Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Rituels et symboles

Introduction

J’aimerai vous présenter un sujet qui permettra à notre assemblée de découvrir une autre facette du monde musulman à partir d’études sur ses rites et rituels pratiquées depuis le début de l’Islam. Au cours de ma recherche j’ai constaté combien de convergences j’ai pu notées avec le concept franc-maçon.
Avant d’aborder le sujet, il est important de prendre connaissance du contexte actuel dans le monde. En effet, la situation du monde musulman est dramatique dûe à l’effet de la politisation de la religion. Elle occulte l’aspect philosophique, ésotérique qui nécessite un climat de paix pour pouvoir échanger avec le monde extérieur.
Depuis les premiers temps de l’Islam, des structures philosophiques, ésotériques existent sous forme de confréries, ou de communautés.
Dans le monde musulman, à la mort du prophète deux blocs se sont formés :
Le premier représenté par les sunnites majoritaire aujourd’hui et le second représenté par les chiites.
Les sunnites ont pour principe l’application du livre sacré, axé sur la forme exotérique
Les chiites ont prôné une interprétation ésotérique du texte du coran, avec comme guide spirituel l’imam dont Ali fût le premier. Peu à peu des branches se sont constituées au sein des chiites. Trois d’entre elles ont fait l’objet de mes recherches : les soufis, les ismaéliens les druzes sous l’angle des rituels et des symboles.
L’objet de mon travail a été de trouver à travers des exemples, l’histoire, le fonctionnement de ces structures et de trouver des similitudes entre leurs rites et les rituels maçonniques.

1 / Origine du soufisme
C’est à l’époque des Abbassides en 700 après. JC et sur le territoire iraquien que se mettent en place les confréries soufies. La base de leur quête s’appuie sur les livres traditionnels tels que le Coran, les Hadiths, la recherche de l’égalité, de justice sociale jusqu’au sacrifice pour le progrès de l’humanité, et ils en constituent les fondements.
En effet, notons que dès 983, El Hallaj figure emblématique du soufisme fût supplicié et exécuté par les sunnites en révélant par une célèbre phrase «  je suis dieu vérité. Nous sommes deux confondus en un seul corps ».
Deux confréries ont joué un rôle important dans l’histoire des soufis.
Les mowlawyyas au 13 eme siècle appelée « confrérie des derviches tourneurs » inspiré par le poète mystique Djalal al Din Rumi, perse d’origine et chassé par mongols en Asie Mineure.
Les «Becktachiyyas » fondé par un turkmène Hadji Bektache  
Ces confréries se définissent comme une chaîne généalogique spirituelle (silsila) remontant jusqu’aux compagnons du prophète. Ils pratiquent dans un lieu appelé Zawia leurs exercices liturgiques appelé Dhikr récitation de verset suivi de méditation de ces versets.

Rituels religieux des confréries Soufies comparé aux franc-maçons
Chez les bektachis , le candidat en général homme, subit une probation de 40 jours  loin de la famille et amis. Il se présente auprès du « cheikh » qui énumère les devoirs et règles de conduite pour progresser dans la vie spirituelle. Une des règles de conduite est l’anonymat. On retrouve là l’esprit d’humilité qu’on inculque aux francs maçons.
Il fait profession de l’abandon de soi en déposant ses objets métallique, symboles de la vie profane devant le cheikh et en dénudant ses épaules. En Franc maçonnerie le candidat au premier degré se débarrasse aussi de ces métaux face au vénérable Maître, en chemise, le bras et l’épaule découverts.
La cérémonie se termine comme en franc maçonnerie par des agapes.
Autre point commun avec les francs maçons, les bektachis n’acceptent que les membres de l’ordre. Le secret est un des grands principe. L’ouverture aux autres quelques soient leurs religions correspond aux mêmes principes que chez les franc maçons.
L’initiation est progressive ; elle se décline en quatre degrés et de la façon suivante
1er degré : Mourid qui correspond à l’apprenti
2eme degré : mouquedem qui correspond au compagnon
3eme degré : nassib qui correspond au maître
4eme degré : le cheick qui correspond au maitre secret
Chaque soufi porte un vêtement particulier, la couleur, le tissu et la texture de la robe permettent de connaître la position spirituelle du soufi.

2/ Les ismaéliens
Cette communauté Chiite dont Ali fût le premier imam désigné par le prophète Mahomet a connu une première division au 6eme imam Jafar al Sadiq en 762. Il avait désigné Ismael comme son successeur mais celui-ci mourût ou disparut. La majorité des chiites ont reporté leur choix sur le second fils Moussa. Une minorité a reconnu Mohamad, le fils d’Ismael comme son successeur. Cette division va affaiblir la communauté chiite.
Différentes expressions de l’ismaelisme vont se répandre dans le monde musulman ;
Les qarmates nés 909 à 934, les fatimides de 905 à 1171, les druzes en 1021 constituent des branches importantes de l’histoire de l’ismaiélisme.

