GLDF | Loge : NC | Date : NC |
La
Saint-Jean d’hiver
Selon notre tradition, une loge célèbre par un banquet d’ordre, ou tenue de table, la fête annuelle de la Saint Jean d’hiver. Nous sommes rassemblés ce soir mes F\ F\ pour la célébrer. Solstice La Saint-Jean d’hiver marque le solstice d’hiver, que notre tradition associe à Saint-Jean l’Evangéliste. Le terme solstice vient du latin solstitium (de sol, « soleil », et sistere, « s'arrêter, retenir »). Le solstice est l’événement astronomique correspondant aux deux moments de l’année où la position apparente du soleil atteint les extrémités de sa course. Ainsi, sous nos latitudes, où est née notre tradition, à partir de l’été, les jours raccourcissent et les nuits s’allongent. Pendant ce temps, la course du soleil s’incline vers le midi. Puis, à l’approche de ce jour du solstice d’hiver, le mouvement se ralentit, le soleil atteint une limite, marque un arrêt et parait s’immobiliser pendant quelques jours. La nuit est la plus longue, le soleil au plus bas de sa course, et tout s’immobilise silencieusement dans l’obscurité. Bientôt, ce passage du solstice franchi, commencera un nouveau cycle, les jours s’allongeront, le soleil remontera sur l’horizon dans la direction du septentrion. Malgré la nuit longue, le froid et l’obscurité qui dominent, s’annonce déjà la renaissance de la vie. Les deux polarités Dans des traditions les plus anciennes, bien avant la chrétienté, les hommes ont fêté les solstices et en particulier le solstice d’hiver, comme les saturnales romaines. Au plus profond de l’obscurité et du froid, l’homme voulait ainsi fêter la lumière, et la vie, en apparence disparue, mais pourtant bien là en germe, prête à renaître. Dans notre perception du cosmos, les deux solstices sont deux pôles extrêmes d’un cycle, manifestation de la Loi régissant toute chose dans le cosmos, dans le macrocosme comme le microcosme, les astres comme la nature, la vie physique comme la vie spirituelle. L’univers
manifesté est régi par deux « principes
» qui nous apparaissent comme contraires, et se manifestent
à nous par des couples d’opposés chaud
/ froid, sec / humide, ombre / clarté, pavé
blanc, pavé noir. Mais aussi
extérieur/intérieur, et expansion /
réintégration. La tradition Au solstice d’hiver, froid, humide, sombre, intérieur, ou le yin prédomine, s’oppose le solstice d’été, chand, sec, lumineux, extérieur. Mais si deux principes s’opposent c’est n’est qu’en apparence, car chacun n’existe que par l’autre. Que serait la clarté du jour si nous n’avions par l’expérience de l’obscurité ? Quand l’un diminue, l’autre décroît. L’un est engendré par l’autre. Dans la région sombre du yin, il reste un petit point de lueur appelée à croître et prendre la place de l’ombre. Quand un mouvement Yin arrive à son paroxysme il va laisser la place à un mouvement Yang, montant, et vice et versa. La dualité du monde se traduit par le jeu du mouvement incessant entre un pôle et l’autre. C’est le cycle de la nature, la respiration des êtres vivants, le mouvement du cosmos, mais aussi l’image de l’évolution spirituelle. Ainsi, aujourd’hui, au plus profond de l’obscurité une petite lueur brille-t-elle dans la nuit pour annoncer la Lumière de la connaissance. Mais cette lueur est d’essence spirituelle. Comment pourrions-nous la percevoir sinon dans l’obscurité la plus profonde de la fin de décembre ? La porte du solstice Dans l’antiquité romaine, les deux solstices étaient symboliquement associés aux deux visages du dieu Janus. Janus, dont le nom vient de Janua, c'est-à-dire « porte », était le dieu, qui présidait au passage, au franchissement dans tous les sens du terme, à la fois gardien et guide. Le passage, c’est aller d’un espace à un autre en franchissant une porte. C’est quitter son espace habituel pour entrer dans un espace nouveau. Une fois franchi le solstice fin décembre, januarius, c'est-à-dire Janvier, était-il naturellement autrefois le mois consacré à Janus. Il y a le temps d’avant qui précède le passage, et deviendra le passé, et le temps qui suivra le passage qui est pour l’instant un « à venir ». Un cycle se termine. Un nouveau va commencer. Entre les deux, nous franchissons la porte du solstice. Pour l’initié, ce passage est une expérience personnelle qui produit symboliquement un changement de modalité de son être. Le passage est par essence une évolution par rupture, comme l’est l’initiation. Dieu aux deux visages,
maître du temps, ouvrant et fermant les cycles au solstices.
