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D’où je viens ? Qui je suis ? Où vais-je ?

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D’où je viens ? Qui je suis ? Où vais-je ? D’où je viens ? Qui je suis ? Où vais-je ? Vous présenterez votre engagement maçonnique et ésotérique, votre compréhension des 3 premiers grades et votre volonté de se perfectionner.

Mes B\ A\ F\, tout d’abord je ne peux m’empêcher de vous dire que la première réflexion qui m’est venue quand mon Frère Roger m’a demandé de préparer un travail sur le thème de la compréhension des 3 premiers grades, que mon frère Philippe a traduit par « Qui je suis ? D’où je viens ? Où vais-je ? », J’ai immédiatement pensé à notre Frère Pierre Dac qui a répondu avec humour : « Je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne... ».

Bien entendu, passé cet instant de détente, j’ai réfléchi aux symboles et fonctions qu’évoquaient pour moi ces trois questions.

J’ai rapidement obtenu les réponses suivantes :

D’où viens je ? Adhuc stat
Qui suis-je ? Le miroir et le Maître
Où vais-je ? Le mausolée.

Mes propos de ce soir seront donc plutôt axés autour de ces symboles et inscrits dans le cadre global de ma démarche initiatique.

Préambule

« Connais toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux ! », SOCRATE n’a-t-il pas donné une bonne réponse à la question. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Telles sont les trois questions fondamentales que se pose l’être humain, depuis la nuit des temps. Un des buts de l’initiation est de donner au néophyte les outils lui permettant, par son travail et sa méditation, de répondre à ces trois questions. En d’autres termes, l’initiation vise à favoriser les possibilités de réalisation de tout être qui a la volonté de travailler à l’épanouissement harmonieux de ses potentialités physiques, émotives, intellectuelles, voire même spirituelles. Être initié, c’est renaître autrement à soimême, changer sa perspective, afin de prendre conscience non seulement des apparences qui nous entourent, mais également de la nature profonde des choses.

C’est pourquoi la cérémonie de la réception fait vivre au candidat une série de mises en situation, qui visent à frapper son imagination, à l’extraire de son quotidien, afin de l’amener à se poser les questions fondamentales dans une recherche de la Vérité, de sa propre vérité intérieure. D’où l’utilisation abondante des symboles dont le pouvoir évocateur a pour but de générer une réflexion profonde au niveau de son subconscient tout d’abord, puis de sa conscience.

C’est le début du chemin, la mise en route. À partir de là va commencer le véritable travail maçonnique. Il est individuel et nécessite effort et persévérance. C’est un cheminement dynamique, des remises en question quotidiennes, un état d’instabilité souvent inconfortable, mais nécessaire à l’éveil de la conscience. En d’autres termes, voilà ce que représente l’action de « polir sa Pierre ». Sans un tel travail, toute Initiation demeure vaine.

D'où viens-je, qui suis-je, où vais-je ? sont sans doutes des questions universelles que l'on s’est tous déjà posées au moins une fois plus ou moins consciemment. Mais la véritable question existentielle serait plutôt, pourquoi. Pourquoi suis-je ici maintenant et par extrapolation, quel est le but de ma vie. Face à cette question, plusieurs réponses s'offrent à nous.

Tout initié doit abandonner tout ce qui relève du particulier pour entrer dans l’universel. Le maçon qui a travaillé sur lui-même et sur les symboles a découvert puis compris les lois et les correspondances qui existent entre le microcosme et le macrocosme, ce qui conduit de la connaissance de ce qui est visible à la connaissance de ce qui est caché.

Le maître sait qu’il n’existe pas d’homme ou d’individu en particulier. Il n’y a pas Roger, Philippe ou Marc, mais seulement une création s’opérant par les multiples manifestations de l’Absolu, le GADLU, l’Unique, se développant à l’infini, selon les plans et la volonté manifestée sur la planche à tracer de la divinité. Il n’y a donc pas d’individu en particulier mais plusieurs « corps » ou créations provenant de la même âme du monde.