Doctrine ismaélienne :
Elle repose sur la rencontre avec l’imam. Celui-ci est à la fois la Raison Universelle (Aql) et l’Ame Universelle (nafs).
Parmi les intellectuels ismaéliens connus, on peut citer le poète Mutanabbi en 965, le médecin et scientifique Avicène en 1037, et Abu alaa Maaci, le « Voltaire » syrien, Nassir Khosrow, poète mystique et Nasreddine Tousi qui anticipa le théorème de Fermat.

Symboles et Rituels des ismaéliens comparés aux franc-maçon
L’initiation des prédicateurs appelé Dais
L’apprenti prend place devant le Cheick entouré de l’assemblée des dais. Le Cheick informe qu’il recevra un nom différent de son nom de la généalogie terrestre au bout du 7eme jour. Le chiffre 7 occupe une place important dans la symbolique.
En effet, l’initiation comporte 7 degrés :
1er degré : l’apprenti est soumis à des questions diverses et religieuses. Le maître demande sone engagement au secret. En FM l’apprenti fait le serment de ne jamais divulguer à aucun profane les secrets sous peine d’avoir la gorge tranchée.
2eme degré : il apprend que seul les imams ont reçu de dieu la mission d’instruire les musulmans.
3eme et 4eme degré : poursuite de la connaissance des imams et des prophètes et leurs seconds (Adam et Seth, Noé et Sem, Abraham et Ismael, Moise et Aaron, Jésus et Simon Pierre, Mahomet et Ali)
5eme et 6eme degré : connaissance des doctrines des prophètes en comparant à celles des philosophes tels que Platon, Aristote et Pythagore.
En FM, l’étude et la comparaison des doctrines philosophiques morales et religieuses fait aussi partie du parcours de l’initié.
7eme degré : on enseigne que chaque prophète a un second qu’on appelle « assas » qui définit le principe de l’un qui donne, et de l’autre qui reçoit.
Ce principe se retrouve dans les deux colonnes qui se trouvent à l’entrée de la loge maçonnique. La colonne de gauche, le booz ou boaz. La colonne de droite le jakin ou iakn.

Durant son initiation le profane ismaélien est amené devant une porte accompagné du frère introducteur qui frappe 3 coups, avant de pénétrer dans le temple.
La tenue vestimentaire a aussi son importance durant la cérémonie. Le Cheikh remet la robe blanche et la ceinture rouge. Le blanc symbolise la régénération de l’âme. La ceinture rouge est le symbole de la divinité et du culte. En FM, l’apprenti reçoit le tablier blanc et des gants blancs.

Revêtu de sa robe blanche, le profane ismaélien s’agenouille devant le Maitre. Celui-ci avec les autres frères se placent autour de lui pour former un cercle et posent leurs mains sur sa tête.
Au 1er degré, le candidat FM est amené les yeux bandés au milieu de la loge. Après avoir ôté le bandeau, les frères pointent leur épée vers lui.
L’épreuve des 4 éléments ( terre, eau, air, et feu) sont aussi présents dans l’initiation du prédicateur comme chez les FM.

3/ Les Druzes
Les druzes se sont séparés des ismaéliens à l’époque des fatimides en Egypte en 1017, après l’intronisation du 6eme calife fatimide Al Hakim. Celui-ci s’entoure d’intellectuels en particuliers d’Al Darazi qui expérimente une autre voie de la recherche spirituelle en lui ôtant les contraintes rituelles de l’islam. Les druzes ne s’imposent pas les 5 piliers de l’islam. Leur système juridique est différent de la Charia et ils croient comme les ismaéliens en la réincarnation. Après la disparition de l’imam Al Hakim, la communauté druze s’installe dans le Chouf libanais.
Basé dans un esprit d’ouverture, les druzes au fil du temps ont noué des relations étroites notamment avec les maronites venus de la Syrie pour combattre les ottomans. Les druzes ont toujours exercés un pouvoir politique dans la région libanaise avec une période faste entre 1697 et 1840 sous la dynastie des Cheab. Aujourd‘hui la communauté druze est présente au Liban, en Syrie, Israël, et la Jordanie. Mais quelle est dons la religion druze ?
Elle prend source de diverses inspirations : de l’Egypte de la pyramide, de l’ancien Testament, de la philosophie grecque mais aussi de l’islam.
De ses sources diverses, naît le livre de la Sagesse élaboré entre le 11eme et le 16eme siècle. Un autre ouvrage ésotérique enseigne l’initiation dans la communauté druze qui s’appelle « livre des points et des cercles ». Ce livre sera connu en occident puisqu’il sera offert à Louis XIV en 1700, et traduit par Venture de Paradis au milieu du 18 eme siècle et qui inspirera Gérard de Nerval dans son ouvrage «Voyage en Orient ».
Dans l’esprit des druzes, Dieu, à l’origine des trois monothéismes successifs a créé le druzisme pour l’unification des trois dogmes.

Rituels et symboles chez les druzes.
L’admission chez les druzes se fait en allant à la loge où le profane fait sa demande comme « demandeur de religion » auprès du Cheikh. La demande est étudiée par une enquête sur le comportement du profane dans la société civile et dure plusieurs mois. Un contrat d’engagement est demandé pour démarrer son cycle d’initiation. Là aussi le culte du secret et du silence est primordial comme en FM.
L’initiation est ouverte aussi bien aux femmes qu’aux hommes.
Chez les FM, la procédure de la demande de l’enquête et la délibération du Vénérable Maitre lors d’une tenue pour passer les épreuves trouvent des points communs avec les druzes.

