Obédience : NC | Loge : NC | 21/11/2022 |
Un
F, qui a lu le travail 3094-R nous a écrit pour pouvoir contacter son
auteur et
lui demander des infos le contenu de cette planche. Cet échange nous a paru constructif, c’est pourquoi nous leurs avons demandé l’autorisation de le publier. Par souci de confidentialité, les noms resteront cachés. |
Mon TCF T\ D\ Je prépare pour le moment un travail sur le Rite moderne belge et je suis amené à m'intéresser au Rite écossais philosophique. J'ai trouvé sur le site de l'Édifice un Morceau d'Architecture anonyme sur ce sujet sous une référence 3094-Q. (Voir pièce attachée) Ce qui m'intéresse surtout c'est ta remarque, sous le texte qui dit ceci : Un F nous écrit au sujet de cette phrase : … On dit même que fut fondé en Belgique voici un demi-siècle un « Rite Ecossais » d’un nouveau genre - un Rite Ecossais « belge » en quelque sorte – qui porte nom « Rite Ecossais de 1962 » (tout simplement parce que constitué cette année-là…). Je pense qu’il y a peut-être confusion avec le rite franco-belge datant de la même décennie et pratiqué aujourd’hui dans la région PACA par des loges de la GLNF qui ne connaissent pas bien l’origine de leur rite. J’ai presque pu en remonter la filiation, exportation de FF belges (aujourd’hui décédés) dans les Cévennes puis transmission dans des loges du Midi. J’ai pu reconstituer le “ chainon manquant”. Je suis, entre autres, affilié à la R\L\ Les Enfants de Minerve à l’O\ de Fréjus qui pratique ce qu’ils ont convenu d’appeler un Rite Français de Tradition qui, selon moi, n’a rien de français et ne ressort certainement pas à une tradition française mais bien au Rite moderne belge. Je leur ai promis de tenter de faire la lumière sur cette curieuse filiation… Peux-tu m’aider ? Je crois savoir que c’est à l’initiative d’un certain F\ Omer Faidherbe que ce Rite moderne belge fut importé à Le Vigan, dans les Cévennes, dans les années ’50. Cet illustre F\ était pasteur protestant – il est passé à l’Orient éternel en 2014 ! - et jouit depuis toujours d’une certaine popularité dans son village. Cela dit, était-il déjà à la GLB (créée en 1959) ou encore au GOB ? Son rituel provient-il bien de la RL La Constance de Louvain ou d’ailleurs ? Que de questions sans réponse ! Fraternellement. L\ G\ P\ Vénérable Maître ![]() R\L\ La Source & l'Aqueduc O\ de Mons-en-Provence # 2043 – G\L\N\F\ |
Le
chaînon manquant au « Rite Franco-Belge »
réactivé en France au milieu au XXème siècle ou La belgitude d’un rite moderne qui n’est en rien français… Mon BAF, Je reviens sur ta question posée de savoir si un lien se trouve entre le Rite Moderne Belge et le Rite Français dit ‘de Tradition’ pratiqué notamment par la R\L\ Les Enfants de Minerve à l’O\ de Fréjus dont tu fais état. Je parlerai au premier chef du Rite Moderne Belge qu’on se gardera de confondre avec le Rite Moderne Français, tant il est clair que les différences sont patentes entre le ‘Rite Moderne Français (de Belgique)’ et le ‘Rite Moderne Français (de France)’ communément appelé ‘Rite Français’ tout court – ce qui n’est pas moins interpellant puisqu’aussi bien on sait que le Rite français revêt en vérité plusieurs formes dont le Rite Moderne Français (sans doute le plus fidèle à celui d’origine de la Grande Loge d’Angleterre) n’en est qu’une parmi les autres, à côté des non moins prestigieux Rite français dit ‘Groussier’ (du nom d’Arthur Groussier, G.M. du G.O.D.F. de 1925 à 1945, et toujours pratiqué par la plupart des Loges du Grand Orient de France), Rite Français Moderne Rétabli (Rite français Traditionnel, très apprécié par la Loge Nationale Française née en 1968 d’une scission de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, elle-même issue dix ans plus tôt (1958) de la Grande Loge