Les
Prophètes de la Bible, Prophètes
d’Israël
Les prophètes de la Bible,
prophètes d’Israël, occupent une place
importante dans l’Ancien Testament et ont fait
l’objet de commentaires nombreux et variés.
Pour la tradition juive, ils ont continué
l’œuvre du Patriarche Moise et ont
été ses fidèles interprètes.
De nos jours, on est loin d’être unanime sur les
divers problèmes posés à leur sujet :
traits caractéristiques de ces prophètes ; formes
et contenu de leurs oracles ; origine et finalité du
mouvement prophétique en Israël ; histoire du
prophétisme biblique.
SITUATION DU PROPHETISME EN ISRAEL
Les prophètes d’Israël appartiennent
à la famille des « porteurs de parole »
que l’on rencontre aussi dans le Proche-Orient, en
Grèce, en Asie centrale. Ils se distinguent des autres
inspirés divins surtout par le contenu de leur message qui
est déterminé par le fait que les
prophètes hébreux parlent au nom d’un
Dieu particulier, Yahvé, à un peuple particulier,
Israël.
Le prophétisme israélite repose sur le
caractère particulier des relations entre Yahvé
et son peuple.
Les prophètes de cette époque ont
été plutôt des orateurs, et ce sont en
général leurs disciples qui ont mis leurs oracles
par écrit, c’est à dire Amos,
Osée, Isaïe, au temps de l’expansion
assyrienne (VIII e s.) ; Jérémie,
Ezéchiel, le Second Isaïe, sous
l’occupation babylonienne (VI e s.).
Les avis sur le rôle des prophètes
ne semblent pas unanimes, certains ont fait d’eux des
conservateurs, des réformateurs, voire des
révolutionnaires. D’autres estiment
qu’ils ont occupé une fonction officielle dans le
cadre du yahvisme traditionnel et d’autres encore
prétendent qu’ils se sont violemment
heurtés aux autorités établies
d’Israël et de Juda.
En fait, les prophètes ne se sont pas
réclamés directement de Moise, ils se sont
considérés comme des envoyés de
Yahvé auprès de leur peuple. Ils
n’auraient cherche ni à sauvegarder, ni
à bouleverser la tradition religieuse
d’Israël.
Ils se savaient liés à Yahvé, de lui
seul ils tenaient leur mission, et de sa seule gloire ils avaient
à rendre compte.
LA PSYCHOLOGIE DES PROPHETES
On s’est interrogé sur la psychologie des
prophètes et on a parlé d’extases,
d’hallucinations, de « pathos »
; on a évoqué les particularités de la
mentalité primitive ou fait appel aux mystiques.
En fait, il ne semble pas avoir existé une psychologie
prophétique unique, chaque prophète avait son
tempérament propre et il suffit pour s’en
convaincre de comparer la sobriété
d’Amos à la sensibilité de
Jérémie, la noblesse d’Isaïe
aux bizarreries d’Ezéchiel.
LES ORACLES DES PROPHETES
Les prophètes ont été avant tout des
orateurs, dont les déclarations étaient entendues
plutôt que lues ; et ce n’est que peu à
peu, et sans doute poussés par la
nécessité (Jer., XXXVI), qu’ils se sont
mis, eux ou leurs disciples (par exemple Baruch pour
Jérémie), à écrire leurs
oracles.
Pour communiquer à leur peuple la parole de
Yahvé, les prophètes n’ont pas
usé d’un langage sacré ; ils ont
emprunté aux traditions d’Israël, et
notamment au monde juridique, cultuel ou sapiential, les diverses
formules qu’ils ont utilisées.
Leurs oracles, souvent introduits par l’expression
« Ainsi parle le Seigneur... »
On trouve également chez eux des paraboles (Is., V).
Le message prophétique s’est
caractérise par une variété de formes
qui nous révèle combien les prophètes
connaissaient la vie profane et religieuse de leur temps.
LE MILIEU
En se referant à l’histoire des religions, on peut
dire que le prophète fait partie, avec le roi, le sorcier ou
le prêtre, de ceux qui ont reçu la puissance et
dont le rôle est parfois interchangeable (Samuel a
été à la fois sacrificateur,
conducteur et prophète de son peuple avant
l’établissement de la royauté.2 en
Israël) ; certains aspects de son activité tendent
à l’apparenter aux devins, aux magiciens, aux
derviches, aux shamans.