Janus était aussi le dieu tutélaire des
corporations de constructeurs, les collegia fabrorum. Cette tradition
antique s'est transmise au monde chrétien avec, au Moyen
Âge, les corporations de Janus au double visage regarde à la fois en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil. Il était dans la tradition antique détenteur de deux clés, l’une ouvrant et fermant la voie ascendante vers la lumière spirituelle c’est à dire la connaissance ; l’autre ouvrant ou fermant la voie descendante vers l'obscurité. Selon la tradition pythagoricienne, c’était par l’une de ces deux portes, celle de l’été, que les âmes entraient dans le mode manifesté, et par l’autre, celle de l’hiver, qu’elles sortaient définitivement hors de la manifestation et du temps. Ainsi la porte des hommes, associée au solstice d'été, donne-t-elle pour l’initié l’accès symbolique aux « petits mystères » qui consistent en une ré-génération psychique destinée à faire naître un homme véritable, c'est-à-dire recentré et non plus dispersé entre ses différentes tendances. Cette porte ouvre la voie à l'état pleinement humain. C’est l’état d’expansion maximum de l’être dans la manifestation. A l’opposé du cycle, la porte des dieux, (janua coeli, porte du ciel) en relation avec le solstice d'hiver, donne accès aux « grands mystères », qui mènent symboliquement de l'état humain vers le monde spirituel, hors du temps, et réintégre l'individu dans l'Unité du Principe. Expansion et réintégration « Au commencement était le verbe, et le verbe c’est fait chair ». Symboliquement, le chaos a été ordonné par le verbe, et cet ordre existe de tout temps. Il existe dans le Principe, hors de la matérialité. C’est le temps de la création, celui de l’origine de toute chose, le temps « hors du temps ». Le mouvement de toute chose d’où naît l’ordre est fait d’une suite d’expansions à partir de l’origine et de réintégrations vers l’unité. Tout s’épand, puis se réintègre. Au solstice d’hiver nous appréhendons symboliquement cet état de réintégration et d’intériorité maximales. Recueillement de la tenue et joie agapes fraternelles ne sont plus séparés mais rassemblés dans le même espace et le même temps, et ne font plus qu’un. Les rayons du soleil se sont arrêtés, éclairant la colonne Boaz et marquant symboliquement la limite du monde manifesté. Temps et l’espace sont réintégrés dans un même tout. A l’extériorité de la fête de la Saint Jean d’été, à l’extérieur, ouverte, séparant tenue et fête, s’oppose la Saint-Jean d’hiver, close, intérieure, unifiée. Après l’expansion, la nature se réintègre dans la terre. Cette phase de réintégration, son point extrême c’est ici et maintenant. La lumière extérieure a laissé la place à l’ombre. Seule brille une petite lumière qui annonce la phase prochaine l’avènement de la lumière intérieure celle de la Connaissance. Le passage de la Saint-Jean d’hiver Le passage de la Saint Jean d’hiver nous fait vivre l’une des deux modalités de notre cheminement vers la lumière, suivant le cycle que l’on pourrait appeler semence et moisson, mort et vie, ou encore pensée et action. Alors que le solstice d’été nous porte à agir, à construire, à développer notre oeuvre extérieure, le solstice d'hiver nous ouvre la voie intérieure, silencieuse, celle du cabinet de réflexion, du dépouillement, du travail silencieux sur soi. A l’issu de la Saint Jean d'hiver, les jours commenceront à croître, annonçant la Saint Jean d'été, qui elle-même conduira de nouveau à la Saint Jean d'hiver. Ainsi, notre vie est-elle une perpétuelle interaction entre lumière et ombre, une respiration faite d’une succession d'inspirations et d'expirations, et s'ouvre toujours devant nous le vaste domaine de la pensée et de l'action. Vénérable Maître, j’ai dit. |
3110-B | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |