Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
L’initiation maçonnique
On parlait de réception tout court. On était reçu maçon, on était fait maçon. Le terme initiation vient du terme latin Initiatio qui lui vient d’Initium qui signifie commencement. Selon le dictionnaire Encarta, l’initiation est : 1. L’apprentissage ou l’enseignement des premiers éléments d’une discipline ou d’une pratique 2. L’admission à une religion, à une société secrète, à la connaissance d’un culte secret ou à un statut social 3. Le rite d’admission à une religion, à une société secrète, à la connaissance d’un culte secret ou à un nouveau statut social L’initiation se pratique donc dans beaucoup de civilisations et dans plusieurs domaines. C’est ainsi que dans certaines sociétés en Afrique elle peut prendre plusieurs formes : le passage à l’état adulte ; la circoncision par exemple. L’initiation à certains métiers ou castes tels que forgerons, les chasseurs. Dans certaines régions, les Rois ou les Chefs sont obligatoirement soumis à des initiations spéciales avant leur intronisation. Je n’oublie pas de parler de l’initiation pratiquées sein des confréries patriarcales ou non dans nos régions : le Pêêhé chez la Bakokos, le Mbock chez les Bassa, le Nsôo chez les Betis, le ULUME dans la région du Mbam, etc. Mais revenons à l’initiation maçonnique. Au regard de tout ce qui vient d’être dit ; elle apparaît comme un rite de passage. Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir : L’initiation maçonnique pour quoi faire ? Mais avant cela, quel en est le processus, quelle en est la rutuélie ? La procédure d’admission d’un candidat est décrite dans les articles 38 et 39 du Règlement Général en ce qui concerne le Doit Humain. Rappelons que quand je dis candidat, c’est sous-entendu candidate. Au Droit Humain, les usages veulent que les offices et les titres soient dits au masculin. Le candidat ne peut être admis à l’initiation que s’il a dix-huit (18) ans accomplis ; l’autorisation du Délégué du Suprême conseil est nécessaire pour qu’un atelier de la Juridiction puisse procéder à une initiation. Les Loges pionnières s’adressent dans ce cas au Grand Secrétariat Général. Les Fédérations ont un autre mode de fonctionnement en la matière. Après la prise en considération de la demande, le profane doit fournir un dossier complet (CV, photos, justificatifs d’état civil, extrait de casier judicaire vierge), remplir et signer un formulaire réglementaire. L’Atelier procède alors au premier tour de scrutin. Si celui-ci est acquis au candidat, le V\M\ charge trois Maîtres des enquêtes dont les rapports doivent être écrits et signés. Le profane est entendu sur bandeau après lecture des enquêtes et l’atelier procède au deuxième tour de scrutin par boules noires et blanches. Si le scrutin rapporte un nombre de boules blanches supérieures au trois quart (3/4), le candidat est admis à subir les épreuves d’initiation. Dans le cas contraire, (on dit alors qu’il est black-boulé) il est ajourné pour un an. Rappelons que la Loge ne pourra procéder à l’initiation que s’il s’est écoulé trois Tenues depuis le premier tour de scrutin, sauf dérogation pour cas de force majeur d’un profane habitant loin de l’Orient de la Loge où n’y séjournant que pour quelques jours. C’est donc une procédure lente et prudente. Notons bien que c’est un profane qui vient « de sa propre et libre volonté se présenter, dûment préparé, demander à être admis dans l’Ordre » qui est introduit par le F\ ou la S\ Grand Expert dans le Temple après le passage au Cabinet de réflexion et l’épreuve de la terre. Quoi que plongé dans les ténèbres -c’est le Grand Expert qui le dit- au moment de l’introduire dans le Temple, - Le candidat est un homme libre car il a signé librement sa demande, sans aucune contrainte - Le candidat a été proposé régulièrement : le dossier était complet - Les scrutins ont donné des résultats favorables - Mais aussi et surtout il est bonnes mœurs, son casier est vierge Dans le Cabinet de réflexion où isolé et abandonné à lui-même, dépouillé des métaux, il se trouvé face à différents symboles lui rappelant la mort, le candidat fait son Testament philosophique et médite comme lui a suggéré l’Expert qui l’y a accompagné. Il se pourrait même qu’il n’ait pas parfaitement compris le symbolisme du Cabinet de réflexion avec tous les objets et toutes ces écritures étranges (mais combien d’entre-nous avons-nous compris quelque