GODF | Loge : NC | Date : NC |
A Propos de Couleurs Introduction. Les couleurs, ça semble évident : dans tous les TT\, le pavé mosaïque est noir et blanc et ici il est également gris, la voûte étoilée est bleue, la colonne J\ est rouge. Mais quand ma femme me dit : « Passe-moi le pull vert ! » et que moi je ne vois qu'un pull bleu, quand je photographie la même scène à deux heures d'intervalle et que les couleurs sont différentes, ça se complique ! Alors, je cherche une définition des couleurs. Et je trouve ce qui suit : Le soleil - ou une lampe à incandescence - produit de la lumière blanche. Si cette lumière frappe un corps qui réfléchit tout le spectre visible, ce corps apparaît blanc, si le corps absorbe tout le rayonnement, il apparaît noir. Un objet de couleur rouge va absorber toute les couleurs contenues dans la lumière à l'exception du rouge. La couleur est une vibration d'une certaine longueur d'onde. Infra-rouge et ultra-violet, qui font partie du rayonnement solaire, sont en dehors de notre champ de perception, ce qui ne signifie pas qu'ils sont sans effet sur nous. Mais notre perception de la couleur dépend de la qualité de la lumière, des caractéristiques de l'objet et des capacités de l'observateur. A deux instants différents, la couleur perçue est différente ; d'autre part, deux observateurs différents ne perçoivent pas les mêmes couleurs. Mais comme nous sommes dans le domaine symbolique, nous allons considérer ces couleurs relatives comme des couleurs absolues. Elles n'existent pas par elles-mêmes, elles émanent de la lumière, cette lumière que nous avons tous reçue et dont nous nous efforçons de percer les secrets. Les couleurs ont un effet sur nos sens, sur notre santé, sur notre comportement. Toute une littérature de qualité très variée a d'ailleurs été publiée sur ces sujets. Et les couleurs peuvent aussi être des outils. J'évoquerai d'abord le triptyque noir, blanc, rouge, puis dans une deuxième partie la décomposition de la lumière, et les couleurs ainsi mises en évidence : le bleu, le jaune et le vert, l'orange, l'indigo et le violet. Je terminerai, et c'est pour moi le plus important, par quelques questions. I. Noir et blanc, rouge Commençons par le plus simple : le noir et le blanc, réfléchir, absorber. D'ailleurs, quand je réfléchis, je suis absorbé. Le noir et blanc est souvent opposé à la couleur - en cinéma, en photo. Il est aussi synonyme de jugement sans nuance, malgré la multitude des niveaux de gris. Pourtant - je pense ici à la photo - le noir et blanc est souvent davantage porteur de sens que la couleur qui empêche parfois de se concentrer sur le sujet. Pour mon cas personnel, j'ai constaté une bizarrerie : je vois la première moitié du XXè siècle en noir et blanc, ainsi que ma petite enfance. J 'ai du mal à imaginer les gens - mon grand-père par exemple - habillés de couleurs autres que le noir ou le gris, je vois toutes les voitures de cette époque noires. Par contre, j'ai toujours visualisé le moyen-âge en couleurs !! Verdun en noir et blanc, mais Crécy en couleurs ! J'ai du mal à expliquer ce phénomène, qui n'est à mon avis pas seulement dû à la nature des documents disponibles. 1) Le blanc est la couleur absolue puisqu'elle les contient toutes. C'est la couleur de la lune, l'argent des héraldistes. Le blanc est pour moi un obstacle, un éblouissement, un mur. Le tablier blanc renvoie la lumière, il ne peut l'analyser, elle est trop forte. Les gants blancs sont aussi là pour protéger. Le blanc ne se laisse pas pénétrer. Je sais qu'il symbolise théoriquement le bien, la pureté, le côté positif des choses. Mais j'ai du mal à l'intérioriser. Pour moi, j'ai sans doute tort mais c'est ainsi que je le ressens, ce n'est pas dans le blanc qu'on trouve la lumière, puisqu'il la renvoie. C'est dans le noir qu'il faut chercher, puisqu'il l'absorbe. Caïn plutôt qu'Abel. 2) Le