Obédience : NC Loge : NC Date : NC

A mon arrière grand-père que je n’ai malheureusement pas connu, 
et qui mourut une seconde fois lorsque de sa tombe on retira 
l'équerre, le compas et les rameaux d'acacia pour y mettre une croix.
Si vous perdiez un de vos FF\ ou le trouveriez-vous ?
Entre l’equerre et le compas
Expliquez-moi cela ?

- C’est que l’equerre et le compas sont les symboles de la sagesse et de la justice : un bon maçon ne doit jamais s’en ecarter.

Un Maître en effet, ne saurait se laisser déchirer, ni même désorienter.

Si d’aventure, il lui arrive, comme à tout un chacun, de s’égarer, il dispose des outils pour se retrouver.

De même, lorsqu’il n’est encore qu’un compagnon, récipiendaire sur le point d’être élevé Maître, il lui sera demandé de donner la preuve de son innocence en enjambant le cercueil, par une marche de trois pas.

On sait que préalablement, ont été placés :

A l’Ouest prés de la tête du cercueil, une EQUERRE, ouverte vers l’Ouest, et à l’Est, prés du pied du cercueil, un COMPAS, ouvert vers le cercueil.

Le récipiendaire passe donc bien de l’ÉQUERRE au COMPAS, et c’est entre l’ÉQUERRE et le COMPAS, qu’il ne craindra pas que les blessures du meilleur de nos F\ se rouvrent, et que son sang coule à nouveau pour l’accuser.

En bon Maçon, il ne dévie pas de sa trajectoire, entre ces deux outils : il ne s’en écarte pas.

Mais considérons de plus prés ces deux outils incontournables en Maçonnerie, que l’on finirait presque par ne plus voir, tant ils sont présents.

Rassurez-vous,mes T\ C\ FF\, je ne vais pas vous donner un cours de symbolique maçonnique, puisque vous n’avez plus rien à apprendre en la matière.

Le bref rappel auquel je vais me livrer, n’à d'autre but que d'ouvrir la. Voie du chemin que je veux emprunter et qui est celui du cherchant.

L’equerre et le compas

A l'origine ils étaient vulgaires et profanes ; de simples instruments ou outils.

L'équerre :

Le mot équerre vient du Latin populaire (XIIème siècle) exquadro lui-même issu de exquadrare (rendre carré à ne pas confondre avec…à mettre au carré, surtout s'il s'agit d'une tête !) lequel est né de esquire (carré). Il s'agit d'une pièce, à l'origine uniquement de bois, dont la forme présente un angle droit, dont les branches sont inégales dans un rapport généralement de 3 à 4 ( cette asymétrie est symbole de dynamisme chez nous) et qui sert à tracer des angles droits ou à élever (certains dictionnaires disant à abaisser) des perpendiculaires ; par la suite, le terme équerre n'a plus désigné la forme d'une pièce mais, relativement à son usage resté le même, un instrument, un outil de maçonnerie, de charpenterie, de menuiserie…, bref de divers métiers de la construction. Dans ce sens précis, il s'agit d'une vraie équerre puisqu'il en existe une fausse, dite sauterelle, dont les branches sont mobiles et qui permet à l'architecte de donner une valeur quelconque à l'angle qu'il veut dessiner. L'équerre est simple ou double.

En forme de T ou de L et alors généralement en métal, elle désigne non un outil mais une pièce servant à consolider des assemblages de charpente et de menuiserie.

Le terme a donné deux locutions : d'équerre ou à l'équerre pour désigner un assemblage, une position, un tracé (dessin) à angle droit.

Le compas :

De compasser (mesurer avec exactitude) issu du Latin passus (le pas) et compassare (mesurer avec le pas), il désigne un instrument de tracé ou de mesure qui, arc-bouté sur deux jambes ou composé de deux branches articulées à une extrémité et dont les formes sont adaptées à la mesure à effectuer et dans un rapport ou écart mis en regard d'une échelle de longueur, sert à mesurer des angles, transporter des longueurs ou tracer des circonférences. Il peut être à pointes sèches et, alors, jouer à la danseuse étoile.

Grâce à lui, on peut vérifier la conformité d'un assemblage, mâle et femelle, sans que l'on ait besoin de l'emboîter. Avec des jambes résillées de petites règles divisées, il devient de proportion ou de Libergier. Si ses jambes s'arquent, il se fait d'épaisseur pour mesurer l'épaisseur d'un corps ou la dimension d'un évidement, autrement dit…l'épaisseur d'un…vide. Lorsque, se remémorant un ancêtre chinois ou se prenant pour Marco Polo, il prend la mer, c'est pour devenir une sorte de bouquet de roses, non de terre mais des vents, et indiquer la direction du nord magnétique afin d'éviter au marin de…perdre la boussole et d'égarer son bateau, la marchandise et, surtout, les voyageurs. Si d'aventure ses jambes se prennent l'envie de coulisser l'une sur l'autre, il devient de réduction et permet de tracer des figures proportionnelles. Parfois, ivre d'encre de Chine, il s'imagine tire-lignes et, tel un violon d'Ingres, donne des morceaux d’architecture, de géométrie ou de dessin. S'il arrive que, sur les bancs de l'école de mauvais garnements le plantent dans les yeux de leurs camarades, de nombreuses personnes l'ont dans l'œil et sont ainsi capables, d'un simple coup d'œil, d'évaluer une distance, une mesure. Enfin, pour l'écolier-e il est une affaire de classe ou fourniture scolaire qui sort de temps en temps de la trousse ou du plumier pour, à l'invitation du maître ou de la maîtresse, tracer des cercles (et, parfois, des triangles et des angles droits) et c'est d'ailleurs pour cet usage qu'il a pris son acception courante.

Parce qu'ils sont de mesure et que, relativement au plan et au traçage, ils traitent de l'horizontalité et de la verticalité, ces deux instruments sont souvent associés à deux autres outils, le fil à plomb et le niveau : Interrogeons donc l'équerre et le compas.

Le compas est au cercle ce que l’équerre est au carré.

Donc l’instrument qui fut créé pour réaliser des ronds, et qui à cause de sa fonction est en analogie avec la Terre, la Matière, est du genre masculin, tandis que celui qui sert à faire des carrés, auquel on peut ainsi trouver une analogie avec le Ciel, l’Esprit, est du genre féminin.

De ce fait, on peut en déduire que le compas exerce un pouvoir sur la Matière, et qu’il est donc un symbole de l’Esprit, quand l’équerre, pouvant agir sur l’Esprit, est plutôt un symbole de la Matière.

Le maître placé entre l’équerre et le compas, devient le médiateur qui les unit, en quelque sorte le pont qui va de l’un à l’autre. Il réintègre dans l’unité les dualismes de sa nature.

En Occident comme en Chine, le compas et l’équerre évoquent respectivement le Ciel et la Terre. De plus, si le compas est plus spécialement en rapport avec la détermination du temps, l’équerre l’est avec celle de l’espace.

Ainsi, le mouvement de l'équerre au compas est la traduction du passage symbolico-cosmique de la terre au ciel, de la matière à l'esprit, de l'inconscient au conscient… Et, d'une « surface horizontale à une vivante perpendiculaire » puisque l'équerre, instrument du M\, suggère l'espace, la rationalité et l'immanence tandis que le compas, instrument du G\ A\ D\ L\ U\ évoque le temps, la spiritualité et la transcendance.

Lorsqu'ils s'enlacent, leur position l'un par rapport à l'autre varie au fur et à mesure que l'on monte en grade et qu'ainsi on s'élève en progressant dans la découverte-construction de soi et dans la réalisation de son Chef- d'œuvre : sa propre vie.

- Au grade d'apprenti, l'équerre est sur le compas, on peut dire que les branches de l’équerre couvrent les pointes du compas, ne serait-ce pas pour éviter qu’ils se blessent ?

-Au grade de compagnon, l'équerre et le compas sont entrelacés.

-Enfin, au magister, le compas est sur l'équerre.

(Notons qu’au Rite Ecossais Rectifié, aux trois degrés il y a enchevêtrement, ce qui signifie que l’Homme ne peut varier, il reste toujours le même).

Au R.E.A.A. il y a donc l’esprit d’une progression allant du Matériel au Spirituel. Ce cheminement va donc d'un esprit dominé par la chair à celui d'un esprit dominant la chair en passant par une sorte d'étape fusionnelle.

La chair – l'équerre – et l'esprit – le compas – des humains seraient-ils donc deux réalités, deux principes, deux éléments, deux facettes, deux composantes d'une même unité…l'être humain.

Mais alors ? me questionnais-je : est-ce que la finalité de l'initiation maçonnique serait de prendre conscience de cette dualité, de la considérer comme antagonique et non complémentaire et de se révolter contre la tyrannie de la chair sur l'esprit pour la renverser et, au terme d'un long et dur labeur, instituer une domination légitime de l'esprit sur le corps ? Et, dans ce cheminement, que signifierait cette phase intermédiaire d'entente entre le corps et l'esprit ? Une trêve ?

Cette dialectique du corps et de l'esprit n'est-elle pas à l'image de celle de l'esclave et du maître : peut-il y avoir de liberté dans un régime de tyrannie ? L’esclave se libère-t-il vraiment en renversant son maître pour l'asservir ?