L’Ancien Testament lui-même semble admettre
l’existence d’un prophétisme non
israélite Les récentes découvertes de
Mari, en Mésopotamie, ont permis d’attester la
présence, au XVIIIe siècle,
d’inspirés divins dont
l’activité politique et religieuse à la
cour présente des analogies avec les interventions de Nathan
auprès de David ou d’Isaïe envers
Ezéchias.
Les pratiques des devins, chez les Arabes nomades, rappellent fortement
celles des voyants d’Israël de telle
manière que le prophétisme hébreu peut
apparaître aujourd’hui comme
profondément intégré et
développé chez les peuples sémites.
LE PROPHETISME CLASSIQUE
La tradition biblique accorde à Abraham (Gen., XX) et
à Moise (Os., XII ; Deut., XVIII) le titre de
prophète rappelant ainsi le lien qui existait entre le
mouvement prophétique et la période ayant
précédé l’entrée
du peuple de Yahvé en Canaan.
Mais c’est sur sa propre terre qu’Israël
voit se développer le prophétisme, avec Nathan,
d’abord, à l’époque de David,
au XIe siècle (II Sam., VII et XII), et avec Elie (Elyahou),
surtout, au temps d’Achab, au IXe siècle (I Rois,
XVII à II Rois, II).
C’est à partir VIIIe siècle que le
prophétisme biblique atteint son apogée.
AMOS :
Amos est le plus ancien des « prophètes
écrivains » : originaire de la
campagne, au sud de Jérusalem, il intervient dans le royaume
du Nord, dirigé par Jéroboam II, dans la
première moitie du VIIIe siècle.
Amos stigmatise en termes cinglants les comptes frauduleux, les
affaires louches, les jugements iniques ; il prend le parti des pauvres
au nom de Yahvé et condamne l’appétit
des riches, la mollesse du clergé, un culte abondant, mais
hypocrite (Am., IV-VII).
Il dénonce les illusions d’une nation qui se croit
élue par Yahvé et attend son heure de gloire
(Am., III et V). Il annonce les ténèbres. Il
apporte la panique et la ruine, parce qu’Israël
n’a pas entendu la plainte de la veuve et de
l’orphelin et a piétiné le droit des
petits. Amos est pour tous les temps le témoin de la justice
divine…
OSEE :
Osée se heurte à un autre problème.
En s’installant en Canaan, les Israélites
découvrent les divinités du pays, les Baals et
les Astartes, dont les Cananéens attendent la
fertilité et la fécondité. Peu
à peu, un partage s’opère dans la
mentalité religieuse du peuple de Dieu, entre
Yahvé, le Dieu des pères, et les Baals ; le
premier à sans doute arraché les
Hébreux à l’esclavage
d’Egypte, mais il séjourne dans le
désert, alors que les seconds vivent dans le pays
où leur bienveillance est quotidiennement
nécessaire.
Osée combat énergiquement ce
syncrétisme qui menace la foi yahviste.
Il revendique pour Yahvé les mêmes pouvoirs que
les Cananéens reconnaissent aux Baals : le Dieu
d’Israël lui-même accorde le pain, le lin
et le vin dont son peuple a besoin, il est Maître du sol
cananéen, et lui seul dispose de la vie (Os., II).
Plus que tout autre prophète, Osée a
chanté l’amour divin.
Il prédit qu’Israël a un avenir devant
lui, parce que Yahvé continue de l’aimer.
ISAIE :
Isaïe est un Judéen, il se fait remarquer par la
dignité de son attitude et la noblesse de son style en
rendant hommage au Dieu dont il a contemplé la gloire au
temple de Jérusalem (Is., VI).
Comme Amos, il dénonce les accapareurs et les jouisseurs,
condamne les pratiques religieuses qui servent à masquer des
infamies.
Sa politique s’est heurtée à celle des
membres de la cour. Pour lui, le salut de Juda ne peut venir, en aucune
façon, ni de l’Assyrie ni de l’Egypte,
mais de Yahvé qui a choisi Jérusalem et
s’est lié à la maison royale de David
(Is., VII-VIII ; XVIII ; XXX et suiv.).
Isaïe annonce des heures sombres pour le pays, et il
espère une régénération de
la dynastie davidienne (Is., VII ; IX ; XI)…
JEREMIE :
Jérémie assiste à l’agonie
du royaume de Juda, il avertit son peuple du jugement qui ne tardera
pas à le frapper.
