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Loge : NC | Date : 06/22 |
L’Esotérisme
Musical
Introduction : Qu’est-ce que la musique ? Déjà son nom est édifiant qui dérive de muse ; celles au nombre de neuf qui inspirent les différents arts recensés par les Grecs. Celle qui par son nom s’accommode des sphères éthérées et du souffle de l’Esprit, est bien venue d’en haut. Les mathématiques en sont l’origine humaine et par sa construction issue de celles-ci, elle s’apparente à l’Absolu, à la Perfection, à la Vérité. Mais pour étayer notre propos reprenons la simple gamme diatonique et cherchons l’origine des noms des notes. On a choisi Do pour « Dominus » notre Seigneur, c’est le paradis du Créateur le Dominion. Le sixième ciel est le cosmos, qui correspond aux étoiles « Sidera » abrégé en Si. Le cinquième ciel est notre système d’étoiles la Voie Lactée ou « Lactea » pour le La. Le quatrième ciel est notre système solaire où trône le « Soleil » soit dit le Sol. Le troisième ciel est peuplé des planètes aux vertus astrologiques qui déterminent notre destin « Fatum » ou encore Fa. Le deuxième ciel correspond à notre planète le « Microcosme » ou Mi. Le premier ciel ou le plus bas des cieux sous le microcosme est le monde souterrain. La lune en est la régente « Regina » ou Ré. 1/La Musique une Mathématique On dit que c’est Pythagore qui passant devant l’échoppe d’un forgeron entendit des coups de marteaux sur des enclumes qui ne rendaient pas le même son. Il eut l’idée de suspendre des poids différents à des cordes égales en tous points et ces cordes rendirent des sons proportionnés aux poids qui les tendaient. Mais avant Pythagore et attesté par lui, les prêtres égyptiens et les Chinois avaient déjà conceptualisé une magie musicale, des sons et de leur harmonie. L’époque préclassique semble d’ailleurs bien plus évoluée que ses postérieures. Les harmoniques d’une note correspondent aux multiples d’une fréquence : une corde vibrant une fois correspond à la note, mais cette même corde vibrant plusieurs fois crée de nombreuses notes harmoniques. Ainsi tous les multiples du La (440 Hz) sont des harmoniques supérieures à cette note. On commence à se rapprocher des nombres. Un jésuite le père Castel eut ainsi l’idée de créer à priori un orgue à 12 octaves. Il fit construire des tuyaux de 64 pieds, 32, 16, 8,4, 2, ½, ¼, 1/8, 1/16, 1/32, 1/64. C’est la base de la mathématique du son qui est simple. Mais plus complexe est l’utilisation des trois sortes de gammes : diatonique, chromatique et enharmonique. La gamme diatonique est composée des 7 notes espacées d’un ton ou d’un demi-ton. La gamme chromatique comporte tous les demi-tons donc 12 notes et enfin la gamme enharmonique tous les bémols et les dièses soit 21 notes. On verra l’utilisation de ces gammes. Plusieurs penseurs se servirent de la théorie des nombres pour créer leur théorie musicale ainsi l’abbé Roussier qui ne jura que par la progression triple soit dit en puissances de 3 : 1, 3, 9, 27, 81…etc. Ce qui se décline en termes de longueurs de corde par une série de quintes descendantes qui donne la gamme Si, Mi, La, Ré, Sol, Do, Fa les sept tons de la gamme diatonique et aussi si on en reste aux cinq premiers, on a la gamme pentatonique chinoise. C’est encore les cinq tons de la lyre de Mercure Mi, Ré, Si, La, Sol, Mi. On voit que les Grecs et les Chinois par le biais des mathématiques se rencontrent. Ce qui fait de la musique une langue universelle, un système à part entière. Trop nombreux sont les systèmes mathématiques qui font de la musique un Art de l’Absolu pour être tous cités. Je me contenterai de cet exemple. Pour ce qui est de la musique maçonnique, les francs musiciens comme ils s’appelaient au siècle des Lumières privilégiaient les tonalités à trois signes, les rythmes ternaires et autres phrasés musicaux à trois notes. Ils aimaient particulièrement le mi bémol majeur et l’ut mineur considérés comme particulièrement adaptés à l’initiation maçonnique (Jean-Pierre Thomas). - Le triton : Entre fa et si on compte trois tons d’où la dénomination de cet intervalle comme triton. Ce rapport est considéré dans la musique comme annonciateur du diable ; les pères de l’Eglise l’avaient interdit. Aussi avait-on décidé dès qu’il apparaissait de faire descendre le fa au mi et monter le si au do (en do majeur). Et l’on compare la première marche mi fa à la porte des Hommes tandis que la deuxième marche si do est assimilée à la