noir, le sable des blasons, évoque pour moi la profondeur, une certaine attirance, un gouffre. La nuit, les grottes, la matrice, le deuil qui est omniprésent au 3è degré, l'envers du décor, de nos décors, le rappel de notre précarité. C'est Satan (allié au rouge), mais aussi l'autorité (arbitre, juge, prêtre.) le luxe, la solennité. On s'habille en noir pour les grandes occasions. C'est aussi la terre nourricière. C'est la couleur des vierges noires, des déesses mères. Le noir m'attire plus que le blanc : j'absorbe plus que je ne réfléchis. On retrouve noir et blanc, souvent associés - l'un ou l'autre ou les deux à la fois - au rouge, qui est la couleur par excellence, et ce dès les débuts de l'humanité : peintures du néolithique, peintures corporelles des aborigènes, céramiques grecques... Les emblèmes, les blasons les plus anciens reprennent souvent ces couleurs, parfois exclusivement. Notons par exemple que le Beaucent, l'étendard de l'ordre du Temple, est à l'origine « d'argent à chef de sable », c'est à dire noir et blanc ; ce n'est qu'au milieu du XIIIè siècle qu'on lui adjoint une croix rouge. 3) Le rouge, c'est le feu, qui perce le noir de la nuit, mais qui pour moi se plaque seulement sur le blanc. C'est la couleur par excellence : pour les Romains, teindre un tissu, c'est le teindre en rouge. C'est le sang, la naissance, la vie, la violence, le danger, la volonté, mais aussi l'autorité, le luxe. Il a longtemps été symbole royal. La planète Mars est rouge, et Mars est le dieu de la guerre. Le rouge, c'est aussi l'interdiction (feux, panneaux), la sanction (on corrige en rouge, on donne des cartons rouges). Le rouge est censé stimuler l'esprit et favoriser l'effort physique ou intellectuel. Attirance-répulsion pour le rouge : je fuis la vue du sang, mais j'adore la viande crue. Regardez une ville la nuit : qu'est-ce que vous voyez ? Du noir, beaucoup de noir, des points blancs (les lumières, l'éclairage public, les phares des voitures), des points rouges (les feux arrières des voitures, les balises lumineuses signalant les immeubles, mais aussi les feux de signalisation). Il y a aussi des feux verts, mais de loin on ne les voit pas. Il vaut mieux éviter de voir rouge, le rouge est souvent de mauvais conseil, même s'il entraîne, s'il dynamise. Il est à manier avec précaution. Ce système (le blanc et ses deux contraires, le rouge et le noir) régit la symbolique dans nos sociétés au moins depuis le néolithique et jusqu'au XIè siècle. Il correspond à la division de la société indo-européenne en trois classes, « les blancs » (fonction sacerdotale et juridique), « les rouges » (fonction guerrière), « les noirs » (fonction nourricière) (voir à ce sujet les travaux de Georges Dumézil). Ce système trifonctionnel (ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent) organise la société médiévale jusqu'à la révolution du XIè siècle et subsiste, de plus en plus vide de sens, jusqu'à la Révolution française dans l'organisation de la société d'ancien régime. Ces trois couleurs sont omniprésentes dans notre imaginaire : -"Le petit chaperon rouge" Petite fille : rouge à peau blanche – Pot de beurre: blanc - Loup : noir -"Le Corbeau et le renard": Corbeau: noir - Fromage: blanc – Renard : Rouge -"Blanche neige": Sorcière: noire - Pomme: rouge - Jeune fille : blanche C'est à partir du XIè siècle que l'on assiste à la fois à une évolution de la société qui s'urbanise et se complexifie et à une modification du système des couleurs : le rouge aussi a désormais son contraire, le bleu, et la symbolique repose dès lors sur six couleurs : les trois primitives, auxquelles s'ajoutent le vert, le jaune et le bleu. Mais on n'a pas la même perception des couleurs qu'aujourd'hui : pour l'homme - ou la femme - du XIIè siècle, le bleu foncé est plus proche du rouge foncé que du bleu clair. Jusqu'à la fin du moyen-âge, on