Jérusalem attend un impossible miracle, et
Jérémie doit proclamer que les Babyloniens sont
les serviteurs de Yahvé! On le raille, on
l’enferme, et l’ennemi le délivrera
(Jér., XXXIX et suiv.).
Jérémie s’est trouvé
constamment à contre-courant de l’histoire.
Il a transmis aux générations futures ses
dialogues avec Dieu et nous fait ainsi pénétrer
dans le mystère de la conscience prophétique.
EZECHIEL :
Ezéchiel a connu l’exil des 597. C’est
un personnage dont le message déroute autant que le
comportement. Il a des visions extraordinaires, des
périodes de mutisme ou de paralysie, il accomplit des gestes
bizarres (Ezech., I ; III ; XXXVII).
Sa personnalité a intéressé les
psychiatres.
Il vit en quelque sorte la mort de son peuple, et il lui promet la
résurrection à un moment où le sort de
sa nation parait joué (Ezech., XXXVI-XXXVII).
Ezéchiel s’étend longuement sur le
jugement qui va inévitablement frapper un peuple rebelle
Après le désastre, il proclame avec la
même fermeté le renouveau
d’Israël, qui dépend de la
fidélité de Yahvé à
l’égard de son Nom, tout doit concourir
à la gloire du Dieu d’Israël et
à la rénovation du peuple qui porte le nom de
Dieu.
On a rapproché Ezéchiel d’Augustin et
de Calvin, mais cet homme est aussi un prêtre, et il envisage
sérieusement la reconstitution de l’Etat de
Jérusalem (Ezech., XL-XLVIII).
ISAIE :
Le second Isaïe est l’annonciateur du salut
d’Israël. Son activité se
déroule parmi les exilés (Is., XL-LV).
Il dépeint à ses frères leur proche
retour sous la forme d’un nouvel et merveilleux exode, et
rappelle la fidélité de Yahvé envers
Abraham et sa descendance.
Parmi les oracles d’Isaïe, on distingue quatre
cantiques qui parlent d’un mystérieux « serviteur
de Yahvé », souffrant pour le salut
d’une multitude d’hommes et dont
l’œuvre rayonne jusqu’aux
extrémités du monde (Is., XLII ; LIII). La
tradition chrétienne a vu dans ces oracles une
prophétie de la destinée du Christ.
Après l’exil, les prophètes jouent un
rôle secondaire. Aggée, Zacharie et Malachie sont
soucieux de réorganiser la vie de la communauté
à Jérusalem autour du Temple. Le
prophétisme se transforme, sous l’influence de la
tradition sapientiale.
LES PROPHETES ET LA TRADITION
Le phénomène prophétique
n’est pas aisé à situer dans le cadre
des institutions israélites de l’époque.
En effet, les prophètes, d’une part, prennent
nettement leur distance par rapport aux idées et aux
coutumes de leur temps et ne craignent pas de critiquer violemment
leurs autorités civiles et spirituelles ; mais,
d’autre part, ils interviennent constamment a la cour et dans
les sanctuaires avec des formules juridiques et liturgiques en usage
dans le pays.
Les prophètes paraissent parfois avoir un rôle
officiel, alors que, dans d’autres cas, ils mettent en
question toute l’organisation israélite.
Les messagers de Yahvé entre le VIIIe et le
VIe siècle n’ont voulu dépendre que de
leur Dieu. Ils ont profondément choqué leur
auditoire, alors qu’ils ne faisaient que rappeler
à leurs contemporains des vérités
évidentes écoulant des relations normales entre
Yahvé et Israël.
Les prophètes ont inquiété les
autorités. Ils ont appelé Israël
à ne pas se reposer sur le passé et ils ont voulu
le préparer à rencontrer Yahvé et
à vivre dans l’attente de « son jour
» (Am., V ; Is., II ; Soph., I ; Zach., XIV).
Le véritable envoyé de
Yahvé est sans doute celui qui reste libre à
l’égard de l’attrait du pouvoir, de la
pression de l’opinion publique pour
n’obéir qu’au Dieu
d’Israël.
Le message prophétique, dans ses diverses
variétés de forme et de fond, semble se
caractériser par :
Un souci manifeste de la défense du droit en
Israël,
- Une certaine réserve à
l’égard des pratiques religieuses contemporaines,
- Un intérêt particulier pour
l’interprétation prophétique de la
parole de Dieu,
- Une attente des interventions divines qui vont bouleverser le sort du
peuple de Yahvé...
