L'Agape
L’ AGAPE Commençons par définir
l’étymologie de ce terme l’agape selon les dictionnaires,. Agape vient
du mot grec « agapé » et du verbe « agapan » qui signifient amour et
aimer au sens spirituel et divin, mais non du désir ou de la
convoitise. Le terme « Agapè » représente l’amour réfléchi, dicté par le
cerveau siège de l’intellect, de la raison, de l’esprit, contrairement
à l’amour « coup de foudre » qui est plus instinctif, plus animal, qui
vient du cœur. Notre rituel ne nous le rappelle-t-il pas, mes Frères ?
Le Franc-maçon à l’ordre d’Apprenti, sa main droite, placée en équerre
sur la gorgent qui signifie “ contenir le bouillonnement des passions
qui s’agitent dans la poitrine et préserver ainsi la tête de toute
exaltation fébrile, susceptible de compromettre notre lucidité d’esprit
“.
Les
mots Charité, du latin « caritas », et agapé, sont des synonymes et
peuvent se définir pour nous Maçon, comme amour fraternel et universel,
au service de l’humain de toutes nos forces, de toutes nos ressources
matérielles et morales, avec un entier désintéressement. L’Agape est,
au sens large, « un repas entre convives unis par un sentiment de
fraternité ».
L’Agape est au sens ancien, le repas que prenaient en commun les
premiers chrétiens. L’œuvre la plus célèbre évoquant l’une de ces «
agapes » a été réalisée par Léonard de VINCI et représente le repas que
prit Jésus-Christ avec ses Apôtres. Ce tableau s’intitule « La CENE »,
du latin « cena » qui signifie « repas du soir ». Au cours de ces repas
chacun des participants partageait l’eau, le pain et le vin, actes
opératifs qui permettent de vivre le symbole de la communion. Quand on
étudie les rites des confréries initiatiques anciennes, on s’aperçoit
que les repas rituels jouaient un rôle essentiel et que le feu et
certains aliments en faisaient toujours partie.
Le thème de l’eau est présent dans toutes les traditions religieuses.
Elle est le premier élément existant à l’origine de la vie. Dans la
Bible elle tient une place importante. Elle possède une multitude de
significations symboliques. La communion sous l’espèce du pain, ce fruit
de la terre, signifiait la connaissance des mystères de la vie terrestre
en même temps que le partage des biens de la terre et par suite l’union
parfaite des frères affiliés. Au degré supérieur, la communion sous
l’espèce du vin, ce sang de la vigne, signifiait le partage des biens
célestes, la participation aux mystères spirituels et à la science
divine. Dans les Sociétés secrètes
égyptiennes le banquet marquait le premier degré de l’initiation. Dans
les anciens cultes grecs et notamment chez les Pythagoriciens, le
caractère sacré du banquet était si fort, que les adeptes n’étaient
admis au repas qu’au bout d’une durée de trois à cinq ans après leur
entrée dans l’ordre.
On parle aussi au
Moyen âge, selon un ancien mythe hermétique alchimique, d’une « Table
de Lumières » couverte de mets, où seul l’initié est capable de la
découvrir au terme de son voyage vers la connaissance. Il y rencontrera
alors ceux qui ont entrepris de parcourir le même chemin. Chaque
réunion des Confréries médiévales du Royaume de France était aussi
suivie par un banquet. A cette époque les travaux de table prenaient
souvent le pas sur les travaux de l’esprit, et ce sont les dimensions
festives de ces banquets qui furent pour les Confréries l’un des
nombreux prétextes aux interdictions, condamnations et persécutions de
la part du pouvoir. Ce n’est plus le cas de nos jours. Dans notre
Franc-maçonnerie régulière, héritières de ces plus anciennes
traditions, l’Agape ne doit pas être considérée comme une pure
nécessité physique mais doit être considérée comme une valeur ajoutée à
la Tenue.
« L’Agape étant la continuation de la Tenue, la participation de tous
les frères est une obligation ». Cette phrase est inscrite sur toutes
les convocations de toutes les Loges régulières du monde.
L’Agape invite à l’approfondissement du chemin de perfectionnement
parcouru pendant la Tenue. Elle permet aux initiés de mieux comprendre
la voie dans laquelle ils se sont engagés. L’Agape possède donc un rôle
initiatique et il faut comprendre qu’il est impossible de saisir
autrement son symbolisme sans le vider de son sens profond. L’Agape est
une des plus vielles et des plus solides traditions maçonniques. Déjà
les Constitutions d’ANDERSON y font allusion, ainsi que les «
règlements » qui leur font suite. Dès cette époque les tenues se
terminaient par un banquet et ANDERSON recommande aux frères de ne pas
les transformer en orgies. La table du banquet est disposée
traditionnellement en arc de cercle ou en “U”.
