GLDF | Loge : Le Voile d'Isis- Orient d’Evry Corbeil | 05/2012 |
La spiritualité de la Rose-Croix Avant d’entrer dans le sujet proprement dit, il est bon de s’arrêter sur la définition de cinq mots qui apparaîtront sans cesse, dans mon propos : L’Alchimie : discipline qui recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations, en rapport avec la transmutation des métaux. L’un des objectifs de l’alchimie est le grand œuvre, c’est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, notamment des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles : l’argent, l’or. Un autre objectif classique de l’alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie, via un élixir de longue vie. La pratique de l’alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde, sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles. Son déclin arrivera avec les travaux de la chimie moderne de Lavoisier. L’Hermétisme : il peut prendre trois sens différents. Le mot désigne : - une doctrine
ésotérique fondée sur des
écrits de l’époque L’Hermétisme est une philosophie, une religion, un ésotérisme, ou une spiritualité en quête de salut par l’esprit, mais supposant la connaissance analogique du cosmos qui se définit comme étant l’univers considéré dans son ensemble. Le salut passe par la connaissance : se connaître, se reconnaître comme « étant fait de vie et de lumière », à l’image de Dieu. L’Occultisme : désigne, en histoire, un ensemble de courants préoccupés par les forces mystérieuses du cosmos et de l’homme. L’astrologie qui parle des influences astrales, le néo-occultisme qui traite des « facultés occultes de l’Homme » et des « forces invisibles de la Nature », en font partie. En ce qui concerne l’époque où se situe la « naissance » de la confrérie Rose-Croix, il faut tenir compte de l’influence de Nostradamus (1503-1566), médecin et astrologue français, auteur d’un recueil de prédictions, dit « Centuries ». Le Gnosticisme = système de philosophie religieuse dont les partisans prétendaient avoir une connaissance complète et transcendante de la nature et des attributs de Dieu. La Kabbale est une science traditionnelle juive extraordinairement complexe et mystique qui propose une méthode d’interprétation et d’étude ésotérique de l’Ancien Testament. Son but essentiel est de trouver les faces cachées de Dieu et de comprendre les origines et le fonctionnement de l’univers. La ROSE-CROIX Entre 1614 et 1620, l’Europe se passionne pour un personnage mythique, fondateur de l’énigmatique fraternité de la Rose-Croix laquelle émerveille et suscite les commentaires les plus contradictoires. On parle d’un certain Christian Rose-Croix ou Christian Rosencreutz, né en 1378, mort en 1484 – donc à l’âge de cent six ans – et dont la sépulture n’a été découverte qu’en 1604, soit cent vingt ans après sa mort, comme il l’avait lui-même annoncé. Durant cette même période, trois écrits anonymes circulent. Ce sont eux qui sont à la base de cet énorme engouement. Ils sont regroupés sous le nom : « Les Manifestes ». Ils se nomment : La Fama Fraternitatis, éditée à Cassel en 1614, La Confessio, éditée à Cassel en1615, Les Noces Chymiques de Christian Rose-Croix, éditées en Allemagne et à Strasbourg. On ne connaît pas avec certitude le ou les rédacteurs des « Manifestes », pas plus qu’on ne sait s’il existait un ordre Rose-Croix à leur origine. On pense surtout qu’ils sont l’œuvre d’un groupe engagé dans des difficultés de la vie et qui veut faire entendre sa voix, tout en restant discret pour éviter la persécution. Ces hommes ne sont pas visibles. Pour les comprendre, il faut pénétrer leur royaume. Nous sommes dans l’Hermétisme philosophique. « Les Manifestes » sont l’expression d’un courant de pensée, le message d’une société qui veut se construire avec pour base : la charité, la foi et l’espérance qui ont pour synonyme l’amour. Ces « Manifestes » répondaient à une aspiration du moment, dans cette ambiance de guerres de religion, dans