La véritable initiation apporte la réponse à celui qui se pose les bonnes questions, c'est-à-dire, qui suis-je ? ou qu’est ce que l’homme ? Le produit d’une chute originelle avec pour mission de recouvrer sa vraie nature, celle qui était sienne avant que le monde ne soit souillé, avili, avant qu’une partie de la première lumière ou de la première manifestation ne se trouvât dégradée par la volonté céleste.

La régénération peut s’accomplir. Elle commence quand l’homme a accédé au statut d’Homme universel, finalité ultime du travail devant être accompli. Lorsque l’âme individuelle conditionnée et donc relative a évoluée à l’âme Universelle.

Dans ce contexte, le maçon n’éprouve plus d’appréhension face à la mort ; son mental et le monde de ses illusions ayant été vaincus, il demeure face au réel à la manière d’un animal car l’animal qui vit sans connaître la mort, (car il n’en a pas la notion) jouit immédiatement de toute l’immortalité de l’espèce, n’ayant conscience de soi que comme un être sans fin.

En fait, nous mourons en permanence, à tout instant, puisque chaque journée qui s’écoule voit des cellules mourir et des neurones disparaître par milliers de notre corps mais nous ne le sentons pas. Ceci s’effectue inexorablement, malgré nous, alors on n’y prête guère attention, mais la mort accomplit son travail.

Parallèlement, à cette avancée progressive vers la mort physique de la matière, le Cherchant chemine sur la voie de la vie absolue.

Au contraire du corps de chair qui, comme tout ce qui est conditionné, ne peut s’avérer réel, je cite Goethe « notre esprit est une entité d’une nature absolument indestructible qui continue son action d’éternité en éternité ». Il y a en effet au plus profond de chaque corps, une substance pure, un principe de vie incorruptible.

La substance de l’homme était primitivement composée de trois parties de lumière et d’une de matière ; après la chute, le corps reçu trois parties de matière et une partie de lumière.

La régénération s’opérera alors par la permutation des trois parties de matière en trois parties de lumière ; tel sera le corps transfiguré…il faut donc nous débarrasser des chaînes de la chair. C’est certainement le message que nous a laissé maître Hiram par delà sa sépulture. M\ B\, la chair quitte les os, le mot mystérieux qu’il faudra prononcer avant de rendre notre dernier souffle pour accéder à l’univers de la déité et de la libération possible.

D’où viens je ?

Je viens d’évoquer la chute originelle de l’homme. Ne serait point le point de départ de l’homme moderne ?

Et notre tableau de loge au grade ADHUC STAT !? Exclamation d'étonnement émerveillé. Et pourtant, elle tient encore debout !

Par quelle tempête, par quel assaut des éléments ou des hommes cette colonne a été secouée jusqu'à en perdre la tête, jusqu'à en être brisée ?

Que nous dit-on dans la GENESE ? L'Homme a été créé à l'image de Dieu, et il a reçu mission de dominer la terre et les créatures. Il en prend ainsi possession selon la volonté d'Eloim.

Puis vient le second récit, plus tardif, qui introduit la notion de faute originelle, ou tout au moins, ce que la tradition religieuse a considéré comme tel.

Le Serpent incite, (initie ?) la partie féminine, à manger du fruit de l'Arbre de la Connaissance, ainsi, dit le Serpent, « vous deviendrez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». La première conséquence de cet acte fut la prise de conscience de leur matérialité : « ils virent qu'ils étaient nus. Ils l'étaient avant, et le voyaient, à moins d'être aveugles ! Mais ils n'en avaient pas conscience. Ils vivaient dans une unicité inconsciente et voilà que maintenant, ils distinguent entre la matérialité et l'esprit ».