ne mélange pas les couleurs : ce serait porter atteinte à l'ouvre divine. Le vert par exemple est obtenu séparément, jamais par mélange de bleu et de jaune. II. Décomposer la lumière : l'arc en ciel. Revenons à notre sujet, que nous n'avons peut-être pas complètement quitté. Comment aborder la lumière, la rendre plus compréhensible, plus accessible. Newton - Isaac, pas Helmut -, celui de la pomme, un des fondateurs de la Royal Society, association que l'on considère parfois comme étant à l'origine de notre maç\ spéculative, a formalisé cette décomposition de la lumière. Notons au passage que la notion de décomposition nous ramène au mythe d'Osiris et à celui d'Hiram. Il s'agit, une fois la lumière décomposée, de retrouver, de reconnaître puis d'analyser les éléments ainsi identifiés, d'en approcher la signification, pour pouvoir ensuite reconstituer peut-être la lumière originelle. Dans une pièce noire, Newton fait passer un rayon de lumière blanche au travers d'un prisme et ainsi apparaissent les couleurs, sept couleurs (peut-être seulement cinq mais Newton a préféré en voir sept) : le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo et le violet. Sept couleurs, comme il y a sept planètes visibles à l’œil nu, sept notes dans la gamme, sept merveilles du monde, sept arts libéraux, sept trompettes de l'Apocalypse, etc.. On peut remarquer qu'il y a aussi sept chakras, chacun associé à une couleur, et qu'ici, pour reprendre un thème traité ici il y a quelque temps, les identités culturelles se rejoignent. Modification fondamentale dans la vision que l'on a des couleurs : on exclut alors le blanc et le noir qui deviennent des non-couleurs, et le système repose donc désormais sur sept couleurs parmi lesquelles la position centrale n'est plus occupée par le rouge mais par le bleu et le vert. On produit maintenant les couleurs à partir des trois couleurs primaires : le rouge, le bleu et le jaune. Les couleurs se mélangent, s'additionnent, se soustraient ; on peut les manipuler, elles ne sont plus objets intangibles. Ce prisme est utilisé par Newton est en verre à section triangulaire, l'angle entre les faces où passe la lumière mesure 63°12. Pourquoi 63°12 ? La mesure n'est que de peu d'importance pour le résultat de l'expérience et un angle de 60° aurait fait l'affaire. Allons un peu plus loin : Comment obtient-on 63° ? C'est 3x3 (la batterie au grade de maître) multiplié par 7 (l'âge symbolique du maître). En ajoutant 12', on ajoute une référence aux douze signes du zodiaque, aux douze mois de l'année, au temps cyclique ; douze, c'est aussi 3x4, l'union de l'esprit et de la matière ; enfin, 12', c'est 1/5 de degré ; un : le tout, l'univers divisé par 5, le chiffre de l'homme, mesure de toutes choses. Le maître, le temps, l'esprit, la matière, l'univers, l'Homme. Est-ce que tout ceci est un hasard, ou Newton a t’il voulu faire passer un message ? Mais je m'égare ! Revenons au thème de la planche. C'est donc en passant par le filtre de nos sensations, de notre entendement, que nous pouvons aborder des aspects de la lumière, mais pas tous à la fois. Deux observateurs différents ne voient pas le même arc-en-ciel : les gouttes d'eau qui réfractent la lumière ne sont pas les mêmes. Chacun d'entre nous a son prisme, l'angle entre les faces n'est pas toujours le même, nous ne voyons pas exactement les mêmes couleurs, mais nos démarches sont parallèles. Nous poursuivons tous le même but : décomposer la lumière pour mieux l'approcher, pour mieux la comprendre et en faire ensuite notre propre synthèse. Le spectre mis ainsi en évidence, on l'appelle arc-en-ciel. A noter que les Anciens avaient observé l'arc-en-ciel, mais n'avaient pas du tout vu les mêmes couleurs : Anaximène (VIè siècle av. JC) voit du rouge, du jaune et du violet ; Aristote voit du rouge, du jaune, du vert et du violet ; Epicure du rouge, du