le bouillonnement spirituel où l’on craint le bûcher (Jérome Savonarole en Italie, Jan Huss en Bohème). Il faut dénoncer l’hérésie. Pour mémoire à cette époque, le catholicisme est en plein émoi avec des schismes importants : - celui de Jean Wiclef au XIV ème siècle en Angleterre. Celui d’Henri VIII d’Angleterre qui a rompu avec Rome et fondé l’Eglise Anglicane. Dans la seconde moitié du XVI ème siècle sont nés le Luthéranisme en Allemagne et le Calvinisme en Suisse. En France, l’Edit de Nantes promulgué par Henri IV, le 13 avril 1598, a fait cesser les guerres de religion, marquées par la terrible nuit de la Saint Barthélemy le 24 août 1572. Mais bientôt, l’Europe va s’embraser pour ce même sujet, avec la Guerre de Trente ans (1618-1648). Pourquoi ce nom de Rose-Croix ? Comment associer un instrument de supplice qui résume tout le drame de la passion du Christ à la grâce et à la fraîcheur de la rose ? Ainsi sont unies la croix, signe sacré de mort et la rose signe de vie, de parfum qui s’évanouit. Ainsi est créé un symbole de l’immortalité : la croix et en son centre la rose, goutte de sang qui renaît, la croix corps physique de l’homme et la rose l’esprit en voie d’évolution pour atteindre la révélation d’une connaissance d’un ordre supérieur. Les trois « MANIFESTES ALLEMANDS » 1 - La FAMA FRATERNITATIS, qui est un volume de 147 pages, sans nom d’auteur, avec deux parties : La première est une satire des réformes sociales et morales. Il y est dit que la rédemption ne peut pas se faire par l’Eglise, mais par une religion du cœur, par un élan mystique. La seconde contient le récit de la vie du frère R\ C\, dont le nom Christian Rosencreutz ou Christian Rose-Croix ne sera donné que plus tard. C’est un récit mythique, utopique, allégorique, des aventures et des expériences d’un être surdoué : R\ C\, voyageant dans les pays du bassin méditerranéen. A Fès, au Maroc, des habitants lui livrent la connaissance suprême. Il a reçu mission de communiquer à la chrétienté la sagesse qu’il vient d’acquérir et de fonder une société secrète « qui aura à satiété or et pierres précieuses et qui enseignera les monarques ». Après s’être rendu en Espagne, il accomplit, dans un lieu sauvage, une retraite de cinq ans. Il recrute à la fin de cette épreuve, trois fidèles compagnons, dont on ne nous livre que les initiales : frater G\ V\, frater I\ A\ et frater I\ O\. Tous trois jurent à R\ C\ fidélité et rédigent, sous sa direction, des écrits fondamentaux. Ils bâtissent le nouveau « Temple du Saint Esprit ». Ils guérissent les malades et consolent les désespérés. Sept ans plus tard d’autres étudiants sont cooptés en la Sainte Science et constituent ainsi la « Fraternité ». Pour y être admis, il faut être célibataire et chaste. Ces frères, « nobles voyageurs », partent en mission à travers le monde. Ils se réunissent annuellement en un lieu mystérieux : le « Temple du Saint Esprit », et dit la Fama : « Ces hommes dirigés par Dieu et par toute la machine céleste, choisis parmi les plus sages de plusieurs siècle, ont vécu dans l’union la plus parfaite, le plus grand mutisme et la plus grande bonté ». Ces frères célèbrent les deux sacrements institués par la première Eglise réformée. Ils réprouvent l’athéisme et les abus de l’Eglise de Rome. Il prédisent la chute du pape, des prélats, des jésuites et le grand retour triomphant de Jésus. Suscitant la controverse, la Fama, texte obscur paraissant de nos jours anodin, connaît à l’époque un véritable succès. En fait, ce texte est en harmonie avec cette période qui connaît un bouillonnement spirituel soumis à l’emprise de Luther et de Calvin. A Rome, le pape Alexandre VI « Borgia » a introduit l’autoritarisme, la débauche, la luxure. En politique, le florentin Machiavel a écrit « Le Prince » qui flatte l’hypocrisie. La révolte gronde dans les cœurs, mais on craint la puissance des jésuites et la farouche détermination de l’inquisition. Aussi comprenons-nous les précautions pour s’exprimer en termes voilés, sans nom d’auteur. L’ouvrage original présente un sens général selon lequel la vraie réforme ne peut se faire de l’extérieur comme le promouvaient penseurs et législateurs, mais qu’elle doit être intérieure, spirituelle et mystique. Le Rose-Croix est la perfection spirituelle et morale. 