chose) ? L’essentiel c’est l’étincelle qui s’allume. Le profane est appelé à renouveler une deuxième fois l’engagement de rien dire de ce qu’il aurait entendu et vu, de prendre l’engagement de se réconcilier avec tous ses ennemis après lecture de son Testament philosophique. Il est alors procédé au troisième tour de scrutin. Puis, l’épreuve de la Terre ; le profane est introduit dans le Temple par la Porte basse. Autrefois le profane se traînait par un boyau souterrain jusque dans le Temple afin de simuler une nouvelle naissance. Car c’est de cela qu’il ‘agit. Le vieil homme meurt en nous et une autre vie commence. S’en suit la cérémonie des coupes, les trois voyages symboliques. Les trois voyages accompagnés d’épreuves (air, eau et feu) sont aussi de voyages de purification. A chaque voyage les explications sont données au candidat. Ici tout est symbole lui-dit on. Le premier voyage est bien mouvementé, le deuxième l’est moins, et le troisième tout à fait calme. On mime ici la vie ; c’est le théâtre de la vie qui se joue. Le message est : persévérez, ne vous arrêtez pas devant les difficultés qui surviennent après l’enthousiasme et l’ardeur des premiers jours. En cas de turbulence, demandez l’aide et acceptez celle des SS\ et FF\ comme dans le premier voyage. Soyez aussi prêts et disposés à donner de l’aide vous aussi, le moment venu! Combien de SS\ ou de FF\ ne sont plus revenus en Loge après leur cérémonie d’initiation, combien l’on-fréquentée deux années durant sans céder à la tentation de tout laisser tomber ? En période de doute, plongeons dans notre Rituel. C’est en quelque sorte aussi le bras du F\ ou de la S\ qui vient à notre secours. Tout est symbole. Le profane écoute la formule du serment lue par le V\M\ et promet de le respecter; toujours les yeux bandés puis la lumière lui est donnée ; Moments intenses et d’émotion avec les épées pointées vers son cœur, les visages connus, pas tous, la rigueur dans l’habillement. Le rituel du miroir est exécuté. Restera un dernier aspect important, la consécration par le V\M\ qui le crée, le reçoit et le constitue Apprenti Franc-maçon après qu’il ait prêté serment sur les trois Grandes lumières placées à l’Autel des serments. Le V\M\ invite tous les FF\ et SS\ présents de reconnaître comme tel le nouvel initié. Après la séance d’instruction, le V\M\ demande au G\E\ de faire faire à l’Apprenti son premier travail. Ce travail est fait sur la pierre brute ciseau et maillet en main. Un genou à terre et l’autre en équerre. L’apprenti est donc appelé à dégrossir sa pierre, lui-même, à l’aide du ciseau, sa volonté, et le maillet son sens de discernement, de jugement. Le thème de ce jour aurait pu se résumer à ce ternaire maillet, ciseau, pierre brute. Bien sûr, sous l’égide de la perpendiculaire ! Le testament philosophique est brûlé, puis la restitution des métaux est faite non sans avoir mis en exergue la nécessité de d’aider son prochain dans le malheur et le Rituel d’acceptation du nouvel initié dans la Chaîne exécuté. Avant la chaîne d’union qui va intégrer le nouveau maillon dans le chaîne, le V\M\ donne la parole au F\ Orateur pour souhaiter la bienvenue au nouveau F\ ou à la nouvelle S\. Les travaux sont alors clos et la Loge fermée. La réception qui suit est généralement plus grandiose que d’ordinaire. Tout est d’ailleurs grandiose ce jour là et beaucoup de choses se sont passées en un laps de temps relativement court, trois heures environ. Certains détails reviennent à notre esprit bien des mois, voire des années plus tard. Mais l’initiation ne peut se cantonner qu’au côté rutuélique, voire spectaculaire de la cérémonie dans le Temple et des agapes. Aussi convient-il de s’interroger, une fois encore, sur l’initiation, sur sa finalité et sur la signification qu’elle peut revêtir pour l’homme ou la femme de notre temps. Christian Guigue, auteur des ouvrages maçonniques bien connu, répond à la question de savoir s’il est possible de préciser le but de l’initiation. Je cite : « cela tend à provoquer le déclenchement d’un choc ou une succession de chocs tout au long de sa vie par la vue de telle image ou tel concept-symbole. Ce choc avec tout ce qu’il comporte pour l’Homme, révèle bien d’avantage de la science sacrée ou de la vérité que tel exposé devant paraître plus raisonné intellectuellement, mais moins assimilable et moins efficace donc plus faux à l’égard de tel ou tel entendement ». Il va de soi donc que la réception d’un