Nationale Française), Rite Français dit ‘de Tradition’ (aussi appelé ‘Rite franco-belge’, un autre rite que l’on peut qualifier de ‘traditionnel’ mais pas le même que celui-ci-avant) ou encore le moins connu dernier-né Rite Français Philosophique (il est vrai de création plus récente (1969) et adoubé par le Grand Orient de France voici seulement 20 ans (2002)), pour ne citer que les Rites Français usuellement répertoriés (car il serait trop facile de s’en tenir à ces cinq là uniquement…) C’est que les Rites Français n’ont rien à envier aux Rites Ecossais, ni quant à leur nombre, ni quant à leur complexité…. Comme rien n’est jamais simple en cette matière, on rappellera encore que le Rite dénommé ‘Français’ ne l’est pas vraiment, puisqu’il trouve son fondement en Angleterre au début des années 1700. On cite usuellement 1720 comme l’année de l’introduction en France du Rite Français dit ‘Moderne’ (Rite Moderne français (de France)), et ce à la faveur de l’immigration britannique de l’époque dont il se dit qu’elle était due à des raisons tout-à-la-fois politiques et religieuses. On pourrait tout aussi bien rétorquer ici que les Rites dits ‘Ecossais’ ne le sont pas davantage, puisque le R.E.A.A. est né à Charleston (Etats-Unis), le Rite Ecossais Rectifié à Wilhelmsbad (Allemagne) et l’Ecossais Philosophique – dont on parlera par ailleurs – à Marseille avant d’être développé en Avignon (soit le doux pays de France…). C’est à y perdre son latin pour celui qui l’a appris ! J’imagine que ton interrogation porte sur l’assimilation que s’envisager se peut entre le Rite Moderne Belge (Rite Moderne Français (de Belgique)) et le Rite Français dit ‘de Tradition’ – une variante parmi d’autres de la famille des Rites Français – usuellement répertorié dans le catalogue des cinq les plus courus. Dès le départ, s’induit une confusion, puisque l’esprit non averti confondra d’emblée le Rite Français dit ‘de Tradition’ avec cet autre Rite ‘traditionnel’ qu’est le Rite Français Moderne Rétabli (aussi appelé Rite Français Traditionnel par les uns, Rite Français Rétabli par les autres, Rite Français Moderne Rétabli par d’aucuns, Rite (Moderne) Français Traditionnel par certains, et encore Rite Français Traditionnel – Moderne – Rétabli par les derniers qui sont sans doute les plus précis sur l’appellation...). C’est que, comme dit, en France, rien n'est simple sur le terrain maçonnique ! Le ‘Rite Français Tradition’ – puisque c’est de lui dont s’agit – est ancien. On le dit héritier des rituels français publiés par le G.O.D.F. en 1786. Cà ne date pas d’hier ! Il est admis qu’il serait passé à Louvain (une ville néerlandophone de Belgique située en Région Flamande) sous l’Empire. Il y était pratiqué par la Respectable Loge ‘La Constance’ à l’Orient de Louvain, constituée en 1808, qui longtemps releva du Grand Orient de Belgique (G.O.B.) avant de le quitter voici presque 63 ans (le 4 décembre 1959 précisément) pour la Grande Loge de Belgique (G.L.B.) dont elle fut une des cinq Loges fondatrices et qui la compte toujours à son Tableau. On parlait à l’époque français dans cette ville des Flandres et ce Respectable Atelier se composait alors en majorité d’officiers français et de belges francophones (donc parlant le français), ce qui ne pourrait pas(plus) même se concevoir de nos jours s’agissant d’une terre flamande ! Le surnom de rite franco-belge était aisé. C’est ici – à n’en pas douter – que se situe l’origine du Rite Français dit ‘de Tradition’. Le commentaire du F\ anonyme sous mon article paru dans L’EDIFICE l’évoque aussi bien. De fait, s’établit que quelques nobles cévenols, officiers des armées royales, décidèrent de constituer en 1779 une Loge au Vigan (Gard). On connaît son nom : la ‘R.L. Saint-Jean de la Parfaite