porte des Dieux. La première nous fait passer du 4 au 3 qui est le passage de la Terre au Ciel et la deuxième du 7 au 8 qui est l’accès à la transcendance 2/Des correspondances En plus de cet univers éminemment algébrique. Les très nombreux théoriciens de la musique ont essayé de faire correspondre divers autres domaines dont le premier celui des couleurs avec les notes. Newton fit ainsi correspondre les couleurs avec les intervalles entre les notes : Ré/Mi violet ; Mi/Fa indigo ; Fa/Sol bleu ; Sol/la vert ; La/Si jaune ; Si/Do orangé ; Do/Ré rouge. Car c’est à cette époque que l’arc-en-ciel fut doté de sept couleurs. Le père Castel, toujours lui, inventa un clavecin qui faisait apparaître un carton coloré suivant la note qui était jouée. Les notes apparaissaient ainsi : Do bleu ; Ré vert ; Mi jaune ; Fa aurore ; Sol rouge ; La violet ; Si violant. Il élargit à la gamme chromatique en nuançant les couleurs. Mais les tenants des couleurs des sons sont nombreux tel l’abbé Lacuria qui donna d’autres couleurs aux sons, comme Louis Lucas ou Vulliaud. D’autres comme Griveau donnèrent des couleurs aux écarts, tierces, septième…etc. Une autre série de correspondances très prisée par tous les théoriciens de la céleste harmonie est celles des notes avec les planètes. On ne compte pas le nombre de manières d’associer les notes aux planètes. Roussier ainsi fut un des premiers à donner sa version de ces rapports : Si à Saturne ; Do à Jupiter ; Ré à Mars ; Mi au Soleil ; Fa à Vénus ; Sol à Mercure ; La à la Lune. Fabre d’Olivet grand ésotériste dans tous les domaines y alla de sa table de correspondances en tout point identique à la précédente. Comme quoi il arriva que les ésotéristes soient d’accord sur quelque chose. Charles Fourier dont nous reparlerons avait aussi la sienne et adhérait à l’idée d’une céleste harmonie comme Wronski, Saint-Yves d’Alveydre, Edmond Bailly et les autres. Ces diverses correspondances astrales allaient de pair avec l’idée d’une Harmonie Céleste professée par Claude de Saint Martin et Briseux qui veulent que la musique créée imite celle de la Nature. Pour eux la musique est une langue première, que tous les êtres devraient se rappeler. Fabre d’Olivet pense que l’harmonie est moins importante que la mélodie et met en avant le chant choral comme vraie musique. Mais tous les ésotéristes musiciens se retrouvent sur l’idée d’une Musique des sphères qu’ils devaient exposer. Ainsi un ouvrage tel que « La Vraie Maçonnerie et la Céleste Culture » de Fabre d’Olivet contient des rituels et un exposé succinct du système musical : la colonne Jakin écrit de haut en bas le nombre 3 et la note Fa en clé de sol ; la colonne Boaz écrit de bas en haut, le nombre 4 et la note Si en clé de fa. D’où il déduit qu’en multipliant par 4/3 une corde de Fa on aura le symbole musical de l’Amour force expansive et qu’en divisant par ¾ une corde de Si on aura une représentation du Chaos, force compressive. Ce qui est pour le moins ésotérique mais se comprend grâce à la conclusion : Si produit par Fa représente l’Amour ; Fa produit pas Si représente le Chaos. Les jours de la semaine sont aussi au nombre de sept et bénéficient d’attributions à chacune des notes de la gamme diatonique. La création est ainsi ramenée à la gamme diatonique. Mais plus intéressante est l’attribution aux composants de la musique de qualités humaines ou divines. Fourier, toujours lui attribuent 4 passions cardinales : l’Amitié au Do ; L’Amour au Mi ; la Paternité au Sol ; l’Ambition au Si ; et 3 passions distributives : la Cabaliste au Ré ; la Papillonne au Fa ; la Composite au La. Ernest Britt se rapproche de l’Orient en attribuant aux notes non seulement chacune une planète mais une des composantes de la personnalité hindoue (Atman, Buddhi, etc.). L’abbé Lacuria donne La Vie pour l’Ut, La liberté pour le Ré, l’Harmonie pour le Mi, la Sainteté pour le Fa, la Sagesse pour le Sol, la Justice pour le La, et l’Eternité pour le Si. La musique guérit selon certains ésotéristes. Tout d’abord Fabre d’Olivet se disait capable de guérir les sourds-muets et pour cela employait le magnétisme et des substances naturelles qu’il n’a jamais dévoilées. La guérison de Rodolphe Grivel, jeune sourd-muet de 15 ans est liée à l’ouvrage de Fabre d’Olivet « La langue hébraïque restituée » dont il devait démonter l’importance du Sepher et des résultats qu’il pouvait en obtenir dans le domaine de la médecine. La langue, le son et la musique se