L’Acacia

Cette phrase, qui revient dans nos rituels de Maître Maçon,  et que nous avons souvent prononcée, la prononçons nous à bon escient?

Quand on me parle d’acacia , je ne peux m'empêcher de penser  aux…beignets de fleurs d’acacia que me concoctait ma mère et  dont elle me régale encore.

Loin de moi l'idée de faire ici un cours de botanique, je voudrais tout de même parler un petit peu de l'acacia lui-même : Celui que nous connaissons en France, c'est le robinier, ou faux acacia. Un autre mieux connu, celui des amoureux, c'est le mimosa, qui pourrait évoquer un rameau d'or, ou de soleil.
Le vrai Acacia, le Shittim acacia de La Bible beaucoup plus austère, est un arbre du désert, un épineux de bois dur imputrescible symbole de pérennité et d'immortalité, on rapporte que la couronne du Christ était faite de ses épines!

LA SYMBOLIQUE :
Qui de l’arbre peut le plus symboliser cet élan vers le ciel? cet arbre qui croît de jour en jour et dont les bras s’élancent vers les cieux, s’en rapprochant toujours un peu plus, l'arbre qui semble passer de la vie à la mort pour mieux renaître au printemps et repartir ainsi vers sa quête du divin dans un perpétuel élan de régénération, celui qui va puiser au fond de la terre les ressources nécessaires à son …élévation.

(Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem)

Il descend dans la caverne, dans le monde souterrain pour trouver la substance qui le
fera naître à la lumière, établissant une communication entre ce monde souterrain , le surface de la terre et le ciel.
De part son …élévation…il relit ces trois mondes en nous indiquant les saisons, il sert d’ailleurs de calendrier chez les Kabyles qui en observent les bourgeons, les fleurs, et les fruits. Ce cycle de végétation peut s’appliquer au Maçon qui se transforme au sortir du cabinet de réflexion pour devenir le bourgeon de l’initié, puis le compagnon «en  fleur» avant de devenir «le fruit» par la Maîtrise et avoir ainsi accompli un cycle complet sur le chemin de la connaissance.
Il rejoint ainsi l’arbre après lui aussi  avoir puisé sa force dans les profondeurs de la Terre ….. Mère Nourricière…Substance nécessaire pour s’élever et atteindre l’ En Haut.
Après avoir goûté à l’arbre du savoir qui le fit chuter, il goûte au savoir de l’arbre qui le fait s’élever.

"L’ACACIA m’est connu"
Nous le retrouvons dans la Bible, c’est de ce bois que l’on fera le mobilier de la Tente  le Propitiatoire «Tu feras pour la Demeure des cadres en bois d’Acacia qui seront dressés debout (…)» (exode 26-15) l’autel des holocaustes «Tu feras l’autel en bois d’Acacia (…)» (exode 27-1) l’autel des parfums «Tu feras un autel où faire fumer l’encens, tu le feras en bois d’Acacia (…)» (exode 30- 1) et l’Arche d’Alliance «Beçaléel fit l’Arche en bois d’Acacia (…)» (exode 37-1) Ce bois dur et imputrescible qui symbolise ici, déjà, l’immortalité et la pérennité.
Mais pour le Maître Maçon l’Acacia connu est celui qui marquait la tombe de notre Maître Hiram.
Comment oublier la cérémonie d’élévation que nous avons tous vécu? Comment ne pas se souvenir de cette difficile étape sur le chemin de la Lumière?

« Compagnon! avez vous bien médité sur la démarche hardie que vous faîtes?
 avez vous les mains bien pures? votre conscience est-elle bien tranquille?»

Ces paroles prononcées par le Très Vénérable Maître, m'ont personnellement touché, au seuil de l'accession au sublime grade de Maître Maçon, je n’ai pu m'empêcher de me demander si je méritais bien cette augmentation de salaire; A cet instant ma vie maçonnique a défilée dans ma tête faisant un rapide bilan pour me rassurer.
N'avais-je point failli? Avais-je bien poli ma pierre afin qu’elle s’insère dans l’édifice en lieu et place qui lui était réservée?

A peine remis de cette première émotion, j’apprenais que des traîtres étaient parmi nous! ici même, là où je ne voyais jusqu’alors que Sagesse, Force et Beauté.
Un assassinat avait eu lieu, commis par des gens de ma «caste», celle des compagnons.

