Mort
et Renaissance definissent la Palingenesie
Qu’enseigne
ce
mythe fondamental en Franc-Maçonnerie ?
ESSAI
2
I
- INTRODUCTION
On
parle « d’Éternel
retour »
(Socrate notamment), de métempsycose
(Pythagore, Platon),
de transmigration (Pythagore), de
réincarnation, de métamorphose, de transformation, de résurrection, et
de
palingénésie, pour tenter d’expliquer les concepts d’esprit et de
conscience,
qui ont toujours fait l’objet de controverses.
Essayons
d’identifier quelques définitions, afin de
répondre à la question qui est posée.
L’éternel
retour
laisse entendre
l’idée d’une répétition éternelle des mêmes évènements au bout d’une
longue
période.
La
métempsycose,
terme
qui date du 1er siècle avant J.C.,
est le passage
de l’âme qui peut animer successivement différents corps
soit d’humains, soit d’animaux, soit même de végétaux ou de minéraux.
La transmigration des
âmes (de
trans « au-delà » et migrare «
aller »)
signifie qu’à la mort d’un être vivant, un élément de ce qui constitue
cet être,
migre et reprend naissance dans une nouvelle condition soit corporelle,
incarnée
(comme dans un être humain ou un animal) soit non corporelle, non
incarnée
(donc à l’état d’Esprit).
Lorsque
certains auteurs, utilisent le terme « réincarnation »,
il exprime le mystère par lequel le Dieu des Chrétiens a pris chair en
Jésus
avant d’être ressuscité (une seule fois).
Il
désigne aussi, le séjour d’une même âme dans une
succession de corps différents qu’elle quitte à leur mort, pour entrer
dans la
chair d’un nouvel être vivant.
Les
indiens nomment ces mouvements de l’âme
« samsâra », littéralement :
« parcours ensemble »,
comme si l’âme était ce relai qui passe de main en main, de corps en
corps,
dans une course par équipe où les relayeurs font le tour de la vie dans
une
ronde du temps.
Ceci
correspond à une transmigration de l’âme qui peut
être justement nommée « réincarnation »
dans l’hindouisme,
mais il vaut mieux parler de « renaissance »
dans le
bouddhisme, religion qui ne postule pas l’existence d’une
âme ; cette
renaissance y est la transmission d’une existence à une autre, comme la
flamme
d’une bougie s’allume à sa voisine.
Ce
dernier point me semble très intéressant en ce qui
concerne la légende d’Hiram.
D’aucuns
parleront de résurrection d’Hiram, ce
terme latin « resurgere » signifiant
« se
relever »).
Je
crois personnellement, qu’il ne s’agit pas d’une
résurrection, mais d’une renaissance des qualités d’Hiram à travers la
personne
du nouveau Maître. Ici, la transmission se fait par l’exemple vécu,
intériorisé, incarné.
Je
pense que ce terme ne devrait être attribué qu’à la
résurrection du Christ, qui intervint 3 jours après sa mort annoncée,
afin que
ce grand mystère se produise.
Et
ce n’était pas pour qu’il revienne parmi les
vivants, mais bien au-delà, pour son entrée vers une vie éternelle
marquée par
l’Ascension, sa montée au Ciel.
Quoi qu’il en soit, la
résurrection suppose le retour à la vie du corps qui est mort, ce qui
est matériellement
impossible et la
réincarnation, le retour de l’âme ou l’Esprit
à la vie corporelle, mais dans un autre corps nouvellement formé pour
lui, qui
n’a rien de commun avec l’ancien.
De
façon générale, la palingénésie est le
retour à la vie des divers éléments de la
nature. Dans ce cycle toujours
recommencé, les composants de la vie s'échangent, se redistribuent
après la
mort.
Ce
terme signifie d’ailleurs en grec : « naissance
à nouveau »
ou « renaissance.
On
peut dire que la vie après la mort (synonymes :
« après-vie », « existence
post-mortem », « outre-tombe »,
« vie dans l'au-delà », « vie
éternelle »),
est l'hypothèse de la survivance de l'esprit,
de
l'âme ou
de la conscience d'un
être vivant après la mort.
Comment cela
se manifeste-t-il
dans la Légende d’Hiram ?
II
- Le Rituel d’Exaltation
Dans
le Rituel, Très Respectable Maître,
fait le récit des circonstances du meurtre d’Hiram, et ce faisant, le
récipiendaire est progressivement invité à prendre la place d’Hiram
pour
revivre la scène de l’Intérieur. Car c’est bien en revivant la scène,
en se
mettant à la place d’Hiram, en subissant les mêmes épreuves, la même
chute, en
éprouvant la même peur, la même injustice, que le récipiendaire pourra
ensuite
se relever et réellement devenir Maître ; le Très Respectable
Maître,
pourra ainsi déclarer « Notre Maître a revu le jour :
il renaît dans
la personne de notre TCF récipiendaire ».
III
- L’acacia, clé de la transmission
L’acacia,
dans la légende, est la clé de
la transmission des secrets. En effet, sans lui, les Compagnons partis
à la
recherche du cadavre, n’auraient pas pu retrouver le corps de leur
Maître.
S’ils
n’avaient pas retrouvé ce corps, ils
n’auraient pas pu connaître toutes les circonstances du drame et
n’auraient pas
pu prendre exemple sur lui ; il n’auraient, en conséquence,
jamais pu
« marcher dans son sillon » pour s’élever !