Les prophètes se sont tout bonnement adresses à
leur peuple pour lui parler, au nom de Yahvé, de son Dieu.
Ils sont venus de sa part pour préparer son peuple
à sa venue. Au cœur du message
prophétique, il y a cette présence de Dieu
à l’homme, à Israël et au
monde.
LES DOUZE PETITS PROPHÈTES
Dans l’ensemble des prophètes
d’Israël, en dehors des prophètes
principaux vus précédemment, on ne peut manquer
de distinguer le groupe de douze prophètes mineurs qui ont
été appelés « les
Douze Petits Prophètes », ce sont :
Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée,
Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie.
Bien qu’ils aient été moins influents
que les grands prophètes, chacun d’eux a
marqué son époque à sa
manière par la rédaction d’un livre
portant son nom. On retrouve ces livres dans la Bible.
1 - OSEE
Le premier de ces douze livres est celui d’Osée
qui est le signataire d’un recueil d’oracles. Plus
jeune qu’Amos, sa prédication a pu
débuter vers la fin du règne de
Jéroboam II (~ 782-~ 753).
Nous avons là une source privilégiée
pour connaître l’histoire spirituelle du Royaume du
Nord et l’influence de sa littérature sur la
dernière phase du royaume de Juda et par suite sur le
judaïsme.
Le Livre d’Osée est fait
d’éléments autobiographiques qui
débouchent sur le symbolisme .
Le thème principal du Livre d’Osée est
l’amour : amour méconnu de Yahvé pour
son peuple, auquel le symbole du mariage donne son plein relief. Le ton
est sévère, car l’enjeu est vital, face
à une société dont les mœurs
et les usages s’affirment de plus en plus comme incompatibles
avec la foi et la loi yahviste.
Osée est le prophète exemplaire de
l’« alliance ».
2 - JOEL
Le second livre est celui de Joël, qui apparaît
comme une transition entre la prophétie israélite
proprement dite et l’apocalyptique juive.
Ce livre comprend deux parties bien différentes.
La première partie (I et II) décrit le
désastre d’une invasion de sauterelles et un
oracle de Yahvé annonce la fin du fléau.
Dans la seconde partie on ne rapporte plus
d’évènement concret et on se met
à décrire une ère nouvelle.
C’est l’annonce du « Jour de
Yahvé ».
L’Esprit prophétique sera répandu sur
tous les juifs — les Actes des Apôtres (II, 16-18)
donnent une lecture chrétienne de ce passage. Puis
apparaissent des signes astronomiques et l’attaque de
Jérusalem par des nations païennes qui seront
écrasées dans la « vallée
de Josaphat » (étymologiquement :
« Vallée ou Yahvé juge
»). C’est alors qu’est décrite
la fécondité merveilleuse de la Palestine
transformée : des eaux jaillissent jusque dans le Temple, en
Juda et à Sion à tout jamais restaurés.
Il est à remarquer que le Livre de Joël et le Livre
d’Ezéchiel, bien plus ancien, ont une fin
semblable sur cet évènement.
3 - AMOS
Le troisième livre est celui d’Amos.
Il n’y a rien de surprenant à ce qu’un
Judéen se soit intéressé
d’aussi près aux destinées du royaume
du Nord (Israël) : malgré leur
séparation politique, les deux Etats avaient
gardé une certaine unité religieuse.
On peut diviser cet ouvrage en trois parties…
La première partie comprend les chapitres I
et II : on y lit le jugement prononce par Yahvé contre huit
nations, dont la dernière, Israël, est
spécialement visée.
La seconde partie comprend les chapitres III à VI, relatant
une série de reproches suivis de brefs discours sans ordre
véritable ; la liste des châtiments
déjà subis par Israël et un chant
funèbre.
On y trouve aussi un bref poème sur le Jour
de Yahvé qui précède une description
cruelle des fastes royaux du royaume du Nord. Enfin, se
succèdent cinq visions de châtiments (chap. VII
à IX) : la vision des sauterelles ; la vision du feu ; la
vision du fil a plomb ; la vision des fruits
d’été et la vision du cataclysme final.
On retrouve formulée l’affirmation
que Yahvé est décidé à
détruire son peuple. Le prophète justifie cette
sentence par son immense besoin de justice d’où sa
critique cinglante de la société contemporaine.