Conséquence : le bannissement hors du Jardin d'Eden, la souffrance et la mort. Cet Homme créé à l'image et ressemblance de Dieu, n'avait pas encore la faculté de penser par lui-même. Il était une image, une image réfléchie, un reflet, un miroir. Cet acte le fait entrer dans la liberté, dans l'autonomie de l'être qui pense et choisit par lui-même, avec tous les risques que cela implique.

Notre colonne se tient debout, évidemment puisque sa base est intacte. Cela ne signifie-t-il pas que nous devons nous appuyer sur notre matérialité, sur notre corps pour nous élever vers le divin.

Donc, cette colonne, avant sa brisure, se dressait entre sa base et son chapiteau, inscrite entre ces deux limites, comme l'Homme dans son état premier d'Être-image, d'Être-reflet, d'Être mû seulement par la pensée de Dieu.

Etre reflet, Etre miroir, bien, mais Qui suis-je aujourd’hui ?

« Miroir Oh miroir ! Dis moi encore et encore…si je suis la plus belle ? »

J’imagine que notre Frère Walt Disney à glisser cette phrase à dessein dans la bouche de la reine maléfique. La réponse du miroir est sans équivoque. Ce dernier ne peut dire que la Vérité (je l’écris avec un V majuscule) ; il ne voit que le coeur et l’âme pur de Blanche Neige.

« On m’a fait arracher le voile qui me cachait mes propre défauts pour m’apprendre à me connaître moi-même ».

Le midi de ma réception de compagnon, par l’épreuve du 4ème voyage de l’apprenti, j’ai traduit cette phrase par : « Miroir, dis moi…qui je suis ! » Le sujet du Miroir m'apparut immédiatement comme un formidable outil de... réflexion. (facile !)

A ce moment, il ne s'agit pas évidemment pour moi de regarder mon aspect physique, mais de comprendre que je dois apprendre à voir ce que je suis « dans les replis de mon coeur ».

L'abandon des métaux, leur rejet à terre lors des voyages emblématiques, je les avais ressenti comme des moyens explicites ou plutôt, peut-être, comme l’un des multiples outils nécessaires pour parvenir à un but...celui, dans cette nouvelle étape que j’amorçai, celle de me voir tel que je suis.

Et c’est bien pour acquérir la force d’avancer sur ce parcours dont le but est incertain, qu’il faut un vrai désir de sagesse pour l’entreprendre, puis du courage pour avancer chaque jour un peu plus mais sans découragement dans la souffrance ressentie dès les premiers échecs.

Il faut avoir le courage de remettre à son juste niveau notre image sociale, c'est-àdire à terre comme les métaux que je venais de jeter.

Le miroir nous enseigne que le véritable guide n'est pas à chercher parmi les autres hommes. Il est au plus profond de chacun d'entre nous. Il y a la beaucoup de similitude avec l’enseignement de jésus christ.

La cérémonie du miroir intervient comme un rappel de la première maxime de l'apprenti : « L'homme est l'image immortelle de Dieu mais qui pourra la reconnaître s'il la défigure lui-même ? Et ne trouve-t-on pas dans le rituel du compagnon la 2ème maxime ? » « L'homme est naturellement bon, juste et compatissant. Pour quoi est-il donc si souvent en contradiction avec lui-même ? » Le rituel nous demande d'en étudier la cause, car elle est bien importante à découvrir.

Nous sommes naturellement bon. Par naturellement, nous devons comprendre que les vertus et qualités de Justice, de Bonté et de compassion sont innées en la créature humaine originelle, mais, que ces vertus se sont trouvées altérées par la faute d'Adam, qui fut déchu.

La Tradition rapporte que la Vérité est tel un miroir qui, tombé du ciel, se brisa en milliers de morceaux.

Les hommes en recueillirent chacun un éclat et crurent détenir la Vérité. L’expression « rassembler ce qui est épars » trouve ici une nouvelle acception. N'est-ce pas en assemblant nos morceaux que nous tendons vers la Vérité, tout en gardant à l'esprit qu'il en manque toujours un bout ? Notre quête nous amène toujours plus loin au fond de nous même.