vert, du jaune et du violet ; l'historien romain Ammien Marcellin (v. 400 ap. JC) distingue du pourpre, du violet, du vert, de l'orangé, du jaune et du rouge. Personne jusqu'à Newton n'y a vu de bleu. Pourquoi ? L'arc-en-ciel, arche en ciel : c'est à la fois une porte qui s'éloigne continuellement au fur et à mesure qu'on avance vers elle - on ne peut pas se placer dans le plan de l'arc, « sous » la porte, on reste devant ; on ne peut donc a fortiori la franchir. C'est aussi un halo, une aura ; plus les couleurs de l'arc sont vives, plus l'arc est net, plus il recèle d'énergie. Mais l'arche c'est aussi un réceptacle (arche d'alliance, de Noé). Cette « arche en ciel » contient la lumière, la connaissance ; à nous d'en découvrir le contenu. N'oublions pas que la démarche est compliquée par le fait que cet arc comporte une partie invisible pour l’œil humain, dans l'infra rouge et dans l'ultra violet. Ces rayonnements invisibles ont aussi une importance, une action sur nous, positive et négative (je pense à la chaleur indispensable à la vie et aux coups de soleil voire aux cancers de la peau : l'approche de la lumière n'est pas sans danger). Ils recèlent des informations inaccessibles avec nos sens mais qui ne sont certainement pas à négliger III. Le bleu, le jaune et le vert, l'orange, l'indigo et le violet. Venons-en aux couleurs de l'arc-en-ciel. Nous avons déjà évoqué le rouge, je m'arrêterai d'abord sur le bleu très présent ici - cette Loge n'est-elle pas bleue ? - auquel je suis très sensible. 1) Le bleu : Je conseille à tous la lecture de l'ouvrage consacré à cette couleur par Michel Pastoureau, ouvrage riche, complet, et ce qui ne gâte rien, magnifiquement illustré, et qui ne déparerait pas notre bibliothèque. L'histoire de cette couleur est intéressante : le bleu a été pendant très longtemps une couleur de peu d'importance : il se confondait avec le gris pour les Romains. C'était un bleu très pâle, réservé aux couches inférieures de la population, et qui n'avait pas grande valeur symbolique. Tacite note seulement que les barbares se teignaient le corps en bleu pour effrayer leurs ennemis. Il était associé à la mort. Avant le XIIè siècle, en dehors du blanc et du noir, on voit sur les tableaux surtout du rouge - positif ou négatif selon qu'il représente un roi ou le diable - du vert - négatif souvent, de l'or et de l'argent. Le bleu, un bleu pâle proche du gris, n'est qu'une couleur de fond, un support d'écriture. Le bleu explose à partir du XIIè siècle sous deux influences : la montée en puissance des Capétiens qui en font leur emblème, et le développement du culte marial initié surtout par l'abbé Suger qui emploie du bleu dans les vitraux de St-Denis, et par Bernard de Clairvaux, le fondateur de l'ordre cistercien, qui a contribué par ailleurs à la création de l'ordre du Temple. Le bleu est employé pour la robe de la vierge et aussi pour les manteaux des rois Capétiens. Il devient attribut royal, terrestre ou divin (c'est d'ailleurs la couleur du blason d'Arthur). Dans les blasons, le bleu, quasi inexistant au XIIè siècle, est majoritaire à la fin du XVè. Conséquence économique : le développement de la culture de la guède et des importations d'indigo. La Réforme protestante va elle aussi promouvoir le bleu dans le vêtement, cette couleur présentant pour Calvin en particulier plusieurs avantages : c'est une couleur modeste, non ostentatoire; ce n'est pas une couleur liturgique contrairement au jaune, au rouge, au violet et au vert et elle s'oppose au rouge qui symbolise l'autorité de Rome. Le XVIIIè siècle fait du bleu la couleur des Lumières, la couleur des loges (notons qu'Anderson et Désaguliers étaient calvinistes), c'est la couleur de la révolution américaine puis celle de la Révolution française. C'est aussi la couleur des « Livres bleus », opuscules à bon marché largement diffusés à partir