Union’ et son premier Vénérable : Valentin Ladislas, comte d’Esterházy, un brillant militaire français d’origine hongroise, proche de la Reine Marie-Antoinette et colonel d’un régiment de hussards portant son nom (le Hussard- Esterházy), né le 22 octobre 1740 au Vigan et mort le 23 juillet 1805 à Grodek (Russie). On imagine aisément que cette Loge Maçonnique à l’Orient du Vigan a pratiqué le ‘Rite Français-Tradition’ que ses membres officiers des armées avaient apporté dans leurs bagages. On doit penser pareillement que, bien des années plus tard, ce rite fut ‘réactivé’ en terre cévenole, où l’amitié franco-belge est une franche réalité. On sait qu’au milieu du siècle dernier, de nombreux belges se sont établis en Languedoc-Roussillon et notamment au Sud-Est du Massif Central. Très clairement, il y avait des Maçons parmi ces belges ‘exportés’. La logique veut que ces Frères belges aient tout aussi bien importé leur pratique maçonnique ! La Grande Loge de Belgique (G.L.B.), qui compte la R\L\ La Constance à l’O\ de Louvain en son sein (elle en fut une des cinq Loges fondatrices, toutes cinq dites « symbolistes »), est particulièrement avare d’informations publiques. Ma qualité de Maçon ‘régulier’ m’interdit de visiter cet Atelier et les contacts hors Travaux que j’ai avec certains de ses membres ne me permettent pas d’apprendre quoi que ce soit sur le rituel qui s’y trouve (mes modestes contacts sont très indifférents à ces arguties quant aux divers Rites, qu’ils ne connaissent pas pour la plupart). Il m’est donc impossible de me prononcer en l’état sur le Rite qui s’y pratique aujourd’hui. Comme encore cette R\L\ a quitté le giron du Grand Orient de Belgique (G.O.B.) voici déjà bien des années, il est illusoire d’espérer en apprendre plus sur le même point près ce dernier… A tout le moins s’établit clairement que si le ‘Rite Moderne (de Belgique)’ y est toujours de mise, il ne devrait plus avoir avec le rite franco-belge ci-dessus qu’un rapport très éloigné. C’est que le ‘Rite Moderne Belge’ est un rite syncrétique – d’ensemble plutôt bien conçu – qui emprunte ses contours à d’autres multiples, où se retrouvent tout autant le Rite Français que le Rite Ecossais Ancien et Accepté (lequel dernier n’est pas si ancien, puisque sa fondation date de 1801, et pas non plus vraiment ‘écossais’ puisqu’il vit le jour aux Etats-Unis…). C’est un rite tout en même temps éclectique et composite. Il est né en Belgique après la défaire de Waterloo en 1815. Il ne vit que de « greffes étrangères » selon l’excellent propos du R.F. Jean van WIN, un des premiers spécialistes de la question (VAN WIN Jean, « Rite Moderne Belge, Rite Moderne Français, je t’aime, moi non plus », Archives personnelles, p. 14). Il ne saurait, par définition, se calquer sur le Rite français de Tradition réactivé en Cévennes dans les années 50. Aussi bien, il est clair que, quand bien même aux dires de certains, le Rite Moderne Belge puiserait aussi dans le Rite Ecossais Philosophique – admettons ! – il se distingue en tout cas totalement de ce dernier, dont la caractéristique première est de faire la part belle à l’alchimie, ce qu’on chercherait en vain dans la pratique du R.M.B. Conséquemment, je doute très fortement que l’on puisse assimiler le Rite Moderne Belge auquel tu t’intéresses au Rite franco-belge pratiqué en PACA. J’espère que cette petite réflexion te sera utile. Je prends cette liberté de placer en copie quelques FF\ qui m’ont fait écho dans cette recherche. Je les en remercie. N’hésite pas à me revenir si tel est ton souhait ! Ce 20 novembre 2022, T\ D\ Passé V\M\ de la R\L\ La Parfaite Amitié n°11 à L’O\ de Bruxelles Passé G\O\ de la G.L.R.B. Souverain Prince Rose-Croix 18° |
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