2 - La CONFESSIO est une plaquette de 12 pages, sans nom d’auteur. Elle souligne la nécessité de se dégager de l’emprise du pape traité comme « le trompeur, la vipère, l’Antéchrist ». Il faut étudier les saintes écritures. L’homme doit suivre la voie chrétienne prêchée par la fraternité. A cette époque des groupes d’hommes – des illuminés – annoncent la fin du monde. Ils prêchent dans les campagnes pour préparer l’humanité à l’avènement du Saint Esprit. Cependant la Fraternité de la Rose-Croix reconnaît que pour être sauvé, il faut être « l’élu ». Ainsi tous les hommes ne peuvent pas accéder au salut éternel. Nous apprenons que la Confrérie prend partie en astronomie pour Galilée contre Rome qui soutient la théorie de Ptolémée. La Confessio est un texte hermétique, ambigu. Il y apparaît pour la première fois le nom de Christian Rosencreutz qui jusqu’ici ne figurait que par ses initiales R\ C\. 3 - Les NOCES CHYMIQUES de Christian Rosencreutz est un livre, sans nom d’auteur, de 146 pages. Ce livre décrit 7 jours de la vie de C\ R\, alors âgé de quatre vingts ans, où le symbolisme apparaît à chaque phrase. Durant sept jours, ce vieillard qui vit en ermite accepte de participer à de terribles épreuves physiques, à répondre à des questions et à fournir des preuves de sa pensée spirituelle afin de prouver l’authenticité de son accomplissement énigmatique à base initiatique. A la fin de son parcours, R\ C\ est devenu « l’élu ». Il a pu contempler ce que les autres humains ne peuvent pas regarder. Il a goûté à l’éternité, il a pénétré l’intercommunabilité. Il va pouvoir retourner dans le monde où il apportera le message des Frères de la Rose-Croix. Par le fond et la forme, les « Manifestes » sont caractéristiques de la pensée de l’époque, au tournant de la Renaissance, de l’âge baroque. On y trouve des références et allusions au néoplatonisme, au pythagoriciens, à la philosophie arabe, à la kabbale, à la gnose et même aux sages de l’Inde. Les Rose-Croix en France au Moyen-Age Ces manuscrits « Manifestes », plus ou moins valablement traduits, franchissent facilement les frontières. Clandestinement, des affichettes sont collées sur les murs des villes de France, notamment à Paris. Elles comportent le texte suivant : « Nous députés du collège principal des frères de la Rose-Croix, faisons séjour visible et invisible dans cette ville par la grâce du Très Haut, vers lequel se tournent les cœurs des justes. Nous montrons et enseignons sans livres, ni marques, à parler de toutes sortes de langues du pays où nous voulons être, pour tirer les hommes, nos semblables d’erreurs de mort ». Le clergé s’inquiète. Ces placards sentent le huguenot. Il n’y a aucune référence au Christ, à la Vierge, aux Saints. Cependant, pour ce monde moyenâgeux, superstitieux, mystique, en but aux guerres de religion, le frère Rose-Croix va représenter le degré suprême de la piété, de la sagesse. Il est l’ultime secours pour son prochain tant pour son âme, en dehors de l’Eglise souvent honnie, que pour son corps, puisque le frère Rose-Croix exerce la médecine avec charité. On s’interroge sur ces hommes qui peuvent se rendre invisibles, qui peuvent parler n’importe quelle langue, qui savent sonder l’âme de chacun et qui ne se dévoilent qu’à ceux qui cherchent l’illumination interne. Cependant en France, « Les Manifestes » auront moins d’influence qu’en Allemagne et en Angleterre. Les premières Générations des Adeptes de la Rose-Croix L’influence de l’ALCHIMIE. Aux XVème, XVIème, XVIIème siècles des fraternités rosicrusiennes furent fort utiles aux alchimistes pour s’entraider, se communiquer leurs travaux à l’abri des