Comme pour me prouver que je ne rêvais pas, un gisant était là…. à mes pieds, recouvrant de sa mortelle dépouille le Pavé Mosaïque.
Et c’est durant le récit de cette terrible nouvelle que je devais mourir aussi, non plus «aux préjugés du vulgaire» mais à cette vie de compagnon et devenir moi-même ce gisant précédemment aperçu; après un coup fatal porté par le Très Vénérable Maître lui-même.

«Ainsi périt l’homme juste, fidèle au devoir jusqu’à la mort»

Restant là, oublié de mes FF pour un temps, mort pour de bon, que de pensées envahirent alors mon esprit!

Cette mort simulée me semblait bien réelle et je n’ai pu m’empêcher de penser à cette traîtrise survenue dans les rangs. Comment était ce possible……………???
Je me suis alors rendu compte combien la vie était chose précieuse et que sa perte pouvait être très rapide, par simple félonie, envie, jalousie, en fait… par simple vice!  et moi… Ici… aujourd’hui …comment en reviendrai je?
J'avais en tête cette phrase de notre rituel, " En qui mettez vous votre confiance : en Dieu ", et je restais confiant.

Soudain, par les cinq points parfaits de la Maîtrise, me retrouvant étroitement enlacé, pied contre pied, genou contre genou, rite étrange, dans le sein de la mort, relevé par celui-là même qui me précipita dans les ténèbres afin que je devienne Hiram moi-même, j'ai reçu la vie (mort et résurrection). Ce n’est qu’après avoir retrouvé la station verticale grâce à l’aide de celui-là même qui me fit choir, que mon esprit commença à se réveiller.

Je venais donc d’être élevé. La matière brute devenait matière subtile! Le compas dominait désormais l’équerre!
Tel l’Osiris démembré, les cinq points parfaits me ressuscitaient et me construisaient...en homme nouveau…Maître Maçon,  troisième degré du REAA.

J’étais de nouveau en proie à toutes sortes de pensées et d’angoisses, les mêmes que celles ressenties dans une abbaye pas loin d’ici, le jour où j’avais de nouveau retrouvé le chemin qui mène au  G  A  D  L  U, il venait de m’arriver quelque chose de grand…d’inexplicable. Maintenant mes FF Maîtres en avaient décidés ainsi, j’était des leurs! je m’insérais dans l’édifice!

Plus tard , je perçu dans ce psychodrame le rôle de l’Acacia qui m’était dès lors «connu».
Un des traîtres en avait marqué la sépulture du Maître et c’est ainsi que l’on pu le découvrir.
Je ne peux penser à cette branche d’Acacia sur ce tombeau sans imaginer ces racines pénétrant dans le sol et puisant leur force dans la chair même de notre regretté Maître Hiram.
Si d’aventure, par une belle soirée d’automne vous vous trouverez dans notre belle cathédrale de Chartres vous y verrez sur la façade occidentale, à droite de la rose centrale, la même image, j’ai nommé l’Arbre de Jessé. Ce vitrail qui projette ces lueurs jusqu’au centre du labyrinthe vous invitant à vous y placer vous même afin d’être emporté  dans un vortex vertical vers l’objet de votre quête, vers le
G  A  D  L  U  

Cette image de Jessé je la rapproche de celle de l’Acacia sur la tombe de notre Maître s’il est dit «Un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton jaillira de ses racines » (Ex 11, 1-3) pourquoi ne pas dire: «un rameau d’Acacia jaillira du tombeau du Maître et à chacune de ses branches ira s’accrocher un être de lumière» prouvant ainsi notre descendance et nous rappelant qu’abreuvés par celui qui donna sa vie pour ne point trahir ce fragile greffon est aujourd’hui devenu un arbre magnifique qui porte des rameaux désormais immortels.
Rappelant que cette extravasion issue du Maître nous porte par delà le temps et nous invite toujours à nous multiplier pour que croisse encore ce tronc de fraternité et que perdure la Tradition.
Devenu artisan de notre propre destinée, maîtrisant la matière tel Tubalcaïn domptant le feu,  nous devons forger ce nouveau Maître. Conscient de cette parcelle de divin qui nous habite nous nous approchons de plus en plus près du G  A  D  L  U  jusqu’à la fusion ultime, «Fils de la lumière» nous deviendrons des êtres «dont les jours n’ont pas de commencement et dont la vie n’a pas de fin» (heb 7, 2-4) .

Dorénavant, incarnation du Maître disparu… porteur de la parole substituée… la quête continue, ici et maintenant nous ne devons avoir de cesse d’agir en « bon et loyal Maçon » :

J’ai dit 

BG