de la fin du XVIIè siècle à l'initiative de l'imprimeur troyen Oudot. L'uniforme des soldats français devient bleu dès 1793, même si la décision n'est pas immédiatement suivie d'effet en raison du manque d'indigo. Le bleu devient donc la couleur de la République française par opposition au blanc des royalistes et il le reste aujourd'hui (voir les maillots des équipes de France), avec le blanc et le rouge comme rouge et blanc sont liés à l'Angleterre, à la Suisse ou au Japon, noir, rouge et blanc à l'Allemagne, même si celle-ci a mis depuis 1949 du jaune dans ses couleurs, ou jaune et rouge à l'Espagne. A noter qu'un grand nombre de drapeaux nationaux (46) reprennent le bleu, le blanc et le rouge. 136 sur 193 contiennent du rouge soit plus de 70%, 68 % contiennent du blanc et 45% du bleu. Le bleu, c'est aussi le ciel par beau temps, un ciel profond, une certaine idée de la mer, dont nous sommes tous issus ; il évoque la durée, l'immensité, la paix (c'est la couleur de l'Organisation des Nations Unies). Le bleu favorise paraît-il la méditation et l'intuition. Le bleu est de loin la couleur préférée des occidentaux (Européens et nord-Américains), mais ce n'est pas le cas ailleurs dans le monde où le rouge reste prédominant. Les Japonais préfèrent dans l'ordre le blanc, le rouge et le noir. En Amérique du sud, on préfère le jaune. Dans la langue courante, bleu est un substitut de dieu dans les jurons comme morbleu (mortdieu), sacrebleu (sacredieu), ou palessambleu (par le sang de Dieu) : on pouvait ainsi jurer en évitant le péché - hypocrisie catholique. Pour moi, le bleu c'est l'étendue, le calme, la réflexion, la distance, la sérénité, une façon détendue de voir les choses. Même si je risque de n'y voir que du bleu, j'essaie de faire passer les informations à travers un prisme de cette couleur. Pour éviter d'être trop long, j'évoquerai rapidement le vert, le jaune, l'orange, l'indigo et le violet avant de poser quelques questions auxquelles vous m'aiderez j'espère à répondre. 2) Le vert. Dans le rituel du 3è degré, si le noir est omniprésent, si le rouge est fortement suggéré (le sang d'Hiram), le vert, est discret, mais essentiel. En effet, qu'adviendrait-il sans la découverte de la branche d'acacia ? Les compagnons seraient condamnés à errer éternellement à la recherche du Maître disparu, sans aucune certitude sur son sort. C'est cette petite branche verte qui rend le deuil possible, qui rend la suite possible. Le vert est nécessaire, indispensable au développement de la maç\ symbolique. C'est la couleur du renouveau de la nature au printemps, en son absence nous sommes condamnés au gris. D'autre part, sans lui, pas de chlorophylle, pas d'oxygène, pas de vie. Le vert calme et régénère. Quand on est stressé, mieux vaut se mettre au vert que se mettre au rouge ! Dans la vision nocturne de la ville que j'évoquais tout à l'heure, le vert n'est pas visible de loin, il faut s'approcher pour distinguer les feux verts, mais sans eux, la ville est paralysée, toute circulation s'arrête, figée par les feux rouges. Mais le vert c'est aussi la couleur de l'émeraude, du Graal et du trône divin au moment du jugement dernier. Au moyen-âge, les personnages symbolisant le mal sont souvent habillés de vert. Sur les vitraux de Chartres, le diable et la croix du Christ sont verts. A St-Savin, les personnages négatifs sont vêtus de vert. Les fous étaient habillés de vert et de jaune. Est-ce pour cela que je regarde ces couleurs avec une certaine méfiance ? 