Amos est considéré comme le prophète
de la justice et au nom de la justice divine, il défend
l’ordre moral de la création.
La justice divine exigera alors davantage de celui qui est le
«peuple élu» et qui, partant, a
reçu davantage : son châtiment sera donc plus
grand que celui des autres nations.
4 - ABDIAS
Le quatrième livre est celui Abdias.
Abdias signifie « serviteur de Yahvé
».
Il est le plus court des livres de l’Ancien Testament (21
versets) et contient un violent oracle contre Edom (versets 1-15), qui
s’élargit ensuite en prophétie
à teneur de destruction apocalyptique : la ruine
d’Edom est le signe du jugement de Yahvé contre
tous les ennemis de son peuple ; Jérusalem sera la capitale
mondiale d’ou le Dieu et roi d’Israël
gouvernera le monde (versets 16-21).
Comme les Lamentations, Abdias est l’écho
d’un temps désespéré ;
après la chute de Juda en ~ 587, Edom a pille le royaume
vaincu. Le ressentiment du prophète est très
grand et son nationalisme intempérant rappelle celui de
Joël. Dans ce livre, il exalte la puissance et la justice de
Yahvé, Dieu d’Israël.
5 - JONAS
Le livre de Jonas, qui est le cinquième, met en
scène un prophète : Jonas, dont la mission est de
prêcher la pénitence à la ville de
Ninive.
Jonas tente de se dérober et fuit au bout du monde, mais
Yahvé déclenche une tempête punitive et
les matelots du bord le jettent par-dessus bord à la suite
d’un tirage au sort qui leur a
révélé qu’il
était coupable de cette tempête.
Jonas est avalé par un gros poisson, dans le ventre duquel
il récite un psaume. Rendu au rivage après trois
jours, il parvient à Ninive et prédit la ruine de
la ville à ses habitants si ces derniers ne se convertissent
pas.
La conversion des habitants est rapide et
Yahvé s’abstient de détruire la ville.
Jonas est très dépité de cette
clémence et il recevra par la suite une autre
leçon de la grande miséricorde divine.
La critique situe la composition de ce texte, dans lequel il ne faut
pas voir un récit historique mais une allégorie,
aux environs du ~ Ve siècle.
C’est une sorte de midrash ironique du
Livre des Rois (II Rois, XIV, 25), dont les sources mythologiques ne
sont pas originales. Très développé
après l’Exil, ce genre littéraire
consiste à élaborer une leçon
édifiante à partir d’un verset biblique
: Ninive, contre toute prévision humaine, est
l’image d’un salut surprenant et universel.
Jésus devait reprendre l’histoire de Jonas
à son compte pour signifier que la venue du salut passera
par sa Passion (Matth., XII, 41 et Luc, XI, 29-32).
6 - MICHEE
Le sixième livre est celui du prophète
Michée.
Michée (en hébreu, mikah,
sans doute abréviation de mika -Yah,
« connu de Yahvé
») est mentionné dans deux sources.
Réfugie à Jérusalem (cf.
Isaïe, XIV, 28-32), Michée vise surtout le royaume
de Juda dans ses harangues, mais il n’oublie pas
Israël pour autant. Son langage, par sa vive attention aux
injustices sociales, rappelle celui d’Amos. Il annonce avec
vigueur le jugement redoutable de Yahve…
Son livre peut se diviser en quatre parties :
La première (I-III) comprend des oracles de malheur (annonce
de la chute de Samarie, oracle contre Juda, châtiment de la
cupidité des villes, oracles contre les fonctionnaires, les
prophètes et les prêtres qui sont des oppresseurs
du peuple).
La deuxième partie (IV-V) contient des oracles de bonheur
(règne de Yahvé à Sion et retour des
exilés, triomphe de Sion et naissance du
libérateur à Bethléem, description du
« reste » d’Israël et oracle
contre Juda).
La troisième partie (VI, 1-VII, 6) reprend des oracles de
malheur (procès de Yahvé à
l’endroit de son peuple ingrat ; menace contre
Jérusalem à cause des abus sociaux et lamentation
sur la Cité sainte).
La quatrième partie (VII, 8-20) est consacrée
à des oracles de bonheur La structure de ce livre, avec sa
double alternance de paroles de bonheur et de paroles de malheur, est
conventionnelle dans la littérature biblique.
La religion ne compte que si elle s’accompagne
de la pratique de la justice sociale, cette oeuvre est remplie
d’espérance.