Tout autant troublant : est-ce que cette ascension n'est pas un déracinement, un égarement quand de nombreux textes et rites estiment que la juste place du M\, au sens d'être humain (para) achevé, est entre terre et ciel, c'est-à-dire entre…l'équerre et le compas ?

Interrogeons l’histoire des Hommes :

À Pompéi, dans ce qui fut vraisemblablement un collège de bâtisseurs, on peut voir le dessin d'une équerre et d'un compas enlacés. A l'autre bout du monde, à l'époque des Hans, en Chine, de nombreuses gravures représentent entrelacés ceux dont on disait qu'ils étaient à l'origine du monde : l'empereur mythique et son épouse, l'un tenant une équerre, l'autre un compas. En mandarin, équerre se dit chü et compas se dit kuei et l'association des deux caractères correspondants donne kuei-chü qui désigne une personne du juste milieu, équilibrée, libre et de bonnes mœurs.

Pour les bouddhistes, les taoïstes, les tantristes, les hindouistes, les shintoïstes…, brefs, pour la quasi-totalité des systèmes philosophiques, éthiques et/ou religieux de l'Orient, l'équerre est la base, la référence immuable. Son énergie est passive. Elle montre ce qui est droit, ce qui ne l'est pas. Elle permet de redresser ce qui ne l'est plus ou ce qui ne l'est pas encore. Elle est impartiale. Elle dit le droit à chaque instant. Elle permet de vérifier si la direction ou la décision prise est juste. Elle est le contraire de la fantaisie et pourtant, sans elle, la fantaisie ne pourrait pas danser.

Elle assoit le monde sur la terre. Elle forme le carré, le fondement de l'existence sur Terre. Elle est le fondement de l'éthique bouddhiste puisqu'elle est l'octuple sentier de toute démarche vers l'éveil : parole droite, action droite, vie droite, effort droit, attention droite, pensée droite, compréhension droite, méditation droite.

De son côté, le compas est vif et il faut s'entraîner pour le manier sans se blesser (d’où sa position au grade d’apprenti, comme on l’a dit).

Si la sagesse n'est pas présente, il peut être dangereux, car son énergie est active. Il mesure toute chose. Il permet les comparaisons, les évaluations, les calculs. Il trace les cercles, les arcs, les enchevêtrements, les labyrinthes. Plus les branches s'écartent, plus l'espace s'ouvre, plus l'esprit grandit. Toutefois, le métier de bâtisseur ne permet pas l'usage du compas à 180°, ou il devient alors une droite et il est à la parfaite mesure, lorsqu'il est à 90° comme en F\ M\!

Avec cette ouverture à 90°, les bornes de l’esprit humain ne sauraient être franchies, on montre aussi là les limites de l’Homme. Aussi le représente t-on souvent ouvert à 60°, avec cet angle, la spiritualité débouche sur le cosmos. Dans ces systèmes, l'équerre et le compas sont toujours entrelacés ou re-unis dans une relation d'équilibre cosmogonique à l'image du Yin et du Yang ; appliqués aux humains, ils attestent de leur accomplissement qui est la sagesse du juste milieu en toutes choses, autrement dit de l'équilibre, ou pour reprendre une notion géométrique, du centre. D'aucuns considèrent que la voie du M\ est celle du juste milieu et que la F\ M\ est cet Art royal qui consiste à trouver le point de rencontre entre le concret et l'abstrait, l'ici et l'ailleurs, le hier et le demain, l'espace et le temps, l'unique et le multiple, le tout et l'élément, le simple et le complexe, le positif et le négatif, le soi et l'autre, l'identique et le différend…, bref à trouver en toutes choses l'harmonie dont les Anciens disaient qu'elle était la fille de la géométrie.

Le Maître Maçon « entre l’équerre et le compas », est dans le rôle du médiateur qui est aussi celui du jen taoïste.

Au moment de conclure, j’ai conscience que l’élaboration de cette planche a contribué à ce que je puisse me retrouver entre l’équerre et le compas dans une période troublée par les écueils rencontrés dans mon chemin personnel. Elle participe d’une certaine sérénité. La maçonnerie a ceci de spécifique que par le travail en loge, en dehors de l’espace et du temps, elle permet de puiser force et vigueur.

Mais n’oublions pas que le compas tournant sur sa pointe, pour revenir au point de départ, symbolise aussi le cycle d’une existence.

« Si loin et si longtemps que tu ailles, c’est au point de départ que tu arriveras de nouveau ».

J’ai dit V\ M\

S\ P\


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