regards des pouvoirs publics et religieux. Leur bijou symbolique était une rose sur laquelle se détachait une croix ornée en son centre d’une rose. Le pélican est aussi un symbole. L’essor du mouvement des frères de la Rose-Croix n’est pas seulement lié à l’apogée alchimique où à la transmutation des métaux. On sait aussi qu’ils dispensent gratuitement des soins médicaux et on leur prête l’intention de rechercher le breuvage de l’immortalité. Que de mystères autour de ces alchimistes, de ces philosophes adeptes de l’occultisme, de l’hermétismes, personnages énigmatiques qui ne parlent clairement que pour mieux dérouter les gens. Arrêtons-nous sur quelques uns de ces personnages marquants, essentiellement théologiens, qui parcourent l’Europe et en particulier l’Allemagne : Johann Valentin ANDREAE (1586-1654), astronome, mathématicien, théologien. Beaucoup le considèrent comme étant le père des « Manifestes », en particulier des Noces Chymiques de Christian Rosencreutz. L’insigne des Rose-Croix s’inspire du blason de sa famille. Il a écrit de nombreux livres ésotériques et a fondé sa « République Christianapolitaine », basée sur le travail, la fraternité et une pure vie chrétienne. PARACELSE (1493-1541), suisse, de son vrai nom Théophraste Bombast von Holenheim. Alchimiste, médecin, barbier-chirurgien, sa renommée traversa l’Europe. Il domine son époque en étant admiré mais aussi haÏ. Il est en désaccord avec les œuvres médicales d’Avicenne, d’Hippocrate, de Galien. Il découvre le Zinc le chlorure et le sulfate de mercure, la fleur de soufre, le bismuth etc. Il critique le pape et Luther. Mais il insiste sur le sens cosmique de la Cène mystique, en déclarant que la pain et le vin sont les concentrations des forces de la nature, que le Christ fait naître la semence de résurrection. Il se crée une union directe avec la Divinité et édifie un système de l’harmonie, de l’unité universelle. C’est un illuminé. Il reste l’apôtre des Rose-Croix. Francis BACON (1561-1626) définit une société idéale qui se propose de faire le bonheur des hommes en leur révélant les secrets de la nature. On l’appelle le Temple de Salomon qui est une utopie conforme à la fois au message rosicrucien et à l’idéal de la franc-maçonnerie. COMENIUS (1592-1670), théologien hanté par une doctrine universelle dans laquelle le processus éducatif n’est pas limité à l’action de l’école et à celle de la famille, mais il est solidaire de la vie sociale toute entière. Son influence est considérable à travers les siècles et en 1958 l’UNESCO lui a rendu hommage. Robert FLUDD (1574-1836). On retrouve dans ses écrits un esprit qui préfigure celui de 1723 dans la Convention d’Anderson. René DESCARTES (1596-1650). Proche de Coménius, on trouve dans « Les Principes de la Philosophie » des pensées des Rose-Croix en ce qui concerne la morale, les sciences et la méthaphysique. SPINOZA (1632-1677), esprit universel. Il pense que Dieu est à la fois essence et substance que Dieu est la nature même. L’appartenance de Descartes et Spinosa à la Rose-Croix est contestable. Les Mouvements Rosicruciens du XVIII ème siècle. Rose-Croix et Rosicruciens. La fraternité de la Rose-Croix n’est connue qu’à travers les trois Manifestes et les innombrables discussions autour de ce mythe. Il faut établir une distinction nette entre Rose-Croix et Rosicruciens. Rose-Croix est celui qui atteint l’état d’ultime perfection spirituelle et moral, le rosicruciens est celui qui cherche à atteindre cette illumination. La Rose-Croix originelle, celle de la Fama et de Confessio avait été un invisible collège, une église, une fraternité. Sans organisation, elle rassemblait dans un commun idéal des hommes prédestinés, ou qui s’estimaient tels, à qui le Très Haut avait confié une mission : savants, érudits, clerc, initiés. Aucun degré hiérarchique ne les séparait. Ils se retrouvaient rarement, mais étaient unis par une mutuelle estime, la prière et la communauté des aspirations. Ces