Le prophète a la certitude que de la lignée de
David, et selon les promesses faites à ce dernier, un roi
naîtra qui unifiera le royaume et le gouvernera selon les
principes divins (V, 1-4 - texte repris par Matthieu, II, 6).
7 - NAHUM
Le septième livre est celui du prophète Nahum.
Nahum (en hébreu, nahum, «
console », est peu connu).
Le livre de Nahum peut être divisé
en trois parties.
La première (I, 2-8) est un poème
alphabétique, interrompu à la lettre kaph,
sur le thème de la colère de Yahvé.
La deuxième (I, 9-II, 3) comporte une série
d’oracles mélangés, de bonheur pour
Juda (I, 12 et 13 ; II, 1 et 3) et de malheur pour Ninive (I, 9-11 et
I, 14).
La troisième (II, 4-III, 19) est un poème sur la
chute de Ninive.
L’accent patriotique y est très fort : la chute de
Ninive, modèle d’un monde qui s’oppose
au Dieu d’Israël, signifie le triomphe de
Yahvé et de son peuple choisi.
A travers cette passion nationale c’est toute une
théologie de l’histoire qui s’affirme
sur le mode prophétique.
8 - HABACUC
On trouve dans le livre d’Habacuc qui est le
huitième, des traces de formules liturgiques, ce qui donne
à penser qu’Habacuc était un
prophète issu du milieu sacerdotal. La date de
l’ouvrage est difficile à établir.
Néanmoins, une mention des Chaldéens
présentés comme les instruments de
Yahvé (I, 6) plaide en faveur de la période
où ce peuple était
prépondérant, c’est-à-dire
après ~ 626.
Le message d’Habacuc serait une annonce de la ruine finale
des Assyriens, ces cruels oppresseurs du peuple de Juda. Il est aussi
un message de consolation : « Le juste vivra par
sa fidélité » (II, 4).
9 - SOPHONIE
Le prophète Sophonie (en hébreu, sephan-Yah,
«Yahvé abrite») apparaît au
terme d’une généalogie (I, 1) qui le
fait remonter jusqu’à un certain
Ezéchias, peut-être le roi de ce nom.
Le Livre de Sophonie, qui est le neuvième, est construit
selon l’ordonnance habituelle de la plupart des
écrits prophétiques : oracles de malheur, oracles
contre les nations, oracles de salut.
On peut le diviser en quatre parties :
La première (I, 2-II, 3) comprend des menaces contre Juda et
Jérusalem, suivies d’une série de cinq
oracles qui annoncent très vigoureusement la venue du
« Jour de Yahvé ».
La deuxième partie (II, 4-15) est consacrée
à des menaces contre les nations.
La troisième partie (III, 1-8) est un
réquisitoire contre Jérusalem et ses chefs
corrompus ;
La dernière et quatrième partie (III, 9-20)
contient une double promesse — l’une concernant les
nations et l’autre Jérusalem.
Sophonie réfléchit sur le « pêché
» d’Israël et, comme Amos, il annonce pour
Juda, comme pour les autres nations, le « Jour de
Yahvé ». Ce qui
n’empêche pas les promesses de salut…
10 – AGGEE
Aggée, dont les prophéties constituent le
dixième des douze livres, a contribue à la
mobilisation morale de la communauté juive
appelée, après son exil à Babylone,
à reconstruire le temple de Jérusalem (vers ~
516). Son ouvrage consiste en quatre prophéties, faites en
l’espace de quatre mois, au cours de la deuxième
année du règne de Darius 1er, roi de Perse (~
521).
Dans ces prophéties, Aggée
révèle son désir de voir le temple
reconstruit au plus vite. Il estime que la détresse
économique du peuple juif est due au retard qu’il
a pris, par négligence, dans la mise en oeuvre des travaux ;
quant à Zorobabel, haut-commissaire de Juda sous le
règne de Darius, il est l’homme choisi par
Yahvé pour représenter la maison de David.
11 - ZACHARIE
Le prophète Zacharie (en hébreu, zehar-Yah,
« Yahvé est souvenir
»), n’est connu que par
l’écrit qui porte son nom,
l’avant-dernier des livres bibliques était
prêtre et prophète à la fois.
Préoccupé par la reconstruction du Temple, il
prêcha la restauration nationale et l’observance
des lois morales et de pureté rituelle.
Ce livre comprend trois parties.