Ma voie Initiatique commence par la Terre, au plus profond de moi-même, de mes entrailles. Là, je peux prendre conscience de mon « petit moi », celui qui me donne tant d'orgueil, cet orgueil que je ne ressens pas facilement mais qui m’empêche de faire jaillir l'étincelle Divine, la petite graine qui est en moi.

Enfin, sur un autre plan, qui suis aujourd’hui ? Relevé par les 5 points de la maîtrise me voici Maître. Mais la véritable maîtrise se trouve par soi même au centre de notre être. Un Maître n’est jamais rigoureusement l’équivalent d’un autre Maître. L’on peut dire que la maîtrise n’est en elle-même qu’un point de départ vers une recherche ultérieure devant conduire à la réalisation de l’état de Maître. Il appartient à chacun de parvenir à cette maîtrise effective par son propre travail intérieur.

A côté de cette quête personnelle le Maître a des devoirs envers la Loge et les autres frères. Il est en chemin, sur de lui, sur de ces connaissances, sur de ses pouvoirs, engagé dans le sentier qui le mène à la libération définitive sur le chemin de cette Vérité qu’il est venu chercher, parce qu’il était dans les Ténèbres et qu’il avait désiré la Lumière. La Maîtrise si on en a bien compris le sens n’est pas un achèvement. Le Maître est conscient qu’il a maintenant dans ses mains la responsabilité de veiller à ce que l’Esprit d’Hiram soit toujours présent au sein de la Loge.

Nous y pourvoyons par nos présences assidues, notre vigilance et notre contribution aux travaux. Nous devons assurer la pérennité de la Loge. Car si il n’y a pas d’assiduité, la Loge ne peut continuer à se développer. Le véritable Maître est détaché de tout ce qui rend l’humanité esclave, car la véritable maîtrise commence par la maîtrise de soi même. Le Maître a tué en son coeur les passions profanes, c’est un homme paisible qui observe en silence et son action doit être irrésistible même quand elle doit se borner à n’être que mentale. Le Maître influence aussi quand il se tait, car son silence bien placé fait penser autrui.

La Tâche majeure du Maître consiste à relier « ce qui est en dedans à ce qui est en dehors » et à jeter un pont entre le monde du tangible et du commun et celui des réalités intangibles et invisibles. On doit voir par elle que ce qui est en bas et visible est en concordance avec le plan déposé sur la planche à tracer par le GADLU.

C’est la nature créatrice du travail maçonnique. Nous tentons de réaliser, « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu ».

Le Maître reconnaît la Parole (le Verbe) comme étant la vie et donnant la Lumière.

Enfin, Où vais-je ?

Nous allons doucement au terme de notre vie matérielle. Le rituel au grade de maître nous prépare à cette échéance prochaine. L’emblème qui me semble le plus important à ce grade est le mausolée. L’instruction morale nous apprend qu’il y aur a sépar ation du périssable d’avec ce qui est indestr uctible. Ell e fait allusion à l'immor talité de l'âme et à la dissolution de la matière.

En ce sens, le rituel au 3ème grade répond implicitement à la question qui nous a été posée déjà par 3 fois dans la chambre de préparation : « Quelle est votre croyance sur l’existence d’un Dieu créateur et principe unique de toute chose ; sur la providence et sur l’immortalité de l’âme humaine ; que pensez vous de la religion chrétienne ? »

La composition tripartite du mausolée (tombeau, pyramide et urne) n’est pas sans nous rappeler la nature même de l'homme. Le corps, l’âme et l'esprit rappellent les trois parties de ce Mausolée.

Le Mausolée symbolise le terme des choses matérielles. Le cadavre est déposé dans le tombeau, lieu de décomposition du corps. Mais dans la partie supérieure où se trouve l’urne quelque chose s'envole vers le haut comme libéré de sa prison.