L’arbre
est la clé de la
transmission ; il plonge ses racines dans ce qui est mort,
pour faire
jaillir hors de terre une vie nouvelle. La terre retournée est une
condition
pour que l’acacia prenne racine dans une terre fertile et puisse vivre.
Ce
n’est pas par hasard que cet arbre,
symbole de l’immortalité du fait de sa verdure permanente, notamment, a
été
choisi ; c’est ce qu’on appelle un
« épineux ». Cela peut
signifier que la transmission se fait dans la douleur et qu’elle n’est
efficace
que si elle est vécue dans sa propre chair.
Notons
aussi que l’acacia est une
« pièce fondamentale » dans la légende, car plusieurs
personnages ont
été en contact avec la branche : les trois mauvais Compagnons
qui l’ont
déposée, les Maîtres partis à la recherche d’Hiram, et qui, nous dit le
Rituel,
ont été interpellés par l’acacia qui suggère que « la
connaissance repose
à l’ombre de l’acacia », et que donc, Hiram ne peut qu’être là.
Toucher
l’acacia, c’est « mieux se
connaître » puisqu’il symbolise la connaissance, mais c’est
aussi toucher
ce point de passage entre le « haut » et le
« bas », le
terrestre et le céleste. C’est un point de passage à un nouveau niveau
de
conscience qui annonce une progression sur un autre axe, vertical cette
fois-ci.
On
pourrait dire que non seulement
« il m’est connu », mais que
« l’immortalité m’est
connue ».
IV
– 5 Points Parfaits De La Maitrise
Les
« 5PPM » vont faire resurgir
la vie, et donc redonner corps à l’Esprit.
Dans
le cercueil se trouvent des
« émanations psychiques » sortant d’Hiram, qui
« font
corps » (sans jeu de mots) avec le Compagnon.
Le
Compagnon accepte de mourir, pour que
l’âme d’Hiram pénètre en lui, et lorsqu’il se relèvera,
l’Esprit d’Hiram
sera intégré en lui.
C’est
la putréfaction qui précède la
naissance et va la donner au nouveau Maître.
Pour
que la génération s’accomplisse, il
faut que les principes générateurs meurent, tout comme le germe de blé
retenu
captif dans son enveloppe, mais prêt à renaître de sa propre
putréfaction.
C’est
par le verbe, principe créateur, que
le souffle de vie va être insufflé à nouveau par le Très Respectable
Maître,
avec l’aide des deux autres VM, tout en le relevant.
Le
corps, à l’image de la parole perdue et
substituée, va lui aussi se substituer à celui d’Hiram en
putréfaction ;
« La chair quitte les os » est
très évocatrice car elle
signifie que c’est à ce moment-là qu’Hiram se réincarne dans le futur
Maître.
Le
fils spirituel d’Hiram va enfin pouvoir
renaître grâce aux Cinq Points Parfaits de la Maîtrise. C’est bien pour
cela, à
mon avis, que le mot « parfait » est utilisé.
De
l’horizontale, il passe à la verticale.
C’est l’homme debout, symbolisé par le nombre « 5 »,
celui aussi de
l’Etoile Flamboyante.
Il
se fait relever par lui-même puisque les Maitres qui le lèvent par les
5
points parfaits de la maitrise sont d’autres Hiram relevés.
Ces
Cinq points sont la représentation
symbolique de la Maîtrise, et l’âme d’Hiram a enfin pénétré le futur
Maitre qui
devient véritablement Maître, investi de tous les droits et devoirs du
Maître
Maçon.
V- En
guise de conclusion
Aucun des outils
employés par les
trois mauvais Compagnons, dévoyés de leurs bon usage n’a pu atteindre
l’Esprit
d’Hiram, Esprit hors de portée de la matérialité et des Outils
opératifs qui
opèrent le sacrifice.
C’est la vie de l’Esprit
qui se
maintient jusque dans la mort, qui élève à « soi »,
la finitude, en
la transfigurant. Hiram meurt pour mieux renaître au travers du
Compagnon qui
va être relevé.
Si Hiram se réincarne et
non
ressuscite, dans le corps du nouveau Maître, c’est parce que le
Compagnon a
choisi de s’identifier à lui. Ce n’est pas une réincarnation dans
quelques
doctrines ou la foi de quelques fidèles, mais cette
« préservation »
de l’Esprit, est effective grâce au travail des autres, dans la valeur
et le
sens que le nouveau Maître pourra donner à ce travail.
Le mythe exprime à la
fois la mort
et « la relève ». La relève est le résultat d’une
recherche et d’une
reconstruction de sens, car ce n’est pas la mort qui a le dernier mot.
Par la mort d’Hiram, le
nouveau
Maître, transformé, séparé de son ancien « moi » pour
trouver son
« soi », devient un « éveilleur de
conscience ». Le
« connais-toi toi-même » prend ici tout son sens, car
le nouveau
Maître, a plongé en « soi » lorsqu’il était en terre,
pour se
connaître et identifier ce qu’il faut extraire de mauvais.
Ainsi, et sans trop se
tromper, on
peut affirmer que la mort symbolique peut être qualifiée d’éternelle,
parce
qu’elle donne accès à la vie de l’Esprit, qui se transmet, et par
conséquent,
elle ne peut qu’être éternelle.
Voilà ce qu’est pour moi
la Palingénésie.
J’ai
dit
V\
S\
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