invisibles, Rose-Croix d’origine, se retirèrent de l’Occident au début du XVIIème siècle, dit-on. Alors apparurent des organisations revendiquant la qualité de Rose-Croix. On les classe sous le nom de Rosicruciens, mais ce ne sont pas de véritables Rose-Croix, déjà par le fait qu’elles sont structurées et non une fraternité libre. Nous retiendrons parmi celles-ci : A - La Rose-Croix d’Or qui apparaît en 1714 à Breslau, avec la publication d’un traité « Véritable et Parfaite Préparation de la Pierre Philosophale ». Elle a l’esprit des « Manifestes », avec un rituel semblable à celui de la Franc-Maçonnerie. Son bijou d’ordre est une croix de Saint André. Elle était très influente dans la haute société. B - La Rose-Croix d’Or d’Ancien Système. Elle se crée au sein de la loge maçonnique des Trois Globes à Berlin en 1777. Elle accueille les hauts grades de la franc-maçonnerie. Elle affirme détenir les secrets sur la transmutation des métaux et avoir le pouvoir de guérir les malades. C - Les Illuminés de Bavière. Société qui se crée en 1776, sur structure maçonnique. Elle est contre le clergé et les jésuites, et désire abolir le droit de propriété. Karl Marx s’en inspire. D - Les Réau-Croix. On regroupe sous ce titre un ensemble de loges fondées par des francs-maçons. C’est l’esprit de la Rose-Croix d’or avec pour base l’hermétisme, l’occultisme, l’alchimie et une structure maçonnique. E - L’Illuminisme. A l’esprit des Réau-Croix s’ajoute le mysticisme. Des personnages de la petite histoire sont assimilés à la Rose-Croix avec des parts de légende voire de charlatanisme : Cagliostro, le comte de Saint Germain. Les Mouvements Rosicruciens aux XIX, XX, XXI ème siècles. L’un des principaux enseignement de l’ordre était que les moines rassemblés par Rosencreutz devaient parcourir le monde soignant gratuitement les malades. L’une des marques distinctes de la Rose-Croix moderne a été l’assemblage presque comique, comme à la fin du XVIIIème, d’imposteurs, de guérisseurs spiritualistes, formant de nouveaux groupes, promettant l’immortalité, des élixirs magiques alchimiques et des prédications astrologiques. Cependant, quand on décante tout ce mouvement rosicrucien des trois derniers siècles, il faut retenir des sociétés actives qui peuvent se prévaloir de l’héritage rosicrucien. Nous retiendrons : A - L’Ordre Kabbalistique de Rose-Croix, crée en 1888 par le marquis Stanislas de Guaita et l’extravagant Joséphin Péladan. Il a pour base l’ésotérisme avec un anticatholicisme. Erik Satie et Claude Debussy en sont membres. B - L’Ecole de la
Rose-Croix d’or, crée en 1924 aux Etats-Unis
compte 700 membres en France. Pour cet ordre, Rosencreutz n’est pas le fondateur de Rose-Croix, mais seulement un des grands maîtres. L’AMORC fait remonter son origine aux alentours de 1500 ans av. J.C, sous le règne de Thutmose III et son organisation proprement dite est fixée en 1350 av. J.C sous le règne du célèbre pharaon Akhenaton qui abolit les religions polythéistes pour les remplacer par le monothéisme. Le siège mondial de l’AMORC est à San José. Cet ordre est très riche avec bibliothèque, musée, université, laboratoires etc. L’AMORC est avant tout un mouvement humanitaire qui tend à apporter à l’humanité pendant la vie terrestre plus de santé, de bonheur et de paix. Il est mixte et veut enseigner à ses membres la manière de vivre en harmonie avec les forces créatrices et constructives du cosmos. Actuellement l’AMORC a des temples dans pratiquement toutes les grandes villes de France. L’adhérent reçoit des cours par correspondance. Ces cahiers d’instruction lui permettent de créer chez lui un « sanctum » où chaque jour, vêtu d’une certaine manière, il se livre à des exercices spirituels. Il y a d’autres sociétés Rose-Croix à travers le monde, aux Etats-Unis en particulier, aux Pays-Bas, en Allemagne. Elles sont souvent très discrètes, hermétiques, gnostiques, ésotériques, kabbalistiques, avec assez peu de membres en général. Rose-Croix