Ce qui s'échappe de l’urne, les vapeurs enflammées, symbolise l’Esprit, ou encore ce qui est indestructible. La devise accompagnant l'urne DEPONENS ALIENA ASCENDIT UNUS est traduit par le Vénérable Maître lors de la présentation du compagnon devant le Mausolée : « Tout homme par sa naissance est devenu victime de la mort. Mais le sage voit approcher sans effroi l'instant qui le dépouillera de ce qui lui est étranger pour le rendre a lui-même ». Le mausolée est présenté au compagnon non pas pour commémorer la mémoire d'un être disparu, mais pour lui apprendre à distinguer le périssable d'avec l'impérissable et ainsi lui révéler sa véritable nature.

Les deux devises inscrites sur cet emblème sont riches : TERNARIO FORMATUS, NOVENARIO DISSOLVITUR.

« Ayant été formé par le ternaire, il est dissout par le novénaire ».

Au premier grade, le profane est reçu apprenti par les 3 coups sur le coeur.

NOVENARIO DISSOLVITUR « il est dissous par le novénaire ».

Ce qui est dissous dans le tombeau c'est le corps de matière apparente.

Revenons à la nature de l'homme Au corps matériel, s'ajoute le principe de la vie passagère, l’âme ou vie animale (JB WILLERMOZ). Mais contrairement aux animaux, chez l'Homme, vient se rajouter un élément indestructible fait à l'image de Dieu, l'Esprit.

Le ternaire symbolise le commencement et l'union des principes et le novénaire la fin et la décomposition des corps. Cette première devise fait allusion à la nature profonde de l'homme et aux principes créateurs et destructeurs de sa matérialisation corporelle ici bas.

L’autre devise est DEPONENS ALLENA ASCENDIT UNUS. « Quand tout ce qui est étranger à la Réalité est « déposé », alors apparaît l’Un ».

La mort, symbolisé par le nombre neuf dépouille l'homme de ce qui lui est étranger au plan de l’origine. C'est à dire le corps physique, matériel qui est animé par un principe vital, l'âme. Ce qui monte dans le ciel c'est l'Esprit. La mort n'est plus alors que la libération de l’Esprit d'avec le périssable.

Etant donné que j’ai eu un enseignement chrétien catholique ; l'élévation de l’Esprit me remémore l'Ascension du Christ. Après son supplice sur la cr oix, Jésus Chr is t es t mi s au t ombeau ou il a bandonn e, DEPONENS ALLENA, l es éléments de la matière et ressuscite, ASCENDIT UNUS, dans une forme qui n'est plus qu'une enveloppe immatérielle de l'être essentiel qui veut manifester son action spirituelle aux yeux des hommes encore incarnés.

La symbolique du mausolée démontre que la vraie nature de l'homme n'est pas de ce monde matériel. Par sa faute envers son créateur celui-ci fut projeté dans la matière ou il doit subir la justice divine. Mais la bonté divine met à la disposition de celui qui le désir les outils, les moyens de racheter sa faute. La franc-maçonnerie et le Régime Ecossais Rectifié sont des outils parmi d'autres qui conduisent de la rédemption à la reconstruction de la colonne brisée.

Réflexions sur la démarche initiatique

Le parcours maçonnique dès le grade d'apprenti engendre une réflexion philosophique et spirituelle tendant à cristalliser une certaine vision de la mort, non pas comme la fin de tout, mais comme un passage sublimant la condition humaine.

Si l'apprenti brise l'opercule séparant le monde profane de ce qui est considéré comme le monde sacré selon nos valeurs maçonniques en recevant une lumière, un feu initiatique, le compagnon, lui, est censé explorer les espaces qui lui sont offerts tout en affirmant la réalité du travail qu'il fait sur lui-même.

Le passage au grade de maître, rotule incontournable de la maturité de tous les maçons, propose de passer du monde des vérités humaines à celui de la réalité universelle.