La première partie (I, 1-6) est une introduction consistant
en un appel à la conversion et aux vues morales de Zacharie.
La deuxième partie (I, 7-VI, 8) contient le livre des huit
visions nocturnes, accompagnées
d’interprétations et de commentaires (les quatre
cavaliers, les quatre cornes, le cordeau à mesurer, le
sacerdoce renouvelé, le lampadaire d’or, le
rouleau volant, la femme et le boisseau, les quatre chars de combat).
La troisième partie (VII-VIII) comporte une collection
d’oracles prophétiques.
La conclusion, (VIII, 20-23), rappelle la préoccupation
centrale de Zacharie, la reconstruction du Temple.
Sans qu’il ait envisagé deux
Messies distincts, il annonce déjà les deux
figures messianiques de Qumran, l’« Oint
d’Israël » et
l’« Oint d’Aaron
».
L’ensemble du livre est centré sur le
thème de l’attente messianique, qui se trouva
ravivée à l’époque
d’Alexandre. La situation misérable de la
communauté d’Israël avait fait jaillir
l’idée d’un sauveur pauvre ainsi que
celle d’une victime innocente qui donne sa vie pour le salut
de tous.
Le portrait évangélique du Messie devait
s’inspirer de cette spiritualité.
12 - MALACHIE
Douzième et dernier livre de la collection, le Livre de
Malachie, introduit par le titre massa («
proclamation », « oracle »), est
probablement une oeuvre anonyme.
Le mot hébreu maleaki («
mon messager ») lui sert de nom d’auteur.
Le Livre de Malachie peut se diviser aisément en six
sections ou discours :
- l’amour gratuit de Yahvé pour Israël
(I, 1-5) ;
- les négligences des prêtres ;
- les invectives contre les mariages mixtes et le divorce (II, 10-16) ;
- l’annonce du « Jour de Yahvé
» et de la venue du « Messager
» ;
- les malheurs du présent, les sauterelles et la disette ;
- la récompense des justes et le châtiment des
pêcheurs au jour du Jugement (III, 13-21).
On retrouve dans ce livre les données
prophétiques traditionnelles (élection du peuple,
sainteté de Dieu, équité sociale,
exigences et fidélité cultuelles).
CONCLUSION
Nous avons vu que le prophète était, selon le
judaïsme, un individu choisi par Dieu, souvent contre sa
volonté, pour révéler les intentions
et les plans de Dieu au peuple et au monde.
En tant que porteur de cette révélation divine,
le prophète fut souvent soumis à
l’omniprésence de Dieu dont il reçut la
force de communiquer aux autres ce que Dieu avait dit, même
si cela pouvait le conduire à être
persécuté, à souffrir et à
mourir…
Le christianisme hérita de la notion de
prophétie du judaïsme et les chrétiens
interprétèrent les textes hébreux
à la lumière de l’enseignement du
Christ qui est considéré comme le
prophète par excellence.
Cependant, les visionnaires chrétiens, les mystiques et les
grands saints à travers les âges furent souvent
qualifiés de prophètes, mais
n’atteignirent jamais le statut et la
notoriété des prophètes de la Bible.
L’islam accepta la tradition prophétique du
judaïsme et considéra Mahomet comme le
prophète final, le sceau et le point culminant
d’une lignée de prophètes allant
d’Adam au Christ.
Abraham est considéré comme le
père des prophètes, le précurseur de
l’islam.
Pour la vision religieuse de l’islam, c’est par les
prophètes que Dieu rappelle périodiquement aux
hommes son unicité, sa toute-puissance, sa
miséricorde et ses autres attributs.
Certains prophètes envoyés furent
chargés de transmettre aux hommes les livres
révélés : les feuilles
d’Abraham, la Torah de Moise, les Psaumes de David,
l’Evangile de Jésus et le Coran de Mahomet.
Des adeptes d’un mouvement mystique islamique,
appelé soufisme, ont à un moment rempli un
rôle prophétique. Pour certains musulmans,
l’imam possède la grâce
nécessaire pour interpréter la
prophétie de Mahomet.
Notre rôle de maçons est de rechercher ce qui nous
rapproche et non à polémiquer sur nos
différences, ce qui nous autorise à
réellement considérer Abraham comme le
précurseur des trois religions monothéistes
révélées, et le père des
peuples croyants, en nous permettant de nous retrouver tous pour former
une grande fraternité universelle.
J’ai dit.
J\ H\
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