plus qu'un autre ne venait lumineusement s'imposer a mon esprit pour me proposer un choix. Alors, malgré l'immensité de ce qu'il représente, malgré le nombre incroyable de symboles dans lequel il se trouve représente, j'ai choisi de parler de la toute première interrogation qui est venue s'imposer a moi lorsque j'ai eu le plaisir de vous rejoindre : Le chiffre trois. Il y a des trois partout, pourquoi ? Le 3 est en quelque sorte le tout premier symbole maçonnique qui est venu parler a mon esprit, avant même mon initiation.. Alors, ne parvenant pas à me décider, pourquoi ne pas commencer par le début ? Pourquoi ne pas travailler sur les toutes premières questions qui sont venues m'assaillir avant, pendant, et après mon initiation ? Avant même de m'interroger sur mon désir d'entrer en maçonnerie, comme tout profane, le peu que j'en connaissais se résumait bien souvent a ces trois points dont on parle partout, que sont donc ces trois points ? Les frères trois points ? Pourquoi trois ? Puis vint le contact : Mon premier contact avec vous, ce furent les visites que vous me rendirent afin de mieux me connaître, trois visites, trois frères ou sœurs qui sont venus me découvrir. Pourquoi trois ? Et puis ce fut l'enchaînement, trois voyages, trois piliers, trois grades, trois coups, l'accolade, la batterie, l'acclamation, les triangles. Même lorsque des éléments semblaient aller par paire comme les colonnes ou les surveillants, ils se rattachaient souvent a un troisième élément, ou étaient complétés par celui ci. Qu'est ce donc que ce trois ? D'ou sort-il ? Forcement je suis allé m'interroger sur ce que ce trois représentait pour moi avant même que je constate son importance en maçonnerie, et la, j'ai remarque qu'il était déjà partout en moi, et des raisons plus profondes du choix de ce travail sont apparues. Mes parents ont eu trois enfants ensemble, et mes souvenirs d'enfance sont remplis de ces moments ou lors de conflits fraternels violents entre deux frères (ou sœur), le troisième enfant venait établir presque naturellement un équilibre, une réflexion sur les raisons du conflit et un rééquilibrage des tensions et du rapport de force. Le trois qui équilibre ? Mes goûts musicaux aussi, réexaminés à la lumière de cette interrogation sur le trois, m'ont fait découvrir que j'étais naturellement attire par les rythmiques ternaires, africaines, primitives. Ces rythmes ternaires qui parlent au corps, directement, qui le font se mouvoir presque naturellement. Ils apaisent aussi les bébés beaucoup plus que les musiques binaires. Le battement du cour est un rythme ternaire. Le rythme ternaire rythme de la vie ? En mathématiques, la table de trois fut pour moi la plus facile a apprendre, découvrir qu'un nombre était divisible par trois si la somme de ses chiffres l'était me remplissait de fascination, c'etait magique. Plus tard, la puissance trois représentant l'espace, le cube, les trois dimensions continuait de m'émerveiller. C'était comme si une forme du tout était comprise dans le trois. Comme si d'une certaine façon, il comprenait tout et pouvait tout nous faire comprendre. Tout est dans le trois ? Cette question que mes souvenirs appelait naturellement me paraissait intéressante à creuser. Alors j'ai fouille un peu. Et je suis tombé sur une multitude d'éléments qui tendraient à démontrer qu'en effet, en dehors de ses propriétés mathématiques, le trois représentait l'ensemble, le tout, mais aussi ce qui était au-dessus de l'humain, inaccessible à sa compréhension. De quoi est fait le temps ? Du passé, du présent et du futur . Comment s'exprime l'être humain ? Par la pensée, la parole et l'action . Quelle forme peut avoir la matière ? Solide, liquide, gazeux . Quelles sont les dimensions de l'espace ? la ligne, le plan, le volume . Qu'est ce qui compose la nature ? Des miner aux, des végétaux, des animaux . Chaque fois que l'on tente de synthétiser l'ensemble d'un univers, d'un tout, on retombe sur trois éléments fondamentaux qui ensembles, le synthétisent. Sans vouloir faire de la numérologie de bas étage, il est quand même surprenant de constater que si l'on additionne les chiffres correspondants aux lettres du mot trois, on trouve 81, si on divise l'unité (1) par ce nombre (81), on trouve 0,01234567890123456789 . Comme si l'ensemble des chiffres et leur ordonnancement était contenu dans le mot « trois ». Le trois, a chacune de mes recherche ou de mes interrogations sur moi-même, me ramenait à une représentation d'ensemble, d'un tout, comme si tout etait dans le trois. Comme si le trois avait le pouvoir de synthétiser le tout et de recréer ainsi une unité. La trinité (tri-unité) n'exprimerait-t-elle pas d'ailleurs cette unité fondamentale dans le trois ? En élargissant mes recherches, j'ai découvert que le trois était pratiquement universellement un nombre fondamental, dans toutes les cultures du monde. Il exprime un ordre intellectuel et spirituel, en Dieu, dans le cosmos, le tout, ou dans l'homme. Pour les Chinois, trois est un nombre parfait, l'expression de la totalité et de l'achèvement. Le caractère chinois Tsi, anciennement figure par un triangle, exprime la notion d'union et d'harmonie. Pour les chrétiens, c'est la perfection de l'unité divine, la sainte trinité : Dieu est un en trois personnes, le père, le fils et le saint esprit. Les rois mages sont trois, symbolisant les trois fonctions du roi du monde attestée dans la naissance du Christ : Roi, prêtre et prophète. D'ailleurs, le triangle, seul ou contenant l’œil divin, est le symbole de la trinité. Ainsi une religion qui professe un monothéisme absolu, voit ce monothéisme s'appuyer sur une trinité. Dieu est unique, il est tout, il est en tout, mais il est trois. Les éléments du grand oeuvre alchimique sont trois : Soufre, mercure et sel. Le bouddhisme possède son expression achevée en un triple joyau nommé Triratna. Dans les traditions iraniennes, arabes (bien avant l'islam), indiennes, cambodgiennes, mandingues, partout le chiffre trois revêt cette importance magico-religieuse. Pourquoi donc ce trois représente-t-il toujours une sorte d'absolu, d'élévation de l'esprit, de totalité ? Notre cerveau, en raison de ses deux hémisphères qui le composent, fonctionne de façon binaire; notre conscience, notre façon de penser sont du coup basées sur la dualité. Nos représentations primitives du monde sont binaires : Le bien et le mal, le masculin et le féminin, le tout et le rien, le noir et le blanc, le vrai et le faux, le beau et le laid, le ying et le yang . L'homme, de par la constitution de son cerveau, ne conçois l'univers qu'a travers cette dualité fondamentale, manichéenne. Le chiffre trois, dans toutes les civilisations, revêt ainsi un sens fondamental, il représente ce qui est au-dessus de l'homme, il est ce que l'homme ne peut saisir, ne peut comprendre ni expliquer. Il acquiert par la même un caractère divin, mystique, absolu. En partant de la dualité humaine, représentée par deux points horizontaux en opposition, et en créant un troisième point au-dessus de cette horizontalité (puisqu'il s'agit d'une élévation), on obtient les trois points que l'on peut relier pour créer un triangle. Ce troisième point, que je pose au-dessus des deux points horizontaux qui représentent ma dualité primaire, mon esprit d'analyse dichotomique, que représente-t-il pour le franc-maçon que je suis ? Il m'indique qu'en rejoignant la franc-maçonnerie, je dois travailler à mon perfectionnement intérieur et pour cela, dépasser ma dualité basique. D'une thèse confrontée à une antithèse, je dois m'élever pour tenter d'élaborer une synthèse, d'une affirmation confrontée à une négation, je dois m'élever pour tenter de trouver une solution. Le maçon, par sa connaissance de la tri-unité, doit apprendre perpétuellement à ramener le binaire à l'unité grâce au ternaire. Lors d'un débat contradictoire, je ne me range pas d'un côte ou de l'autre en fonction de mes affinités, de mes vérités personnelles ou de ma sensibilité, mais je m'élève au-dessus du débat pour tirer des deux avis opposés, de ce duel (dualité) des opinions, les éléments qui me permettront d'accéder à la vérité. Si je suis libre d'esprit et que je sais réfléchir en m'élevant au-dessus de mon manichéisme naturel, alors je saurais faire jaillir la vérité du choc de l'affirmation et de la négation. Ainsi, le trois représente pour moi tout ce qui dépasse ma condition primaire basée sur le binaire, il est l'élévation vers laquelle je dois tendre, la perfection de la vérité, du tout, de l'inaccessible à l'humain que je suis. En tant que maçon, je dois sans cesse tenter de m'élever au-dessus de cette condition pour m'approcher toujours plus de la vérité, de l'absolu, tout en sachant qu'il me sera impossible de l'atteindre. Je dois être en perpétuelle élévation, en perpétuel apprentissage, tendre vers le discernement maximum de ce tout qui m'englobe, et pour cela, je dois m' appuyer sur ma dualite. Il n'y a pas de trois sans « un » ni « deux », le trois est le résultat du « un » qui est et du « deux » qui agit. Pour finir, le plus bel exemple, et sans doute le plus universel qui soit que j'ai pu trouver de ce trois qui ramene le dualisme à l'unité, c'est le 1+1=3 du couple qui donne la vie. L'enfant qui naît de cette union est à la fois son père, sa mère et lui-même. Il est la nouvelle unité qui comprend le tout dont il est issu. J'ai dit S\ D\ |
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