La cérémonie d’initiation du profane Druze.
Le khalwa ou loge est divisé en trois parties. Les femmes sont séparées des hommes et du Cheikh par un épais rideau. Elles entendent mais ne voient pas.
Le Tuileur demande à l’entrée le mot de passe, les signes et attouchements spécifiques. La période probatoire dure 2 ans et l’initiation se fait le jour de l’Id ul ada ( fête de sacrifice).
L’engagement de l’apprenti est formulé par écrit. Le Cheikh lui demande fermement de garder le silence sur les connaissances qu’il vient de recevoir et remet l’habit conforme à son rang. La réunion se termine par une collation.
Les 7 préceptes druzes qui rappellent les piliers de l’islam sont :
1/ la véracité de la langue qui remplace la prière
2/ la pratique de la fraternité qui remplace la dîme
3/ l’abandon du culte du néant qui remplace le jeûne
4/ le renoncement au démon qui remplace le pèlerinage
5/ la confession de l’unité qui remplace les 2 professions de foi
6/ le contentement des œuvres du seigneur qui remplace la guerre sainte
7/ la résignation aux ordres du seigneur qui remplace la soumission à l’autorité légitime.

Chez les FM le temple est composée de trois parties. Les apprentis du coté de la colonne du Septentrion, la colonne du midi pour les compagnons et le Vénérable Maitre au milieu. Le mot de passe, les signes sont exigés également à l’entrée de la loge.
Les différents degrés sont apparents dans la tenue des initiés chez les druzes. La symbolique des couleurs est très importante dans leur société :
Le vert symbolise l’intelligence
Le rouge st associé à l’âme
Le jaune est associé à la parole
Le bleu est associé au précédent
Le blanc est associé au suivant.

En FM, la symbolique des couleurs est aussi présente :
Le blanc du tablier chez les apprentis et compagnons.
Le rouge sur le tablier chez le maitre.

Le chiffre 3 a une importance pour les druzes puisqu’il évoque les 3 règne de la nature : règne minéral, règne végétal, règne animal.
Le chiffre 3 représente le delta ou le triangle chez les FM. Le triangle est aussi présent sur le mur de la loge druze.
Le baiser fraternel druze est de 3 : joue droite, joue gauche et front.
Il en est de même pour le 5 et le 7 où il y a des points communs avec les FM dans la signification de ces chiffres.

Le concept de la liberté égalité fraternité chez les druzes
La conviction du « connais toi toi-même » est la ligne directrice qui pousse l’initié au développement mental pour la rencontre avec l’Absolu. Cette discipline le conduit à s’unifier et à unifier tous dans l’Un.
L’égalité tient à travers cette conviction du « connais toi toi même » une grande importance.
En effet, l’égalité entre hommes et femmes est centrale. Les femmes druzes tiennent une place importante dans la vie politique, éducative, et sociale et elles peuvent être initiées.
La liberté est une notion fondamentale pour que l’homme accède au savoir et au paradis divin. Dans l’histoire des druze, la liberté a été défendue en s’opposant aux croisés, aux ottomans, à la Syrie, etc.
Pour illustrer cette conviction, on peut citer Kamal Joumblatt, président du Liban dans années 70 par cette phrase « à quoi sert le pain sans liberté ? »

La comparaison de la Chahada avec la Croix :
La chahada est composée de 4 mots,
La = l’imam
Illah = le prophète
Illa= l’âme
Allah = l’intelligence
En FM la croix symbolise les 4 points cardinaux, emblème de l’immortalité et de la sainteté de leur union.

Conclusion
Les communautés musulmanes dont nous venons de faire une modeste connaissance illustrent l’importance du message ésotérique que délivre le Coran.
En effet, le prophète disait dans un haddith «le Coran a une apparence extérieure une profondeur cachés, un sens ésotérique et exotérique ; a son tour ce sens ésotérique a un sens exotérique ainsi de suite jusqu’au 7 sens exotérique ».
En exposant les quelques rituels et symboles de la confrérie de soufie, de la communauté ismaélienne et druze, on a pu montré les correspondances avec les rituels et symboles maçonniques.
Elles sont porteuses d’un message d’espoir dans un monde musulman qui aujourd’hui est exposé à travers des actions des minorités extrémistes.

N\ P\

Nota - Il a été demandé à L'Edifice d'apporter la précision ci-dessous, ce que nous faisosn de bonne grace.

Nous vous prions de citer que la planche ci-dessus, concernant les soufis, ismaéliens et druzes est tirée du livre:secrets initiatiques en Islam et rituels maçonniques,éditions l'Harmattan, dont le co-auteur est notre Grand Maître Mondial le TIF Jean-Marc ARACTINGI et M. Christian LOCHON.
C'est par honnêteté maçonnique et  envers les auteurs que cela nous est demandé.

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