mêlaient dans sa théorie et sa pratique : le son d’une tasse, du violon, du piano, d’un harmonica de verre contribuaient à rééduquer l’ouïe de ce jeune homme. Le docteur Chomet au début des années 1800 considère que le fluide sonore avait des effets sur le corps comme le marquis de Pontécoulant à la même époque. Ils avaient comme théorie que la musique comme principe cosmologique avait un pouvoir sur la santé. Plus proche de nous Alfred Tomatis a créé une oreille artificielle qui permet de réécouter la musique de Mozart comme si l’on était à l’intérieur du ventre d’une femme en gestation. C’est cette oreille qui a permis d’avancer dans les traitements de l’autisme et de nombreuses maladies. 3) Du silence et de deux figures de l’ésotérisme musical Sacha Guitry disait que le silence après un morceau de Mozart était encore du Mozart. Le silence n’est pas l’absence de bruit, c’est le moment du repos avant la constatation de la transformation de l’égrégore par la musique qui vient d’être passée. Il faut écouter le silence non pas comme un vide mais un peu comme ce que l’on peut imaginer de la « soupe quantique » il y a là un probable, une potentialité énergétique infinie. Henri Gallois dit : « Tout se complique car, dans un premier temps, il serait loisible de supposer, et à juste titre que, s’il y a vide, plus rien n’existe, même plus les ondes ! Mais si l’homme persiste, il constatera que ce vide (ainsi dénommé faute de mieux), loin d’être inhabité, se transforme en matrice et devient générateur d’intuitions ». Erik Satie (1866-1925) travailla avec le Sâr Péladan dans l’Ordre de la Rose Croix du Temple et du Graal. Il faut le compositeur officiel de l’Ordre et ses Trois Sonneries de l’Ordre pour harpe et trompette furent jouées en 1892 et 1893 lors d’une messe du Saint Esprit à Saint Germain l’Auxerrois conjointement au Parsifal de Wagner au cours du Salon de la Rose-Croix. Lors d’une autre soirée du même Salon on joua de lui une Suite harmonique et toujours du Wagner et du César Frank. Il se sépara de Péladan et avec le comte de La Rochefoucauld, à qui il dédia sa sixième Gnosienne, créa une revue Le Cœur qui parlait d’ésotérisme et publiait des œuvres de Bois. Mais Claude Debussy (1862-1918) a aussi été inspiré par l’ésotérisme. Il devait aussi mettre en musique Les Noces de Sathan de Jacques Bois ce qu’il ne fit pas. Il s’en excusa fort élégamment. A Rome, il importa des œuvres rosicruciennes. Il signa pour la mise en musique du Crimen amoris de Verlaine version en trois actes d’un mystère. Son beau-frère Charles de Sivry, musicien au Chat Noir l’initia à l’occultisme. De plus on sait de source sûre que Claude De France employait la section d’or pour ses compositions Et puis il ne faut pas oublier que la liste des Grands Maîtres du Prieuré de Sion dont on se saura jamais précisément si c’était l’invention de Pierre Plantard, le faisait Grand Maître après Victor Hugo ! Jocelyn Goldwin le dit, lui qui a écrit un livre entier dont je me suis inspiré sur l’ésotérisme musical : « Bien que la musique semble avoir cessé, d’après l’œil extérieur, dès que le dernier accord a sonné et que les interprètes se sont dispersés, il n’en est rien. Quelque chose a été créé sur le plan subtil, et demeure telle une fleur exquise planant au-dessus du sanctuaire. » On pourrait aussi citer parmi nos contemporains Thierry Jolif compositeur breton, féru de sciences traditionnelles et adepte de l’ésotérisme occidental, ardent défenseur du courant musical du « bruitisme » courant extrême de la musique occidentale qui s’exprime comme un des émergences du courant futuriste. Jean-Marc Vivenza lui a consacré l’un de ses entretiens spirituels retracé parmi d’autres dans un ouvrage intitulé justement « Entretiens spirituels et écrits métaphysiques ». Résumé : La musique est entièrement basée sur les mathématiques depuis Pythagore. L’ésotérisme musical est une utilisation des mathématiques symbolique pour exprimer le sens caché de cet art dans un premier temps. Dans un second temps c’est l’utilisation des correspondances entre les couleurs et les notes ou les intervalles, entre les jours de la semaine, les planètes qui feront que des ésotéristes tels que Fabre d’Olivet, l’abbé Lacuria, Claude de Saint Martin, Saint Yves d’Alvèdre, Charles Fourier y puisèrent les rapports de l’Harmonie Universelle. Satie, Debussy ont composé des musiques aux fins ésotériques. |
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