profane dans l’ordre maçonnique est une renaissance qui va permettre au nouvel initié d’opérer une rupture en lui et l’amener progressivement à se défaire des vieilles habitudes de toute sorte. L’apprenti va lui-même trouver sa route, tâtonnant des fois, donnant la première lettre pour recevoir la seconde afin de construire le Mot. L’initiation n’est pas un vain mot. Notre vie ne sera plus la même ; c’est pourquoi le candidat est amené au cabinet de réflexion pour tuer le vieil homme en lui afin de naître de nouveau. Cette alchimie est d’ailleurs indispensable ; La formule V.I.T.R.I.O.L aurait été introduite dans les rituels par les alchimistes ! Le but des alchimistes était de trouver la pierre philosophale qui permettait la transformation du vil métal en or ou en argent. C’est le même phénomène qui se produit en nous. Sur sa route, l’initié qui persévère va franchir des étapes, recevoir et apprendre à manier des nouveaux outils au fil des ans, des grades. Il va faire son chemin avec des fois de mouvements de régression. Mais il se souvient de la cérémonie d’initiation et continue la route longue, difficile mais Ô combien exaltante. Il va apprendre à se faire, à devenir lui-même et bâtir son Temple intérieur, à entreprendre à organiser son chaos intérieur, à ouvrir sa Loge intérieure à l’aide des outils à lui, confiés. Le franc-maçon cherche sa route et non la route. Dans le chemin initiatique, les autres ne payent jamais pour nous, nous ne payons jamais pour les autres non plus; et nous récolterons toujours ce que nous aurons semé ; en bien ou en mal ; si ce n’est dans cette vie, c’est dans une autre. C’est du chacun pour soi, le GADLU pour tous. En même temps avec les autres, mais seuls aussi. Démarche collective, mais avant tout individuelle dira t-on. C’est peut-être d’ailleurs pourquoi l’initiation ne se raconte pas. Vous ne trouverez jamais les mots exacts pour la décrire, dites tout ce que vous voulez, celui qui vous écoute ne sera jamais à votre place. L’expérience est personnelle. On la vit en soi. Chacun de nous peut répondre à la question du Tuileur : que fait-on dans votre loge ? R : « on y apprend à être tolérant, à combattre l’injustice, à faire régner la fraternité entre les hommes. On y dresse des couronnes pour la vertu et on y forge des chaînes pour le ou bien on y creuse cachots pour le vice ». Dans quel but ? Pour faire un être nouveau, pour revenir à notre nature primordiale d’avant la chute adamantine. L’initiation en franc-maçonnerie place l’homme ou la femme, outils en main, devant sa pierre dans le chemin ; à lui de le poursuivre. Et gare à lui s’il la jette dans le jardin du voisin ! L’initiation maçonnique ne nous conféra jamais à elle seule ni savoir, ni autorité, ni puissance, ni pouvoir. Rutuelique, symbolique et initiatique elle est. Ne sont acceptés à l’initiation maçonnique que des hommes et des femmes libres et animés du désir de se perfectionner. Dans chaque obédience, on distinguera toujours un aspect constitutionnel ; certains diront administratif, propre. Chaque obédience ayant ses lois, mais somme toutes, le tronc initiatique reste commun. Ne dit-on pas que la Franc-maçonnerie est universelle ? C’est encore avec Christian Guigue que nous avons le mot de la fin : « Celui qui avance dans la voie de l'initiation a la conscience claire de ce caractère précieux et privilégié de la vie corporelle qui lui est accordée. Dans ce cadre-là, on ne peut pas jouer ou faire semblant de prendre les choses au sérieux. C'est pour nous faire comprendre immédiatement que la mort nous frôle sans cesse que le candidat à la réception dans l'Ordre se trouve enfermé dans le cabinet de réflexion. Le sablier, le crâne, la pénombre évoquent le tombeau et de fait, par le coq qui se trouve sur le tableau - il est utile de préciser ici que le coq dans les pratiques anciennes était toujours sacrifié lors d'un décès pour annoncer l'arrivée de l'âme du défunt dans l'autre monde, ce coq qui annonce la mort du candidat qui arrive. C'est important car tout initié est un "deux fois né", c'est-à-dire quelqu'un qui est mort à une forme de vie pour pouvoir accéder à un autre état d'être. Cette frontière des mondes se trouve matérialisée par le porte de la loge ». J’ai dit ! L\ B\G\ Bibliographie : - La
Formation maçonnique de Christian Guigue - Dictionnaire
Encarta - Le
Règlement général de DH - Le
Rituel d’initiation |
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