Le Vénérable Maître occupe le centre de l’Orient, entouré par tous ceux
qui ont le droit d’être à ses cotés. Tous les membres de l’Atelier et
les Frères visiteurs doivent être vêtus de la même façon que lors de la
Tenue, hormis le tablier et le sautoir. La signification pour les
initiés que nous sommes est évidente. Tous en habits sombres,
semblables, cela symbolise l’uniformité, la suppression des différences
et le renoncement à la vanité. Lors de ce banquet le Vénérable Maître
veille à ce que tout soit en ordre afin que rien ne nuise au
caractère rituélique de l’agape. Car cette institution du banquet où la
communion matérielle s’ajoute à la communion des âmes est bien un rite
essentiel réglé par une tradition. Le repas s’ouvre dans un profond
silence et service de table est effectué par les Apprentis. L’Agape est
ponctuée par une série de « santé » : Les « santés officiels », au
Président de la république, aux Souverains…, au Grand Maître ; Les «
santé traditionnels », à la grande Loge, au Vénérable Maître et aux
Frères visiteurs.
Au cours du repas
la parole peut être donner aux participants à la discrétion du
Vénérable Maître. Elle peut aussi être demandée par un Frère, mais
toujours sous l’autorité du Vénérable Maître.
Il
est de tradition qu’au moment du dessert, le Vénérable Maître prie
l’Orateur de donner ses conclusions sous la forme d’une synthèse, sur
les travaux effectués en Tenue et lors de l’Agape.
A la
fin du repas, avant que les Frères ne se séparent le Vénérable Maître
fait réciter la prière par le Frère Maître de Cérémonie.
Les
agapes ont lieu en salle humide ! Drôle de nom pour une salle où l’on
dîne ! La salle à l’intérieur du temple maçonnique. Ce temple qui ne
devient Temple qu’une fois sacralisé. La salle humide fait donc partie
du monde profane auquel les francs maçons retournent une fois les
travaux terminés. Pourquoi dit-on de cette salle qu’elle est humide ?
Les bâtiments maçonniques comportent plusieurs pièces, selon leur
importance : un vestiaire, un ou plusieurs temples, le ou les cabinets
de réflexion, une cuisine et… une salle humide, c’est la salle à manger
où se déroulent les agapes.
Il est une coutume, en franc-maçonnerie, de travailler « à couvert »,
c’est à dire seulement entre initiés. Lorsqu’il y a des profanes dans
l’entourage, les initiés ne sont plus « à couvert » d’où l’expression :
« il pleut ». Ce qui signifie à l’interlocuteur de mesurer sa parole, de
maîtriser ses mots. Discrétion oblige. « Il pleut » dans cette salle à
manger. Pourquoi ? Tout simplement parce que les profanes peuvent y
être reçus lors d’agapes exceptionnelles, de cérémonies particulières,
des réunions d’association… La salle devient alors humide. A la fin du
XVIIIe siècle, les frères avaient pour habitude de se retrouver dans
des auberges pour chanter et partager l’agape.. Parmi ces maçons, qui
étaient des nobles ou des intellectuels issus de la bourgeoisie,
certains ont manifesté la crainte de voir les cuisiniers et serveurs,
tous profanes, colporter à l’extérieur ce qu’ils pouvaient observer
durant les banquets. Afin de garder secret aussi bien la teneur de leurs
propos que leurs travaux et rituels, l’idée est venue de faire maçons
les dits professionnels. Cette initiative révolutionnaire à l’époque
est en partie à l’origine d’une démocratisation de la maçonnerie, de
son ouverture à l’ensemble des classes de la société.»
Pendant les
agapes C’est également l’occasion d’aborder tout autre thème
philosophique, symbolique ou rituel. En outre, l’un des participants
peut aussi lire un travail plus succinct, comprendre un travail de
réflexion, qu’il aura spécialement rédigée pour l’occasion à la demande
de notre Vénérable Maître. Dans ce cas encore, des codes sont à
respecter. La parole ne se prend pas librement. Elle est accordée par
le Vénérable. Quand quelqu’un parle, les autres se taisent et surtout
ne le contredisent pas. On respecte tous les avis et si l’on veut
réagir on demande la parole. La règle veut aussi qu’on ne parle qu’une
fois par sujet et de façon courte, ce qui oblige à bien réfléchir avant.
Cette discipline, qui reflète la droiture du maçon, favorise l’écoute et
l’attention de tous. En conclusion mes biens chers Frères, la prise de
nourriture pendant les agapes est l’acte qui unit l’homme au monde. Son
seul but n’est pas de satisfaire un besoin élémentaire, il reflète une
certaine philosophie de la vie ; Une philosophie, car dans la vie
humaine le repas est à la fois, un acte biologique, un acte social et
un acte spirituel ; Une philosophie qui se retrouve dans les
communautés initiatiques traditionnelles où pendant l’agape les paroles
et gestes des initiés structurent l’espace spirituel où va s’accomplir
la Grand Œuvre.
L’Agape rituélique, procurera aux initiés cette
ivresse, ivresse spirituelle bien sûr, la seule à laquelle les hommes
inspirés ont puisé de tout temps la lumière. Jen ai terminé Vénérable
Maître.
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