Obédience : NC Loge :  NC Date : NC

 
La marche de l'apprenti

 
Introduction
La marche de l'apprenti... une des premières choses que nous apprenons après avoir reçu la lumière, une des rares choses que nous répétons et répétons encore à tous les grades, dans tous les temples quelque soit l'obédience ou le rite. Une chose qui figure ce que nous sommes en nous même hors du temple: vous êtes-vous déjà amusé à regarder sur quel pied vous commenciez une marche, une montée d'escalier ou une ballade dans le monde profane ? Peut-être que de garder le bon ?il sur le bon pied permet de garder la forme ?
 
La marche est une continuité atemporelle
Si « marcher » connaît à coup sûr un début et certainement une fin, que ce soit une fin pour un arrêt comme pour un changement d'allure. La Marche n'est rien de ça. La marche, par définition est un « en train ». Comme le passant, devant nous, il n'a ni alpha ni oméga il est juste en train de passer sans certitude de l'origine ni de la destination. La marche juste comme le continuum d'un acte devient la continuité initiatique, droite, glissée en douceur, sans a coup sans heurt mais par des étapes non inscrites. Nous passons d'un pas à l'autre comme nous franchissons les grades.
 
La marche est un instant temporelle
La marche de l'App:., se fait uniquement en direction de l'Orient. Elle fait face au soleil levant, à l'origine, au passé et, laisse derrière l'App:. son avenir. C'est avancer vers son passé, ne pas oublier qui nous sommes par ce que nous étions sans appréhender ni anticiper l'avenir ce qui serait présomptueux et prématuré. Il faut, pour avancer physiquement, regarder derrière symboliquement. Plus on cherche la lumière par le chemin le plus direct, plus le rite nous en éloigne. La vérité n'est vraie qu'à un instant « t » et le temps en est son autel sacrificiel. C'est une marche de l'Occident à l'Orient, une croisade de l’ego vers le soi promis, vers l'absolution de tout ce qui a pu se passer avant d'en arriver à l'occident un début après la fin sans connaître la fin de ce début.
 
La marche est un changement d'état
La marche depuis le parvis jusqu'entre les colonnes, depuis le monde profane jusqu'au monde maçonnique. Sans se le figurer ni l'appréhender nous changeons ce que nous sommes. Par l’équerre l'action se fait suivre de la pensée et la volonté est suivie de la raison. C'est la transition progressive du monde de la matière au monde spirituel. C'est le passage de l'aléa et du chaos profane au monde ordonnée et précis de la maçonnerie, le principe même de « l'ordo ab chao ».
 
La marche est un principe d'humilité
La marche, pas glissés au sol en discrétion, mesurés, pondérés et adaptés. C'est la volonté même de faire comme tout le monde, d’être comme tous nos FF:. et SS:. ni plus, ni moins. L'absolu conscience que nous gardons bien les pieds sur terre sans faire plus de bruit qu'il n'en faut. Avec humilité, avec pondération et bienveillance nous faisons les mêmes gestes et gardons l'esprit libre comme nous gardons le lien le plus étroit avec la réalité sur un seul plan et pouvons épandre hors du temple.
 
Mais la marche va au tapis
Les 3 pas de l'App:. sont le franchissement symbolique des 3 marches du tapis de loge à son grade. Le passage du plan physique au plan spirituel par le plan astral. Le passage du corps à l'esprit par l'âme. Pour passer du monde profane au monde maçonnique, l'App:. devra puiser en lui son âme, sa conscience qu'il devra dépasser en se dépassant lui-même. En rentrant en loge c'est là qu'est son premier devoir comme à tout F:.M:. quelque soit son grade finalement -sans développer plus-. Mais au tapis de loge d'App:., au bout de ces 3 marches, c'est une porte fermée qu'il trouve car il ne peut aller plus loin que ce qu'il ne sait, il ne doit aller plus loin que ce qu'il doit savoir, le temple ne lui est pas encore acquis. Il ne peut aller plus loin, parce qu'il ne doit aller plus loin. L’introspection s’arrête là ou commencera l’exovision.
 
La marche est rebelle
Outre quelques considérations purement administratives et les cérémoniels d'ouverture et de fermeture, la marche de l'App:. est le seul moment où l'App:. est en interaction avec son milieu. Le seul moment ou il est « autorisé » entre guillemets à agir et à répondre dans la tenue. Cette autorisation est une forme embryonnaire de rébellion face a la vie restrictive d'un App:. en tenue. Une forme a peine prononcée de ce qui reste du chaos quand il était profane. Une forme de point noir dans le Yang de la personnalité quand le Yang est à  midi, à son maximum. Une forme que nous tenons tous à lui laisser comme pour ne jamais oublier d'où l'on vient et où nous pourrions aller sans nous contenir.
 
Mais la marche est aussi obéissance
« Obéissant », le mot peut prêter à discussion ou faire peur. Mais par la marche, le F:.M:. qui pénètre, travaux ouverts, est obéissant. Obéissant aux devoirs du V:.M:. qui lui demande de rentrer en cérémonie, obéissant aux trois lumières par le signe, obéissant à son serment d'être quelqu'un d'autre ici dans le temple, d’être en respect avec les rites et rituels, avec les coutumes et les règlements. Avant toute chose, il est obéissant envers lui-même pour la droiture ou la justesse de ses gestes, par la rectitude de sa pensée, de façon d'être et d'agir et en même temps la volonté de chercher toujours plus ce qu'il y a à chercher.
 
Enfin la marche est celle du souvenir
Les 3 pas de l'App:. sont aussi là pour ne pas oublier les 3 voyages de son initiation. Ces voyages ont été rudes, tout en émotion, bruyants, troubles et à chaque voyage son travail mais toujours plus proches du dénouement et de la lumière. A chacun des pas d'App:., le F:.M:. doit retrouver et éprouver chacune des épreuves de ses voyages initiatiques. Un rappel du pourquoi il est venu, pourquoi il est passé et surtout pourquoi il est resté.
 
Conclusion
Les 3 pas de l'App:. sont la définition de ce que nous sommes et devenons par rapport à ce que nous étions en profane et étions avant de pénétrer ; de ce que nous sommes dans le présent et le futur par le passé mais sans temporalité ni durée. C'est l'atemporel et l'intemporel de tout ce que nous faisons, de tout ce que nous sommes et qui change, se mute sans se transformer. C'est le souvenir et la compréhension, le principe du savant mélange entre opératif et spéculatif. C'est le souvenir et la perspective. Il ne faut pas hésiter ou rechigner à ce qui pourrait sembler rébarbatif et inutile, je pense que rien dans le rituel n'est moins essentiel qu'un autre rien, rien dans le rituel n'est inutile en son temps. Même si il est vrai que, si nous avions à marcher ainsi dans la rue nous passerions à coup sur pour des fous mais peut-être que, entre utopisme et humanisme, il y a une place pour notre folie à aimer l'humanité?
 
J'ai dit V:.M:.

 D\ S\


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