Domestiquer la mort, c'est aussi trouver une intelligence à la vie. Si la mort est ressentie comme un passage vers un autre état de conscience plus subtil, alors tout effort sur soi-même particulièrement au profit des autres se justifie par lui-même. En un mot, la mort impose à l'homme l'acceptation d'un code divin qu'il doit intégrer au centre de tous les instants de sa vie.

L'effort se justifie par lui-même. Ce serait en vivant une mort constante durant toute notre vie que la valeur de cette dernière s'en verrait bonifiée à chaque instant et c'est justement le propos maçonnique du grade de maître dans lequel nous isolons cette étrange et lumineuse phrase : « il recevra la mort au sein même de la vie ».

L’homme est ici bas pour faire des expériences, apprendre des leçons afin de réintégrer son état originel. Il ne faudrait pas gaspiller cette chance qui nous est offerte.

L'initiation est donc l'acte qui nous met en mouvement, qui nous fait faire le premier pas. C'est un acte fondateur qui définit un « avant » et un « après ». L'initié est celui devant qui la porte s'ouvre et qui peut avancer d'un pas. Il n'a pas encore commencé à cheminer consciemment, mais il a quitté l'immobilisme pour le mouvement. Il est passé de l'état statique à l'état de progression.

Que sommes-nous dans l’univers ? Accepter la question, avoir des doutes c'est se préparer à faire une démarche initiatique. Se préparer à se mettre en chemin. C'est là aussi le sens du mot initiation en tant que commencement.

Se mettre en mouvement c'est partir du postulat que la question n'est posée que parce que la réponse existe peut-être. Et c'est pourquoi la recherche existe. Cela étant dit, les réponses existent-elles vraiment ? Tout réside à mes yeux dans la démarche, c'est dans la quête que nous trouvons la richesse, les réponses ne deviennent-elles pas accessoires au fur et à mesure que nous avançons. Saint Augustin le traduit bien : « Il faut chercher comme cherchent ceux qui doivent trouver, et trouver comme trouvent ceux qui doivent chercher encore » ; et puisqu’on en est dans les petites phrases, André Gide a dit : « Suivez ceux qui cherchent la vérité, fuyez ceux qui la trouvent ».

Je crois que la démarche initiatique doit se faire sans l'assurance d'une réponse : c'est le doute permanent qui est à mes yeux notre moteur et qui fait que nous devrions toujours rester en dehors de tout dogme. Notre bateau est en haute mer, accoster un port achève la traversée.

Toujours apparaît la notion de volonté, de recherche active. La démarche initiatique réside dans le fait que l'on va à la recherche de la lumière. On est loin du syndrome de Jeanne d’arc et de la révélation qui vous donne la Lumière. La démarche initiatique, c'est croire à un univers ordonné et en chercher au fond de nous la Loi Sacrée.

Mais ce travail, cette démarche ont-ils un but ? Un terminus au voyage ? Un jour, un Frère de l’atelier qui se reconnaîtra a répondu à cette question et m’a dit : « Si quelqu’un te dit qu’il a atteint ce but, regarde bien, il marche 10 centimètres au-dessus du sol ! » on aura pas la réponse ce soir, mais, je me demande si cheminer n'est pas plus important que d'arriver ou, si plus précisément à l'image d'une circumambulation, le départ ne soit pas le même que l'arrivée.

Cette Démarche est difficile à parcourir en solitaire. Nous en avons tous tenté l'expérience. Et très vite confronté à nos propres limites nous avons tourné en rond. La démarche initiatique est une aventure individuelle qui se vit en communauté ; c’est pourquoi nous sommes en ce lieu ce soir.

C'est cette aventure commune, partagée, qui fonde notre fraternité. Mes limites ne sont plus mes limites, elles deviennent nos limites, et sans cesse en mouvement nous en repoussons les limites.

L'initiation est une ouverture à soi et aux autres. Elle est un travail au sens où l'accouchement est un travail. Car c'est bien d'une naissance qu'il s'agit, d’une renaissance individuelle pour rechercher la co-naissance. C’est renaître à soi même, c'est pressentir sa globalité et vouloir la construire.