et Alchimie. L’alchimie des Rose-Croix est essentiellement une alchimie spirituelle. La Materna prima est l’âme humaine et l’athanor est constitué par le corps physique et les corps subtils qui maintiennent ce dernier en vie et assument le lien avec l’âme, étincelle divine. Dans l’existence humaine, l’âme a la possibilité d’accomplir son apprentissage pour se parfaire, opérant la transmutation du vil métal de ses vices et de ses défauts en or spirituel, autrement dit en vertus et en qualités correspondantes. L’alchimie met en relation Dieu, l’homme et la nature. La rencontre de l’homme, microcosme et l’Univers macrocosme est symbolisée par la croix ayant la rose en son centre, lieu de l’alchimie, l’athanor. La Rose-Croix et la Franc-Maçonnerie. Une relation entre ces deux sociétés est très controversée. Dans de nombreuses publications l’ordre de la Rose-Croix est souvent lié à la Franc-Maçonnerie parce que sous l’emprise de l’immense popularité du spiritualisme et de l’occultisme au milieu du XVIIIème siècle, un petit groupe de maçons britanniques s’est intéressé à la Rose-Croix. Ce siècle des lumières a été attiré par l’illuminisme qui a influencé la Franc-Maçonnerie. Quelques Franc-Maçons formèrent des groupes de rosicruciens en dehors de la maçonnerie. Certains auteurs exprimeraient même le fait que les deux sociétés n’auraient été qu’une seule et même société à l’origine et qu’elles se seraient disjointes pour propager d’une part chez les Maçons des idées philosophiques, philanthropiques et d’autre part chez les Rose-Croix des recherches kabbalistiques, c’est-à-dire de communication des esprits et de recherches alchimiques. C’est dans cette acceptation relationnelle entre les deux sociétés qu’apparaît en Maçonnerie, vers 1760 le grade dénommé « Chevalier Rose-Croix ». Il devient un temps le grade terminal du rite du Royal Secret avant de devenir en 1801, le 18ème grade du rite écossais anciens et accepté, avec comme bijou traditionnel un compas orné d’une rose-croix et d’un pélican qui nourrit ses petits avec son propre sang. On notera que la Franc-Maçonnerie spéculative et la Rose-Croix se sont structurées à peu près à la même époque, les maçons en 1717 à Londres et la Société Rosae et Crucis en 1757 à Francfort sur le Main, laquelle adopta une forme maçonnique. Cependant de nos jours, il n’existe pas de liens officiels entre les deux sociétés, mais on peut faire partie des deux. Conclusion Au terme de cet exposé, nous pouvons encore nous demander ce que sont ces « Manifestes » de 1614, dont on ne connaît pas vraiment le ou les auteurs. Une farce ? Une supercherie ? L’écho d’une pensée profonde qui ne se transmet qu’à celui qui est en mesure de la comprendre ? Et nous nous étonnons que de tels textes aient pu déclencher autant de controverses. En fait, ils correspondaient à une aspiration du moment dans cette ambiance des guerres de religion et de schismes dans le catholicisme. Nous pouvons les considérer comme étant le message d’une société qui veut se construire sur des bases harmonieuses de la charité, de la foi et de l’espérance. Nous pourrons retenir trois opinions : - pour beaucoup
d’universités américaines « Les
Manifestes » seraient une plaisanterie
ésotériques d’un jeune
luthérien malicieux et cultivé Johann Valentin
Andreae. Et de nombreuses publications ironisent sur la
prétention des frères de la Rose-Croix de vouloir
réformer le monde. Après le grand succès à la parution, des polémiques ne tardèrent pas à naître. Les Rose-Croix furent accusés d’imposture et plus grave à l’époque de sorcellerie et d’hérésie. Dépassés par le succès et les polémiques, les membres se désolidarisèrent. Andreae, dans des écrits, prit le parti de justifier mais aussi de dénigrer « Les Manifestes ». - enfin pour l’AMORC, fondée en 1917 et qui revendique le titre d’ordre authentique, il y aurait une origine égyptienne. J’ai dit Vénérable Maître. J\ M\ |
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