3) Le jaune, c'est la clarté, la lucidité, le discernement, la conscience. Il stimulerait l'intellect. Le jaune évoque le soleil, donc la lumière. C'est la couleur des sages dans certaines religions. C'est aussi la couleur de la fleur de l'acacia, celle qui refleurit sur la tombe (mais l'acacia a t’il le temps de refleurir, la plante résiste t’elle à l'exhumation ?) ; c'est la couleur des canaris, même si ceux-ci ont tendance aujourd'hui à virer à l'orange. Mais le jaune reste la couleur la moins aimée en Occident. Goethe a dit du jaune que c'est une couleur gaie, joyeuse et douce, mais qui devient vite désagréable et qui, mélangée, devient sale et laide. Est-ce à dire que les décors jaunes ne doivent pas être portés trop longtemps ? J'avoue ne pas avoir d'attirance particulière pour cette couleur. 4) L'orange est une couleur secondaire, elle est le produit du rouge et du jaune. Pour les Hébreux et les Arabes, c'est la pomme d'or. Elle a les qualités atténuées du rouge et du jaune, c'est la couleur des moines bouddhistes. Peut prisée en héraldique, elle signifie hypocrisie et dissimulation. L'orange est tonifiant. C'est la couleur du bien-être et de la bonne humeur. L'orange est fortement associé au fruit du même nom, ce fruit précieux qu'on offrait autrefois aux enfants au moment du solstice d'hiver pour leur rappeler que la lumière revient toujours. 5) L'indigo et le violet. Le violet, union du rouge et du bleu, est la couleur du deuil et des cardinaux. Il est symbole d'union, de spiritualité. Le violet est un calmant, il a quelque chose de mélancolique. Il est lié à Mercure. Le pourpre contient davantage de rouge que le violet, il symbolisait à Rome le pouvoir suprême. Devant une situation nouvelle, devant une difficulté, je m'efforce d'éviter le filtre rouge, qui est celui qui s'impose à moi de prime abord, j'essaie d'utiliser un filtre vert pour me détendre (j'ai souvent du mal), pour remettre en perspective et je m'efforce d'aborder la situation à travers un filtre bleu, qui me donne la distance nécessaire à une analyse raisonnable. Mais ce n'est pas toujours facile, le rouge mange facilement les autres couleurs. Grâce à Newton, nous avons ainsi pu aborder à travers les couleurs quelques aspects de cette lumière qui nous intéresse tant. Mais cela est-il suffisant pour reconstituer l'information originelle, pour appréhender l'objet dans sa totalité ? Peut-on retrouver ainsi la lumière perdue ? Quelques questions (5) pour finir : 1) Pourquoi nos LL\ sont-elles bleues ? 2) Chaque être voit les couleurs différemment en fonction de ses possibilités physiques (le peintre voit beaucoup plus de nuances que moi), de son éducation, de sa culture, de son environnement. Les couleurs agissent-elles sur nous même si nous ne les distinguons pas ? 3) Comment aurais-je articulé cette pl\ si nous étions tous daltoniens ? 4) Je m'en suis tenu au rouge du sang, au noir du cercueil, au vert de l'acacia, au jaune de la fleur, au bleu du ciel et de la mer ; et les autres couleurs ? Elles ne sont pas seulement 7, leurs possibilités de combinaisons sont infinies : un ordinateur en affiche déjà 32 millions. Alors, y a-t-il 32 millions de façons d'aborder la lumière ? 5) Et si les couleurs n'étaient qu'illusion ? Si Goethe avait raison lorsqu'il écrit qu'une couleur qu'on ne regarde pas n'existe pas ? En conclusion, je voudrais dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur cette pl\ : ça change de la paperasse administrative. Quand je suis entré en maç\, je ne savais pas bien pourquoi. J'y vois maintenant un peu plus clair, et deux phrases me guident : « Connais-toi toi-même » et « Deviens ce que tu es ». Je crois que grâce au travail fait ici, grâce à vos plpl\, grâce à tout ce que j'entends ici et dans d'autres LL\, grâce aussi un peu à mes plpl\ et au travail qu'elles m'amènent à faire, je me connais un peu mieux et j'espère avoir avancé un peu sur le chemin qui mène vers moi, même si ce chemin n'existe peut-être pas, même si ce chemin je le crée au fur et à mesure que j'avance. Reste à répandre tout cela à l'extérieur pour aider à améliorer l'homme et l'humanité, et ça c'est une autre histoire. J'ai dit, T\R\ J\L\ A\ |
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