La bible qui figure à l’Orient est aussi un formidable outil. Elle représente l'expression même du cheminement humain. Elle est le résultat en effet de l'enrichissement mutuel que les hommes ont réalisé au travers de ces textes.

Les personnes qui veulent se soumettre à une démarche initiatique doivent savoir qu'elles s'engagent à se transformer. Mais cette transformation doit être le fruit de leur compréhension et de leurs propres efforts. La franc-maçonnerie ne dévoile ni secret ni recette : on les déduit soi-même, en fonction de sa personnalité, de sa réflexion sur le symbolisme et par le contact avec les autres membres de la loge, de la réflexion partagée, qui n'impose pas de doctrine, mais qui est un long, long, long apprentissage.

Toute démarche initiatique authentique vise à l'Éveil ou plutôt au Réveil car nous avions déjà tout en nous mais nous l’ignorions. La meilleure instruction ne peut donner ni influencer la Connaissance, mais il est possible de provoquer chez une personne bien disposée les réactions favorables à son éveil. C'est là précisément la fonction d'un Ordre Initiatique comme le nôtre.

Le chemin initiatique par lui-même ne confère pas la Lumière, mais aide à « ouvrir » nos centres de perception intérieurs, place sur le chemin de l'évolution spirituelle, ouvre la possibilité d'accéder à la Connaissance, au « Divin ».

Cela implique que l'être humain porte en lui ce « Divin » et que l'Initiation tend à permettre d'atteindre une réalisation spirituelle, une redécouverte d'un état divin qui a précédé la Chute (ADHUC STAT), à permettre la Réintégration finale de l'être humain dans son essence. (Instruction : R. L’homme est dégradé, mais il lui reste des moyens suffisants pour obtenir d’être rétabli dans son état originel, et que le Maçon doit apprendre à les employer).

Enfin, le travail intérieur par lequel ce développement sera réalisé graduellement, faisant passer l'être d'échelon en échelon à travers les différents grades de la hiérarchie initiatique, pour le conduire vers le but. L'Initiation dispensée dans nos ateliers est une Alchimie spirituelle ayant pour but une véritable transformation de l'individu, son épanouissement et sa réalisation.

On voit par-là que l’on ne saurait recevoir la Lumière, si d’abord on n’a pas su franchir certains obstacles, surmonter certaines épreuves et suivi un itinéraire, ce qui implique l’idée du temps, celui-ci étant une condition nécessaire à l’épanouissement, à l’accomplissement de l’initié.

Plus modestement, le projet de l’initiation maçonnique est de permettre à tout homme de devenir un « autre homme », un homme véritable, c’est-à-dire de découvrir en lui ce qui est sagesse, force et beauté, de découvrir sa propre spiritualité, ce qui en lui est amour et vérité.

L’homme en quête de sagesse est un homme qui marche, qui est voyageur, vers le pays promis, vers la terre édénique, vers son Amérique, vers ses sources ou vers lui-même.

Le fou dans tintin (le lotus bleu) répétait sans cesse les paroles de Lao Tseu « il faut trouver la voie » ; la cérémonie de notre réception maçonnique nous permet d’entrer dans la voie. Mais c’est à nous seul qu’il appartient de « suivre cette voie », à nous seul qu’il appartient par notre effort et notre patience, notre intelligence et notre volonté de transformer une promesse en une réalité, une espérance en une certitude, un chemin de connaissance en un chemin de vie.

Chaque homme est une lettre. Le livre tout entier sera écrit lorsqu’il ne manquera aucune lettre. Chaque homme a l’obligation d’écrire sa lettre, de laisser une trace dans ce monde, de s’écrire, c’est à dire de se créer.

« Dans l’autre monde, On ne me demandera pas, pourquoi n’as-tu pas été Moïse, Jésus ou Mahomet ? On me demandera, pourquoi n’as-tu pas été M\ M\ ? »

J’ai dit.


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